3.13) Le rôle des usagers : l’exemple de Porte des Alpes et de St. Priest.

La complexité de la gestion des risques pluviaux est encore plus grande si on tient compte également de l’action des riverains, voire des non-riverains en transit à la verticale de la nappe phréatique. Ces derniers sont difficilement identifiables ; leurs représentations des techniques alternatives et les logiques d’action sont mal connues alors qu’elles exercent pourtant une influence déterminante sur la construction du risque. Les habitants d’une zone financent en effet indirectement par des taxes la lutte contre le risque. Grâce à leur rôle d’électeurs, ils peuvent exercer une pression sur les politiques. Leur action se traduit également par des comportement d’entretien mais aussi par des comportements de dégradation des équipements et de la nappe bien qu’ils aient tout intérêt, pour eux-mêmes et les générations futures, à sauvegarder la qualité de la nappe. Mais tous les habitants ne sont pas des électeurs, tous les électeurs ne sont pas des contribuables, et il n’est pas nécessaire d’appartenir à l’une ou l’autre de ces catégories pour avoir des pratiques polluantes. Les technologies alternatives sont intégrées aussi aux habitudes et aux pratiques culturelles de certains groupes sociaux. On a constaté que les gitans utilisent les bassins d’infiltration comme poubelle naturelle pour ces déchets, ce qui augmente les difficultés d’entretien et de nettoyage de ces sites.

Pour étudier le cas des riverains, on a fait déjà référence aux travaux de SAINSAULIEU 110 , qui montrent que les différents moyens d’accès à la catégorisation et au calcul probabiliste peuvent expliquer les différents seuils d’acceptation du risque entre les acteurs concernés par l’assainissement pluvial. Les techniciens et les politiques ont tendance à refuser les risques extrêmes ; l’incertitude dans la gestion des risques les incite à une approche de type probabiliste, prenant en compte une multitude de risques modérés en fonction de l’analyse des conséquences des choix. Pour les usagers, par contre, l’acceptabilité du risque peut se substituer en une relation de tout ou rien. Les difficultés d’accès à l’analyse du fonctionnement et des conséquences des technologies alternatives peuvent déboucher sur une forte anxiété et sur des comportements extrêmes. L’échange d’informations et la construction de relations de confiance entre techniciens et usagers est à la base d’un processus d’apprentissage qui peut faciliter l’accès des usagers à des stratégies plus complexes pour modérer les conduites et les faire converger vers un compromis. Dans cette perspective, les points d’accès aux systèmes abstraits constituent l’enjeu clé pour construire un champ d’apprentissage de nouvelles normes de comportement.

Les attitudes de confiance ou de méfiance envers les systèmes experts peuvent être fortement influencées par des expériences vécues aux points d’accès 111. Ceci est surtout important dans le cas des usagers. Le fait que les points d’accès soient des lieux de tension entre le scepticisme profane et la compétence professionnelle leur confère la qualité reconnue de points vulnérables des systèmes experts. Ces points d’accès peuvent prendre la forme d’une intervention technique dans le cas d’une inondation ou une étude d’assainissement d’une zone. Les contacts entre les usagers, ou profanes, et les experts, ou leurs représentants ou délégués, sous la forme de rencontres à certains points d’accès, sont particulièrement importants pour comprendre la gestion du risque.

L’analyse de l’opération Porte des Alpes nous permet de voir les logiques d’action des usagers concernant le fonctionnement et le risque des technologies alternatives. L’aménagement de l’opération Porte des Alpes s’inscrit dans la stratégie de déploiement économique du Grand Lyon. Le développement économique implique la création à l’Est lyonnais d’un parc d’entreprise et d’un parc d’agglomération. Le choix de ce site a été imposé parce que la COURLY possède la maîtrise foncière de ces terrains depuis plus de 10 ans. Au début, le projet avait pour objectif la création d’un parc scientifique. Les problèmes posés par ce site proviennent de la difficulté d’assainir, ce qui explique pourquoi ces terrains étaient restés libres jusqu’à présent.

Le projet est dans la première phase de réalisation du parc technologique. La réalisation se fait en deux temps :

Le parc technologique est par ailleurs bordé par un vaste domaine public boisé de 60 ha qui permettra, à terme, de relier sur plus de 4 km le parc de Parilly au fort de St. Priest, grâce à des pistes cyclables et des sentiers de randonnées. L’aménagement de cette grande coulée verte a débuté à la lisière sud du parc technologique dès 1995. Le cahier des charges impose la mise en place de technologies alternatives. La commune n’a pas autorité en assainissement, voirie et urbanisme sauf pour les permis de construire. Les investissements de la COURLY se situent au niveau de la ZAC. : participation financière, acquisition de terrains et investissements hors ZAC.

Le principe d’assainissement de la ZAC “ secteur Feuilly ” s’inscrit dans la même logique que celui de la ZAC “ secteur Perches ” : l’aménagement d’un réseau de type séparatif. Les eaux pluviales seront collectées par un réseau enterré avant d’être rejetées dans les plans d’eau faisant office de bassin de rétention qui seront aménagés à cet effet. Les plans d’eau auront pour exutoire le réseau d’assainissement communautaire tandis que les eaux pluviales seront ensuite rejetées dans un bassin d’infiltration.

La Zone située au Sud de l’Allée des Parcs ne sera pas équipée d’un réseau recueillant les eaux pluviales. La zone est réservée aux espaces verts et ne peut pas recevoir d’autres équipements. Une grande partie de cette zone pourra difficilement être raccordée aux plans d’eaux situés au Nord Est de la ZAC situés de l’autre côté de la ligne de crête. Dans les autres zones de la ZAC, les eaux pluviales issues des secteurs urbanisés et des chaussées seront dirigées vers les plans d’eau, mais avec un traitement distinct en fonction des eaux pluviales recueillies. En effet, on doit établir une distinction entre les chaussées, aires de stationnement et autres plates-formes revêtues pouvant entraîner la production d’eaux pluviales chargées en hydrocarbures, métaux lourds et particules résultant de l’usure des chaussées et des pneumatiques, dans lesquels les eaux pluviales subiront un traitement de séparation des hydrocarbures avant rejet aux réseaux secondaires.

Pour l’assainissement de l’Allée des Parcs, une noue avec tranchée drainante couverte recueillera les eaux pluviales issues de la chaussée. Cela permet une bonne intégration paysagère de l’ouvrage d’assainissement qui deviendra presque invisible et qui assure un filtrage et une rétention des eaux collectées. S’il y a un événement pluvieux important, ces eaux pourront être évacuées après la pointe de crue vers les plans d’eau. Les toitures représentent une grande partie des surfaces imperméabilisées et recueillent des eaux faiblement polluées. Il y a une interdiction de rejeter les eaux de toiture par infiltration directe et elles seront donc collectées et dirigées directement vers les plans d’eau sans traitement préalable.

Afin de limiter les effets d’une pollution accidentelle survenant dans l’un ou l’autre des réseaux d’assainissement des deux ZAC, des ouvrages de sectionnement constitués d’une vanne seront construits sur la conduite assurant le débit de fuite et reliant les plans d’eau. Une vanne de vidange sera installée au point bas de chaque plan d’eau pour en assurer la vidange et permettre d’augmenter le débit de fuite des plans d’eau. Ceci limitera la montée des eaux en cas d’événements pluvieux exceptionnels et évitera l’inondation de la zone commerciale du Champ de Pont.

Pour les eaux usées, on a construit un réseau de collecte et d’évacuation, parallèle au réseau d’assainissement, qui sera raccordé par l’intermédiaire de la station de refoulement au collecteur communautaire. Les eaux ainsi collectées seront évacuées en direction de la station d’épuration de Saint-Fons dont les capacités résiduelles sont suffisantes pour traiter le supplément de charge polluante consécutive au raccordement du parc technologique.

Les rejets des eaux industrielles devront faire l’objet d’un pré-traitement avant leur évacuation dans le réseau d’eaux usées. Dans le cadre de la procédure relative aux établissements classés, une convention sera établie entre les industriels, la COURLY et la commune de St. Priest pour définir les modalités de ces rejets. Une faible partie des eaux d’origine industrielle (les eaux de refroidissement) pourront être évacuées dans le réseau d’eaux pluviales. Ces volumes d’eau resteront limités pour que la capacité des plans d’eau ne soit pas dépassée.

Pour les eaux souterraines, l’aménagement doit assurer le maintien de la qualité des eaux des nappes phréatiques. De ce fait, la collecte et l’évacuation des eaux de ruissellement, issues des aires de stationnement et des voiries, devront se faire sans risque d’infiltration en direction de ces nappes. Le projet se situe sur des terrains faiblement perméables favorisant la protection de la qualité des eaux de la nappe phréatique sous-jacente. Pour cela, les rejets directs dans le sous-sol seront interdits ou devront faire l’objet d’une autorisation délivrée par la DDASS et DDAF du Rhône.

Les lacs sont la propriété de la COURLY, mais la gestion de l’assainissement est notamment sous la responsabilité de la Direction de l’Eau du Grand Lyon, même si elle n’a pas d’expérience en matière de gestion de ce type d’équipement. L’entretien des bassins et des berges inondables pose problème. Les berges sont traitées de façon paysagère, donc ces équipements sont considérés comme des espaces verts mixtes. Ainsi, bien que la gestion des lacs soit partagée, la COURLY semble vouloir s’en débarrasser, considérant que c’est un espace vert à la charge de la commune.

Au sujet de la Porte des Alpes le problème de définir qui possède les lacs et qui entretient ou définit les usages s’est posée à plusieurs reprises.

 La COURLY a récupéré des choses en gestion qu’elle ne devrait pas gérer. Sur Porte des Alpes, on a dû poser 25 fois la question pour définir qui possédait les lacs et qui entretenait ou définissait les usages. La Direction de l’Eau fait l’entretien des lacs, interdit la baignade mais ne fait pas la police. ’ ‘ On va faire des terrains de foot inondables, on va devoir faire un sol adapté et donc des travaux supplémentaires. La Direction de l’Eau va financer le trou et l’imperméabilité, le paysager la mise en forme du paysage, l’Université le sol du terrain de football, lequel sera entretenu par l’Université. La ville s’est retirée car elle considère que les terrains sont trop loin. Les pompiers communautaires pourraient passer un accord avec l’Université pour utiliser les terrains. ” 112

La ville considère le projet en termes de développement économique. Le partage de responsabilités entre la ville et la communauté urbaine est assez flou. L’assainissement et l’eau sont sous la tutelle de la COURLY, tandis que les espaces verts dépendent de la ville.

Le manque de définition en ce qui concerne les responsabilités pour la gestion des technologies d’assainissement de Porte des Alpes augmente les risques de pollution de la nappe, au-delà des critères techniques utilisés pour leur construction. Même si on interdit de jeter les déchets dans la nappe, l’absence d’une institution responsable du respect de cette norme, la rend inopérante.

L’intégration des technologies alternatives au fonctionnement quotidien de la ville offre la possibilité aux usagers de participer directement à la gestion des systèmes experts. La situation de la Porte des Alpes se traduit par des discussions d’usage important car les bassins de rétention ont des usages potentiels multiples. Les discussions sur l’usage sont un point de rencontre entre les usagers est les systèmes techniques. Les usagers apparaissent comme des partenaires désignés dans la gestion du risque, ce qui introduit des modifications substantielles dans la relation entre l’Etat et la société civile. Les institutions publiques doivent transférer une partie de leurs responsabilités aux acteurs locaux, qui se transforment en intermédiaires entre l’Etat et la population. Le rôle des experts est également modifié, puisqu’ils cessent de représenter un espace de savoir indiscutable pour entrer dans le jeu complexe des décisions, qui s´ établit autour de la gestion des technologies alternatives. 113

Les discussions d’usage sont un début d’organisation et de représentation des usagers vis-à-vis des organismes publics, des institutions concernées et des entreprises. La discussion sur les normes d’usage ouvre un espace pour que les acteurs construisent des règles autonomes de gestion. Dans ce cas, le développement d’espaces de discussion et les possibilités de prise de décision sur le fonctionnement des technologies alternatives permet aux usagers d’adopter des attitudes de confiance face aux systèmes experts. Cette confiance est engendrée par les routines quotidiennes qui s’établissent à travers l’usage des technologies, même quand les fondements techniques de ces dernières ne sont pas connus.

On peut supposer que dans les quartiers où les riverains ont des organisations et des structures de participation, la catégorisation des problèmes, la co-présence, l’échange d’informations et l’analyse des conséquences des choix peut faire converger les jugements individuels vers le compromis. Par contre, pour les usagers non organisés, l’acceptabilité du risque est confrontée à une vision de tout ou rien. L’organisation devient un champ d’apprentissage des normes de relation et d’action stratégique dans la mesure où, au-delà des processus de socialisation des acteurs, elle peut déclencher des relations de communication et d’échanges favorisant différents seuils d’acceptation du risque.

Les élus doivent aussi se prononcer sur les usages de la Porte des Alpes, car il est nécessaire qu’ils prennent acte des partages effectués afin que la Direction de l’Eau puisse établir les conventions de gestion. La Direction de l’Eau a demandé cet arbitrage pour engager les élus. Ce partage est une règle de procédure nouvelle pour tous les acteurs en jeu.

Les élus se prononceront sur les usages de la Porte des Alpes , car on veut qu’ils actent les partages effectués afin que nous puissions établir les conventions de gestion. On a voulu cet arbitrage pour mouiller les élus. Un tel partage est nouveau pour nous et donc pour eux. Ce sont les techniciens qui sont les meneurs là-dessus, la Direction de l’Eau se contentant de jouer les agitateurs en refusant de dire ce qu’il allait faire avant que la division soit faite. ” 114

Ces conventions de gestion forment des accords, établis entre des acteurs qui ont des représentations du risque différentes. Les perceptions des politiciens se construisent autour des problèmes immédiats, tandis que les techniciens ont une conscience plus grande des conséquences à long terme. Pourtant, on perçoit chez les techniciens une attitude ambiguë. D’un côté, ils se situent dans un rôle passif par rapport aux directives et aux décisions des politiciens. D’un autre côté, ce sont eux qui proposent les choix techniques possibles aux politiciens, ce qui leur procure une participation et un pouvoir de décision très importants. En établissant un arbitrage à la charge des élus, il est démontré que les conventions de gestion forment des accords provisoires et contingents, dans lesquels aucun acteur ne renonce aux principes de son “ monde ” pour accepter d’arriver à des arrangements de coopération afin de mener à bien le fonctionnement des technologies d’assainissement.

Dans la commune de St Priest, par contre, le bassin de récupération des eaux des grandes surfaces comme IKEA et AUCHAN est régulièrement inondé. Les anciens pavillons infiltrent leurs eaux à travers des puits. Le fait qu’il y ait une zone de captage ne présente aucun intérêt pour la ville qui dépend entièrement de la COURLY pour son eau potable. En cas d’orage sur la commune, les eaux usées et les eaux pluviales se mélangent et les égouts débordent, malgré la présence d’un bassin de rétention qui sature rapidement.

 Les usagers ne comprennent pas qu’il y ait des quartiers fréquemment inondés ni les contraintes qui leur sont imposées au moment du permis de construire. La ville voudrait un bassin de dérivation de réseau, mais cette solution n’est pas légale car elle ne permet pas le traitement. ’ ‘ Le bassin d’infiltration a été conçu à l’origine du projet mais pensé avant l’occupation réelle du terrain. Il a été conçu une fois pour toutes et non au fur et à mesure des besoins. Au début, les techniciens n’essayaient pas de définir avec précision les affectations de l’espace, mais maintenant le défaut est qu’elles sont figées. Il serait important d’avoir les moyens de suivre une méthode permettant de s’adapter à l’évolution concrète de l’occupation du sol. ” 115 ’ ‘  Le bassin sera donc surdimensionné au départ car le projet se déroule en fonction des différentes phases de l’installation industrielle et des logements, chaque étape correspondant à un montage financier spécifique. La multiplicité des acteurs et le choix au coup par coup de partenaires financiers, qu’il faut satisfaire ponctuellement, rend très complexe ce processus. ” 116

Dans ce cas, deux perceptions différentes du risque s’opposent. Dans le cas des techniciens, la perception de la complexité du système expert les entraîne à prendre des décisions échelonnées en étapes, et pour chacune d’elles il existe des probabilités déterminées de risque. Pour les usagers, au contraire, les expériences des inondations qu’ils ont souffertes les poussent à un rejet global des technologies d’assainissement par infiltration. Ces expériences inhibent l’épanouissement d’une confiance pratique relative au bon fonctionnement de ces technologies alternatives. Les détournements d’utilisation et le manque d’information par rapport à l’usage des technologies alternatives sont en plus renforcés par l’absence de confiance.

Le nombre insuffisant de panneaux d’information et de signalisation dans les zones où se situent les technologies alternatives est un autre élément à prendre en compte. Il n’y a aucun moyen pour le public de deviner si une grille d’égout débouche sur un réseau unitaire, un réseau spécialisé, un puits perdu, un site alternatif ou un puits filtrant. Il peut en résulter des déviations d’usage telle que la vidange d’une voiture dans un puits perdu, envoyant des hydrocarbures vers la nappe et contribuant à la pollution de celle-ci.

 Par rapport aux erreurs et dysfonctionnements individuels, une situation est souvent évoquée. La règle non connue du public est que les évacuations d’égouts doivent se faire à un niveau supérieur à celui de la chaussée. Certains évacuent à partir des caves aménagées (WC et douches). Ces évacuations ont pu fonctionner pendant des années car les installations d’égouts sont généralement surdimensionnées au démarrage, mais un jour vient où la croissance urbaine implique que le réseau monte à sa puissance nominale. Les égouts débordent alors dans les caves.  ’ ‘ Un autre élément mal connu des usagers est la distinction entre réseau d’eaux pluviales et réseau d’eaux usées. Il y a un réseau unitaire à Lyon, mais on tend de plus en plus à faire des réseaux séparés. Il arrive que les riverains branchent des récupérations d’eaux pluviales sur l’égout d’eaux usées. Ainsi l’égout d’eaux usées de Meyzieu vers l’usine lointaine de Saint Fons risque la saturation à chaque grosse pluie.” 117

Le problème de l’infiltration n’a jamais été spontanément évoqué au niveau politique local, même si la ville de St. Priest est fortement dotée de technologies alternatives. Il y a cinq ou six ans un bassin imposé a été très mal perçu par les usagers car ils trouvaient que c’était une occupation d’espace et que la communauté urbaine se déchargeait de sa responsabilité. Maintenant il existe une meilleure compréhension de ces techniques par les usagers, ce qui prouve la possibilité d’établir des processus d’apprentissage autour de ces phénomènes.

Le terrain à utiliser est la seule zone de la communauté urbaine de St Priest où l’on peut encore aujourd’hui monter un nouveau grand projet industriel. Le reversement des taxes professionnelles est objet de négociations entre la communauté et la ville. En matière de taxes professionnelles, comme le nombre d’emplois concernant les habitants de la ville, les retombées du projet pour St Priest sont aléatoires. Comme c’est le cas fréquemment, la ville souhaite ardemment faire venir des industriels quitte à en payer le coût en termes de pollution et de dégradation de l’environnement.

 L’inondation est une préoccupation pour la ville tandis que la pollution du sol ou de la nappe phréatique l’est beaucoup moins. L’un des problèmes majeurs est que personne ne peut se sentir vraiment concerné ni responsable de la pollution de la nappe phréatique. Celle-ci est d’ailleurs mal connue de la ville qui ne connaît ni son étendue, ni son état. On imagine qu’il suffit d’une grosse pollution accidentelle pour la neutraliser pendant des années. Alors on préfère ignorer ce dont on ne retire pas de ressources directes et que l’on contrôle mal. 118  

Les différences par rapport à la perception du risque des usagers ont une incidence sur l’acceptation de celui-ci. Pour la population de St. Priest, le risque d’inondation est moins acceptable que le risque de pollution, à cause de ses conséquences immédiates et tangibles. Ces différences de perception influencent leurs stratégies. La pression exercée sur les politiciens est très importante pour qu’ils résolvent le problème d’inondation, alors que les risques de pollution n’ont même pas été soulevés publiquement. Pour les politiciens, la priorité est d’attirer les capitaux productifs et la création de postes de travail ; un électorat qui ne prend pas en compte les problèmes de la nappe phréatique favorise les implantations d’établissements industriels et la dissolution des responsabilités en ce qui concerne l’infiltration de la nappe phréatique, en augmentant les risques de pollution.

Notes
110.

Voir pgs. 74-76

111.

GIDDENS, A. Op. cit pg. 1

112.

Interview réalisé avec le Directeur de la Direction de l’Eau. Mai 1996

113.

Voir page 39

114.

Interview réalisé avec le Directeur de la Direction de l’Eau. Mai 1996

115.

Interview réalisé avec une cadre ingénieure à la Mairie de St. Priest. Avril 1996

116.

Idem.

117.

Interview réalisé avec un technicien de la Direction de l’Eau. Mai 1996

118.

Idem.