3.2) Méthodologie du premier cas.

Le contexte de la recherche s’inscrit dans le Programme Risques Collectifs et Simulations de Crise, du Centre National de la Recherche Scientifique et dans le programme gouvernemental PIR VILLES auquel participaient l’URGC - Hydrologie urbaine de l’INSA de Lyon et le GLYSI (Groupe Lyonnais de Sociologie Industrielle) sur la définition et la mise en oeuvre du concept de risque acceptable dans les politiques d’infiltration des eaux pluviales en milieu urbain. Cette étude était liée au Contrat de Plan État Région 1996 qui avait pour objet de recherche “ le risque comme outil de gestion patrimoniale des eaux souterraines en milieu urbain en relation avec le développement socio-économique ”. L’équipe du Contrat de Plan était constituée par :

  • URGC Hydrologie Urbaine, INSA de Lyon

  • Groupe Lyonnais de Sociologie Industrielle (GLYSI)

  • Économie des Changements Technologiques (ECT)

  • BURGEAP - EAU - SOL- ENVIRONNEMENT

  • Compagnie Générale des Eaux - Lyon

  • Direction de l’Eau du Grand Lyon.

La recherche s’appuya sur trois questions :

  • La gestion contradictoire des risques et la notion de risque acceptable.

  • Le repérage des acteurs du système productif associé au risque.

  • Les problèmes de traduction entre scientifiques, techniciens et politiciens.

Les objectifs du travail étaient :

  • de faire un bilan des connaissances scientifiques et techniques disponibles et utilisables pour qualifier et quantifier les impacts de l’infiltration des eaux pluviales sur le sous-sol et les eaux souterraines ;

  • d’étudier les acteurs concernés en explicitant leur point de vue ;

  • d’analyser les interactions entre les visions techniques du risque et leur construction sociale ;

  • de travailler sur les problèmes de traduction entre les différents acteurs ;

  • de simuler avec différents acteurs la mise en oeuvre d’une démarche de comparaisons de politiques d’infiltration sur le concept de risque acceptable ;

  • d’expliciter les connaissances non disponibles et à acquérir.

Dans le contexte de cette recherche, l’étude présente est centrée sur l’analyse des logiques d’action des acteurs concernés dans les différents ouvrages techniques qui ont été abordés par le projet, en cherchant à comprendre leur perception et leur construction du risque.

Dans cette perspective, nous avons utilisé les techniques suivantes :

  • Entretiens avec les représentants des institutions et organisations concernées dans la gestion du risque.

  • Observation directe de l’entretien et du nettoyage des systèmes technologiques alternatifs (voir description plus loin).

  • Analyse des documents des institutions publiques ayant une relation avec l’utilisation des technologies alternatives pour l’infiltration des eaux pluviales.

Le problème méthodologique le plus important a été la quantité et la variété des acteurs liés à la gestion du risque pluvial. Une analyse exhaustive de tous les points de vue et perspectives était impossible dans le contexte de cette recherche. C’est pour cette raison que cette étude doit être considérée comme une étude exploratoire, susceptible de donner des pistes et des idées sur la construction sociale du concept du risque.

Les bassins d’infiltration et les sites que nous avons vus directement sont :

  • Bassin d’infiltration et de rétention de CORBAS

  • Bassin du CHARBONNIER

  • Parking du CEI

  • Différents bassins d’infiltration et rétention de St. Priest

  • Bassin de CONTINENT

  • Bassins d’IKEA et d’AUCHAN (bien que ceux-ci ne soient pas des vrais bassins d’infiltration)

Les entretiens ont été réalisés avec les représentants des institutions suivantes :

  • Direction de l’Eau

  • Mairie de St. Priest

  • Mission Porte des Alpes

  • Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt

  • Mairie d’Oyonnax

  • Grande Surface “ Continent ”

Pour comprendre la construction sociale du risque, l’analyse a pris en compte les discours des acteurs, la confrontation des différentes visions en relation à la problématique et l’analyse directe sur le terrain des cas concrets d’utilisation des techniques alternatives. Nous avons visité les ouvrages publics situés dans différentes régions du Grand Lyon pour comprendre leur fonctionnement, nous avons également accompagné une équipe d’assainisseurs de la Direction de l’Eau dans le nettoyage des bassins d’infiltration et visité différents ouvrages techniques privés, au sujet desquels des entretiens avec les responsables de la gestion ont eu lieu.

Des entrevues ont été faites à des techniciens qui ont des postes de direction dans les institutions impliquées dans la gestion du risque, à des techniciens de l’Université intéressés par le sujet, à des responsables du nettoyage et de l’entretien des sites, à des employés de la Direction de l’Eau qui sont responsables de la maintenance des technologies alternatives et à des politiciens qui doivent prendre des décisions sur la gestion du risque.

Les entretiens ont été plus nombreux avec les techniciens, à cause des meilleures facilités d’accès dans le contexte de la recherche. Nous sommes conscients que la vision des politiciens reste encore à explorer, car nous avons eu une faible représentation de ce groupe dans les entretiens. D’autre part, l’action des usagers, en vertu de son éclatement et sa dispersion, est considérée à travers l’observation directe des sites et des pratiques habituelles qu’on peut repérer dans le discours des techniciens et des politiciens. Nous avons accompagné aussi l’équipe d’assainisseurs de la Direction de l’Eau dans les travaux d’entretien des égouts du réseau classique, pour pouvoir faire la comparaison avec l’entretien des technologies alternatives.

Les entrevues sont à demi structurées, de façon à ce que la personne interviewée bénéficie des meilleures possibilités pour développer son point de vue quant à la gestion du risque dans les nouvelles technologies d’assainissement de la ville de Lyon. Les questions ont été larges et ouvertes, destinées à enregistrer la perspective de l’interviewé au sujet des principaux risques inhérents au fonctionnement des technologies, les responsabilités de la maintenance et du nettoyage, la perspective du reste des acteurs impliqués et les problèmes pour établir des actions communes. Cette technique d’entrevue a été choisie parce qu’elle permet de prendre en compte de nombreux éléments qualitatifs nécessaires à l’exposé de la thèse : la perception et la valorisation des acteurs, les relations de communication avec les autres acteurs, les conflits et les processus de négociation des seuils acceptables de risque. Dans la mesure où ces processus ont une composante implicite et une composante explicite, il est nécessaire de recueillir la perspective globale des acteurs pour pouvoir la comparer avec celle des autres personnes interrogées et découvrir, à travers cette comparaison, les liens entre les différentes conduites.

Concernant l’analyse des documents, nous avons cherché les publications officielles sur le fonctionnement des technologies alternatives, les cartes qui montrent l’emplacement des sites, les zonages de la nappe souterraine et les différents projets mis en place.

Enfin, nous avons assisté à de nombreuses réunions et séminaires de travail des ingénieurs et des hydrologues pour comprendre les principaux enjeux techniques et les problèmes que les propres techniciens se posent sur le fonctionnement des techniques alternatives. Dans le cadre de la recherche, nous avons travaillé en permanence avec des étudiants de DEA de l’INSA de LYON avec lesquels ont eu lieu des échanges et des discussions interdisciplinaires sur la problématique exposée.