II - Nos hypothèses de travail

Il s’agit pour nous de rendre compte dans un premier temps des facteurs quantitatifs à l’oeuvre dans la problématique addictive. Aussi proposons-nous que :

  • Hypothèse 1  :
    L’expérience addictive est avant tout une expérience de travail du traumatique. Elle mettrait en tension les expériences d’excès à partir du rythme biologique conféré au produit. Elle s’instituerait en circuit fermé entre manque et plénitude. Entre ces deux pôles, le lien à l’objet d’addiction permettrait une limitation de la satisfaction pulsionnelle
    .
    Si nous parlons des deux facettes du même objet dans la dimension économique, nous devons aussi l’aborder dans la dimension qualitative. Comment expliquer autrement que si le sujet addicté tient tant à « sa substance », c’est qu’elle est sienne ? Autrement dit l’objet est le réceptacle externe des fonctions psychiques internes. En cela :

  • Hypothèse 2 :
    L’objet d’addiction joue le rôle d’un opérateur psychique au fondement duquel interviennent les mécanismes de clivage et d’identification projective. Dans ce lien, les parties clivées du sujet sont logées dans l’objet. De ce fait l’expérimentation de l’objet, dépositaire du sujet, permet que se succèdent et s’opposent sans jamais se perdre, les divers registres de l’expérience sensorielle
    .
    Or, nous n’en doutons pas, les registres de l’expérience sensorielle impliquent tout autant une expérimentation du « bon » que du « mauvais » dont l’objet externe est le dépositaire. Nous proposons donc d’appréhender le lien à l’objet dans les deux domaines d’expérimentation qui le sous-tendent.

  • Hypothèse 3 :
    L’opposition bon/mauvais que le lien addictif entretient constitue :
    • dans son expression positive, une tentative d’aménagement d’un fond psychique à partir duquel l’expérience sensorielle prend forme.

    • dans son expression négative, une satisfaction masochique gardienne de vie quand la scène fantasmatique sous-jacente prend l’allure d’un meurtre.