T.A.T. d’Henry

A/ Protocole

  • 1. L = 10’’
    « C’est un violon ça (?!). Je pense que c’est un jeune qui regarde son violon. Il se pose la question : ‘qu’est-ce que c’est cet instrument ?’. Par rapport à ses mains et son visage... Ou alors il a envie d’apprendre à jouer... Il connaît ou pas le violon... je ne sais pas, mais il y a une certaine contemplation, une attirance par rapport à quelque chose de mystérieux... Il n’ose pas le toucher. Il n’a même pas dix ans. Il se pose des questions. Il cherche donc à savoir ce que c’est, ou il essaie d’en jouer ».

  • 2. L = 8’’
    « C’est la campagne. Un laboureur avec de jolis sillons. Il travaille. C’est deux femmes... Apparemment le laboureur est assis. Il demande quelque chose à cette personne qui est sa femme, parce qu’il tend le bras... Et la fille est une étudiante parce qu’elle a des livres à la main... C’est peut-être sa fille. C’est conflictuel parce qu’elle tourne le dos, elle ne le regarde pas. Peut-être qu’il veut la garder pour travailler dans les champs, qu’il y a un certain conflit parce qu’elle veut étudier ».

  • 3. BM L = 10’’
    « Un garçon ou une fille ça (?!)... Hein ?» (interrogateur)... « Une personne qui a beaucoup de chagrin, de tristesse... C’est pas de la fatigue parce qu’elle serait couchée. Il y a quelque chose qui l’a perturbé, donc elle s’est réfugiée dans sa chambre, seule... C’est une femme parce qu’elle a le bassin assez large... ». (repose la planche)... « Un chagrin d’amour ».

  • 4. L = 5’’
    « C’est un couple qui s’est déchiré parce que la femme tient son ami par la main pour le retenir, elle le retient par la main parce que lui veut la quitter... comme s’il ne l’écoutait pas... Là, on voit qu’il a envie de partir et qu’elle le retient... C’est une photo, on dirait même que c’est tiré d’un film ».

  • 5. L = 10’’
    « Une personne qui ouvre la porte, l’air surpris, pourtant il n’y a pas d’autre personne dans cette pièce... J’ai la sensation que la manière dont elle se tient, et sa façon d’ouvrir, elle le fait assez rapidement comme si elle voyait quelque chose d’inattendu, y’a un effet de surprise, pourtant y’a personne... Elle ouvre et entre la tête rapidement... C’est cette façon d’ouvrir la porte... Elle aperçoit quelque chose dans la pièce... Y’a une certaine hésitation à entrer. Elle aurait entendu un bruit, elle est venue voir, elle n’a pas tout à fait peur... Elle ne vient pas pour entrer dans la pièce mais parce qu’elle a entendu quelque chose... ».

  • 6. BM L = 6’’
    « La mère et le fils ou... oui, je suppose. Le fils a son chapeau qu’il tient à la main. Il subit une certaine réflexion venant de sa mère mais sa mère ne le regarde pas. Alors soit elle s’adresse à une personne et elle discute de lui à une autre personne... peut-être à son mari. Ou alors elle le punit. On se sent mal à l’aise. Il subit quelque chose de difficile comme moi quand j’ai peur. Mais elle ne le regarde pas, alors elle doit parler de lui à une autre personne, son mari, par exemple ».

  • 7. BM L = 5’’
    « Le père et le fils... On ne voit pas s’il parle, le père... Je suppose que le père donne des conseils au fils. Il ne le regarde pas mais il l’écoute, le fils. Le père n’ouvre pas la bouche... Le fils le regarde. Il doit lui donner des conseils. Le fils est attentif. Le père n’a pas l’air d’être agressif ».

  • 8. BM L = 3’’
    « C’est une dissection, une autopsie. Non ! Il y a un fusil donc c’est une personne en période de guerre qui a été blessée. Le chirurgien l’opère dans un hôpital militaire de campagne. Et le jeune apparemment ne devrait pas être dans ce contexte. Trop jeune, bien habillé... Alors, est-ce que la personne qui est opérée voit son fils comme ça ? ... Il pense à son fils parce qu’il est inconscient, il sent qu’il va mourir et il revoit son fils... Il dépareille d’avec le reste... Donc c’est une image de rêve ».

  • 10. L = 10’’
    « On dirait une personne en train de se confesser à un prêtre. Il lui parle à l’oreille, donc il lui fait une confidence. C’est une confession, d’ailleurs les deux ont les yeux fermés. Ça demande beaucoup d’écoute... C’est pas obligé que ce soit un prêtre. C’est peut-être un secret confié à une autre personne. Il lui parle à l’oreille ».

  • 11. L = 20’’
    « Ça ressemble à quoi ?!... Une forêt, des arbres. Alors là, un trou. C’est un mur ou une espèce de rempart, un éboulement de rochers, c’est montagneux. Derrière, des arbres, une forêt, un grand trou, un précipice derrière, un grand vide, une paroi-forteresse avec un grand vide... On dirait un animal de la préhistoire qui sort d’une grotte avec une tête. Il vient attaquer cet autre animal sur le mur... Par surprise... Il le regarde... Il est loin dans la préhistoire... ».
    (Garde un long moment la planche, essayant dans un mouvement de rapprochement/éloignement d’en apprécier le sens de la perspective).

  • 12. BG L = 8’’
    « Une barque de pêche. Cette barque n’est pas dans l’eau... Il n’y a pas d’eau... Une barque... Pas un cercueil quand même ?! ». (ton ironique ponctué par un rire nerveux). « Une barque abandonnée, dans un terrain vague. C’est bizarre, elle est carrée, elle a une forme bizarre, c’est une barge... au milieu des bois... ».
    (Même attitude qu’à la planche précédente : mouvement de rapprochement et d’éloignement du matériel avec plissement des paupières).

  • 13. B L = 5’’
    « Une maison en bois, une cabane... Il n’y a pas de porte... Il y a du jour qui passe par les trous dans la maison... Un petit garçon assis au centre. J’ai l’impression qu’il n’a qu’une chaussure. Il réfléchit tout en regardant quelque chose... Il ne veut pas sortir parce qu’il n’a qu’une chaussure. Il doit observer quelque chose à l’extérieur... Mais il est bloqué là... Il est assis... curieux... son ourlet est relevé... Il n’a pas de chaussure... Est-ce qu’il s’est fait mal... Il attend, il attend que quelqu’un lui apporte son autre chaussure... ».

  • 13. MF L = 18’’
    « C’est une bonne femme allongée sur son lit... Mais elle est morte, ses mains tombent par terre. Lui, c’est son ami ou son mari, tourné ; il pleure parce qu’il se rend compte que la personne est morte. Il ne dormait pas avec parce qu’il est habillé. Il est arrivé. Il a trouvé son amie morte dans son lit. Ça pourrait être un suicide, parce qu’il n’y a pas de traces, pas d’arme. C’est un suicide. Et comme il se retourne, il n’ose pas la regarde. Il a peut-être un sentiment de culpabilité... Mais il y a une peur, quelque chose qui l’horrifie, il n’ose pas la regarder... Est-ce qu’il l’a tuée et qu’il a honte de son geste... Mais je ne vois pas d’arme ».

  • 19. L = 40’’
    « Je ne sais pas... Un peu comme le premier test... Ça correspond à rien du tout... Ça fait peur, c’est impressionnant... ».
    (Même attitude consistant en un mouvement d’accommodation du regard, accompagné par un geste de rapprochement/éloignement de la planche).
    « Deux yeux... Deux yeux de fantôme, un bras... Un mouvement qui est terrifiant d’ailleurs... quelque chose qui s’écarte... Je ne mettrai pas ça dans mon salon ».
    (rire nerveux).

  • 16. 011L = 25’’
    « Je regarde la table, c’est pareil... Il faudrait que je puisse écrire sur cette feuille, je vous raconterais mon histoire, mes états d’âme de mon adolescence jusqu’à maintenant ».
    (Digression : me parle de sa mère qui a la maladie d’Alzheimer, ce qui est déroutant pour lui) :
    « Pour les gens qui subissent cette maladie, il y a deux morts, la mort psychique et la mort cérébrale... Elle ne pourra plus me reconnaître ».