B/ Analyse planche par planche

  • Planche 1
    • Procédés : l’hésitation sur l’identité du personnage (garçon ou enfant - B2/11) face à un objet renvoie à la possibilité de pouvoir ou non se servir de l’objet. Les interprétations différentes (A2/6), impliquant le thème de la propreté (A2/10), remettent en cause la possibilité de se servir (position active) du violon. Après arrêt du récit (C/P6) l’incapacité à se servir du violon implique soit une idéalisation de l’objet (C/M2), soit une critique des capacités de l’enfant (C/N10). Une pose dans l’élaboration du récit (C/P1) semble traduire dans le test la façon dont le sujet lui-même est capable d’investir le matériel.

    • Problématique : l’objet violon est investi comme susceptible d’apporter des satisfactions (« il aimerait bien en jouer »). Le sentiment d’impuissance est récurrent : soit que l’enfant soit trop maladroit, soit que l’objet soit inaccessible et ne lui appartienne pas. L’estime de soi insuffisante met à jour une problématique narcissique. La lutte anti-dépressive domine avec comme mesure défensive l’apparition de procédés de contrôle.

  • Planche 2
    • Procédés : le recours à une référence biblique (A1/2) consiste à mettre à l’abri le sujet de la conflictualité que peut induire la planche. La mise en tableau (C/N8) relève d’une même volonté d’éviter la sphère conflictuelle. De là, les personnages restent anonymes (C/P3) avec une tendance à isoler le personnage du premier plan (A2/15). Le récit est banalisé (C/P4). l’arrêt du récit (C/P1) ne gène pas sa construction, mais ne permet pas non plus d’entrer dans la sollicitation latente du matériel. L’accrochage au contenu manifeste (C/F1) marqué par l’énumération des éléments de la planche accentue le rejet de toute émergence conflictuelle.

    • Problématique : le lien entre les partenaires n’est pas reconnu, de telle sorte que la relation triangulaire n’est pas appréhendée. La connaissance du lien qui unit le couple n’est pas portée par une symbolique du couple puisque la relation duelle figurée est entretenue dans le contexte agricole avant tout. L’élaboration du conflit oedipien s’avère plutôt difficile de par la fragilité du maniement pulsionnel. La précarité des investissements libidinaux peut traduire la prévalence de la problématique narcissique où l’affect dépressif se noue autour du renoncement aux premiers objets. Si l’identité des personnages est marquée, la différence des générations est gommée. La différenciation sexuée ne peut amener une description appréhendant la relation de couple. On peut ici se demander dans quelle mesure les fantasmes de scène primitive - et l’effroi que peut susciter la scène - bloquent la structuration et la fluidité du récit.

  • Planche 3 BM
    • 011Procédés : le récit très court (C/P2) s’attache à la posture du personnage (C/N4) qui reste anonyme (C/P3). Une précaution verbale (A2/3) met l’accent sur le caractère subjectif de l’interprétation. L’arrêt du récit (C/P6) est suivi de l’évocation de l’état affectif (C/N1). Un craquée verbal (E17) met en évidence la faillite des mesures défensives de contrôle face à la massivité des affects dépressifs. Un recul nécessaire et immédiat est alors envisagé (A2/12).

    • 011Problématique : la problématique de perte mobilise des affects massifs dans des fondements archaïques. Dans un premier temps la problématique est évitée. L’identité sexuée n’est pas marquée. Les sentiments dépressifs apparaissent ensuite et sont sitôt obturés par une restriction du récit. Le récit ne témoigne pas d’une conflictualité psychique. La dépréciation du personnage s’en dégage.

  • Planche 4
    • 011Procédés : la fiction du contexte (A2/12) et la banalisation du récit (C/P4) traduisent la mise à plat du conflit entre les deux partenaires. L’histoire reste figée (C/N8) avec un attachement particulier aux détails (A2/1). Les silences qui entrecoupent la narration (C/P1) dénotent la gêne considérable à ne pas entrer dans les modalités conflictuelles des deux protagonistes. L’attachement au personnage du second plan (A2/1) ne favorise pas l’émergence d’une thématique particulière, mais vise un investissement narcissique (C/N10 et A2/16).

    • 011Problématique : le double mouvement pulsionnel attendu ne peut être structuré en un récit significatif. Le récit figé montre à quel point l’émergence de mouvements pulsionnels peut être vécue de façon dangereuse. Le détail (Dd) du personnage féminin donne lieu à une interprétation narcissique, en deçà de tout lien relationnel. L’ambivalence des relations qui peut être significatif du désir de retrouver cette femme est à peine figurée.

  • Planche 5
    • 011Procédés : une première énoncée (A2/12) suivie d’un silence (C/P1) s’attache à la description du mobilier (A2/1). A partir de ces détails, le sujet souhaite identifier le lieu où se passe la scène (A2/2). Les précautions verbales (A2/3) traduisent aussi bien le degré d’incertitude (capacité à s’étayer sur le perçu) que le degré de subjectivité du mouvement projectif. Le silence (C/P1) suivi d’un changement dans l’identité de la pièce traduit un vécu d’intrusion : la chambre est remplacée par la bibliothèque ou l’espace de détente (A2/14). Un nouveau silence (C/P1) est suivi par une dénégation (A2/11) portant sur l’intention du personnage.

    • 011Problématique : la planche réactive un vécu d’intrusion auquel on peut associer deux éléments significatifs : le regard, le changement de lieu de la scène. (La chambre est abandonnée au profit d’une bibliothèque. La première interprétation donne plus de résonance à l’intimité de la scène). Le bruit comme origine de l’investigation du personnage rend légitime et acceptable l’attitude de surveillance. On peut toutefois se demander si l’interdiction de pénétrer dans le lieu (avec déplacement du lieu de la scène) s’inscrit dans une problématique oedipienne eu égard à la dangerosité de l’intrusion ressentie.

  • Planche 6 BM
    • 011Procédés : l’accrochage au contenu de la planche (C/F1) et aux détails (A2/1) va conduire le récit avec une importance particulière portée sur les détails vestimentaires (C/N6). L’instabilité des identifications (B2/11) ne campant pas clairement les rôles et les attributions des deux partenaires est suivie ou précédée de silences (C/P1). Une digression (B2/8) portant sur la critique des avocats (C/M2) est amenée et permet, à l’opposé, d’instituer la grandeur (C/N10) du personnage masculin. A partir de la position des corps, les affects de malaise et de soumission sont explicités (C/N1 et C/N4). L’hésitation entre les interprétations différentes (A2/6), suivie d’arrêts dans le récit (C/P1) va jusqu’à des manifestations confuses où l’on ne parvient plus à différencier les rôles des personnages (E11).

    • 011Problématique : le rapproché homme/femme est structuré par la différence des sexes et des générations. Concernant ce dernier paramètre, on observe l’interdit du rapproché mère/fils qui, s’il est sollicité, n’est pas inducteur de la thématique du récit. Dans ce contexte, l’accent est mis sur la toute puissance de l’imago maternelle contre laquelle le sujet ne peut se défendre (figuration de l’avocat). Le besoin de valorisation domine alors avec une conflictualité qui ne renvoie pas à un contexte oedipien mais à une relation de dépendance subie et honteuse. On peut ici se demander dans quelle mesure le matériel ne réactualise pas des fantasmes de réalisation incestueuse. Le surinvestissement du corps (ou de la tenue vestimentaire « noire »), l’idéalisation et la dépréciation n’offrent pas la possibilité de conflictualisation pulsionnelle. Notons que le noir, couleur emblématique du deuil, est par deux fois cité. Elle permet tantôt de vêtir le personnage masculin, tantôt le personnage féminin, et reste toujours synonyme de pouvoir.

  • Planche 7 BM
    • 011Procédés : à partir de la description des personnages qui restent anonymes durant la construction du récit (C/P3), le sujet va tisser un lien d’intimité entre les deux partenaires (C/N4) qui sont comme cimentés par le même sentiment (C/N7). Si, a priori, la différence des générations est reconnue (A2/1 et A2/2), le contexte devient celui d’un rapprochement a-conflictuel avec demande de réconfort (C/M1). Les silences qui suivent (C/P1) ne permettent pas la relance du récit mais se posent sur le repérage des limites (C/N6).

    • 011Problématique : la sollicitation latente de la planche renvoie à un rapproché non identifié dans une symbolique père/fils, bien que la différence des générations soit citée mais non utilisée dans le décours de l’histoire. L’affrontement conflictuel est évité au profit d’une relation spéculaire et d’étayage. L’atmosphère tendue (« c’est un moment difficile ») est mise de côté comme pour permettre l’apparition d’une relation basée sur la tendresse et la compréhension réciproque. L’ambivalence n’est pas élaborée. On observera, dans la succession des deux planches (6 BM et 7 BM) que le rapproché des deux partenaires est plus investie dans la mesure où la différence des sexes n’est plus prévalante. On peut se demander si la confusion des identités (E11 - Planche 6 BM) n’est pas sans lien avec une confusion des imagos maternelle et paternelle.

  • Planche 8 BM
    • 011Procédés : après une précaution verbale (A2/3) et un arrêt du récit (C/P1), la planche est décrite (C/F1) de manière très succincte (C/P2). L’hésitation quant au sexe du personnage au premier plan (B2/11) est suivie d’un silence (C/P1) qui n’aide pas à l’élaboration après-coup de l’histoire. Les deux derniers énoncés marquent la difficulté à aborder le matériel sans être envahi par le mouvement pulsionnel (C/C3). Le personnage central est isolé du contexte (A2/15).

    • 011Problématique : les processus identificatoires restent comme anesthésiés, le sujet ne parvenant pas à structurer une histoire qui tient compte des sollicitations latentes de la planche. Le personnage central, isolé du contexte n’apparaît ni dans le récit, ni dans une identification sexuée. Dans ce contexte, le maniement de l’agressivité apparaît non négociable et peut se référer à des affects ou des représentations trop massives. Les trop grandes quantités d’excitation vont jusqu’à rompre le système d’association.

  • Planche 10
    • Procédés : le sujet reste sans pouvoir analyser le contenu de la planche, avec émergence d’un temps de latence significatif (C/P1). La différence des sexes n’est pas déterminée (B2/11), la relation de couple étant manifestement établie en terme d’homosexualité (féminine ou masculine). Les éprouvés qui relient les protagonistes (C/N7) sont fondés sur une relation d’étayage (C/M1). Après un silence (C/P1), l’attachement au corps renforce le sentiment de confiance (C/N4). L’association par contiguïté (E 18) permet d’écarter (A2/11) la problématique d’abandon.

    • Problématique : la problématique renvoie à un rapproché libidinal au sein d’une relation homosexuelle. La relation de confiance sollicite une connotation sexuelle (« un abandon ») qui est sitôt ramenée dans un contexte d’étayage et de relation spéculaire. La négation de la différence évacue l’identité sexuée.

  • Planche 11
    • Procédés : un temps de latence important (C/P1) fait naître des associations courtes (E19) avec l’apparition d’un craquée verbal (E17) qui révèle l’envahissement de l’angoisse. Un nouveau silence (C/P1) entrecoupe le récit qui reste ainsi en l’état (C/P2). La référence au test précédent (C/F4) montre à quel point la régression est fortement sollicitée et ne permet pas une secondarisation du matériel.

    • Problématique : le matériel, peu figuratif, n’offre pas une structuration a minima d’un récit. Les aspects dangereux et angoissants ne sont pas dépassés. Aucune symbolique n’est proposée. Compte tenu aussi des procédés abordés à la Planche 6 BM, on peut se demander si le sujet ne reste pas pétrifié, figé, face aux angoisses que peut susciter l’imago de la mère archaïque.

  • Planche 12 BG
    • Procédés : un placage (C/P4) est suivi d’une désorganisation spatiale (E13). La description de détails (A2/1) n’est pas suivie par une organisation (C/N8). Le récit, très court (C/P2), se termine par un procédé de dégagement (C/N2).

    • Problématique : l’absence de figuration humaine met en oeuvre la difficulté avec laquelle le sujet ne peut investir son monde interne, par référence aux expériences connues. Le clavier des sensations est redouté, ne parvenant à prendre appui sur le contenu du matériel. L’activité perceptive est accrue mais le sujet ne parvient à établir la relation entre le perçu et le représenté (monde externe/monde interne).

  • Planche 13 B
    • Procédés : l’accrochage au contenu de la planche (C/F1) est suivi d’un silence (C/P1) du fait de l’impossibilité à identifier le lieu où se passe la scène. De nouveau des silences (C/P1) entrecoupent la narration qui se poursuit en tenant compte des sensations (C/N5) de chaleur qui s’opposent à l’absence de lumière de l’intérieur de la construction de bois. L’instabilité du contenant (E12) renvoie à une absence de différenciation de l’objet qui devient interchangeable de par le manque d’étayage qu’il procure. L’accrochage au contenu manifeste (C/F1) et le déroulement du récit met en évidence l’encadrement de la porte (A2/1) qui devient prévalent. La mise à plat du récit (C/N8) se termine par une référence cinématographique comme manoeuvre défensive de fuite (A1/2).

    • Problématique : la solitude renvoie à une rupture d’étayage. Les affects dépressifs sont massifs. La structuration du récit met en oeuvre la précarité de la situation qui ne peut être restaurée. L’angoisse de perte favorise l’émergence d’un procédé de la série E qui met à l’épreuve l’incapacité du sujet à s’étayer sur son monde interne (représentation) en l’absence d’objet. L’élément maison ne peut s’organiser. On est en mesure de penser à une difficulté d’organisation des contenants de pensée.

  • Planche 13 MF
    • Procédés : d’emblée le sujet inverse le rôle des personnages (E11), du récit construit autour de « l’adultère », du personnage féminin (B2/9). Un silence (C/P1) précède une autre proposition (A2/6) toujours selon la thématique sexuelle (B2/9). Le repérage de la position des corps (C/N4) est suivie par une autre interprétation possible (A2/6). Les silences intra- récit sont importants (C/P6) jusqu’au point de ne plus savoir qui est l’amant et le mari (E11).

    • Problématique : la réactivation pulsionnelle permet le déroulement d’un scénario ou apparaissent la sexualité et l’agressivité au sein d’un couple. On remarque que l’on ne sait jamais de quel couple il s’agit : légitime ou non (interdit). C’est dans ce contexte qu’apparaît le thème du crime passionnel. La confusion des identités des personnages masculins peut mettre à l’épreuve dans quelle mesure la position active est difficilement endossable puisque : d’une part synonyme de perte (de l’objet d’amour) et d’autre part synonyme de remords.

  • Planche 19
    • Procédés : si les silences entrecoupent le récit (C/P1), on remarque aussi un temps de latence significatif (C/P1). La tendance au refus (C/P5) est accompagnée ensuite d’une relance (A3/2) et la description de la qualité des contenus (C/N6). Le recours à une référence extérieure (A1/2) donne l’impression d’une fuite en avant.

    • Problématique : le stimulus réactive une problématique prégénitale dans laquelle le sujet ne parvient pas à organiser ses impressions – les limites dedans/dehors ne sont pas fiables. Le sujet ne peut évoquer des expériences positives ou négatives. L’accrochage à la délimitation met l’accent sur les fondements de la pensée originaire (S. Freud, 1925).

  • Planche 16
    • Procédés : le matériel est critiqué (C/C3) avec une tendance au refus (C/P5). Un silence (C/P1) est suivi par une expression de la massivité du vide affectif (E9).

    • Problématique : la dimension transférentielle est intensifiée privilégiant une attaque du clinicien. La non figuration du matériel met en exergue l’impossibilité d’avoir une histoire (à raconter). L’absence de support fait écho à une absence de représentations stables et structurantes utilisables pour la construction de la vie imaginaire.