B/ Analyse planche par planche

  • Planche 1
    • 011Procédés : L’accrochage à l’objet violon (C/F1) est suivi d’un silence (C/P1). La comparaison entre la situation évoquée et l’expérience du sujet (B2/8) montre combien dans la même situation le sujet surinvestirait l’instrument (C/M1). Objet qu’apparemment l’enfant n’investit pas de la même manière puisque d’après « la tête qu’il fait » (C/N4) le violon lui fait horreur (A2/3 et B2/4).

    • 011Problématique : Le conflit est mis en scène entre la propre expérience du sujet et la situation de l’enfant qui ne se sert pas de l’objet placé devant lui. Les affects fort exagérés y sont réactivés : désir libidinal pour l’objet et jalousie à l’égard du garçon. C’est le renoncement (actuel) à l’objet aimé qui s’exprime sur un mode dramatisé. Nous pouvons penser que l’immaturité du jeune garçon remet en cause les capacités à pouvoir se servir de l’instrument, ce qui fait naître la volonté de se dégager du support identificatoire synonyme de blessure narcissique. En contrepartie, l’objet peut alors être investi dans l’affirmation de la toute-puissance du sujet sur un mode mégalomaniaque avec la possibilité indéniable que l’objet apporte des satisfactions.

  • Planche 2
    • 011Procédés : La composition du premier énoncé dominé par une association par contiguïté (E18) est suivie d’un temps d’arrêt (C/P1) qui ne permettra pas la relance d’un récit personnalisé (C/P5). L’éloignement temporel (A2/4) marque une rupture au sein du tableau (« deux époques » E15). L’accrochage au contenu (C/F1) accentue le rejet de toute émergence conflictuelle. La confusion du règne animal et du règne humain (E11) entraîne un nivellement du système relationnel. Le déroulement de l’histoire est alors impossible et accentue la nécessité de l’intervention du clinicien (C/P5). La réponse s’apparente à une hallucination (E5) renvoyant à la confusion sujet/objet dans un mouvement interprétatif ressenti. L’isolement du personnage au premier plan (A2/15) qui demeure anonyme (C/P3) peut servir au refoulement des représentations oedipiennes (et sexuelles) induites. L’attaque du clinicien (C/C3) constitue l’unique possibilité de soulager l’excès de tension.

    • 011Problématique : Le sujet manifeste son refus à l’égard de la situation projective. La relation triangulaire n’est pas figurée, les éléments sont décrits sans volonté de liaison relationnelle. La confusion des identités témoigne d’un processus identitaire peu stable. On peut évoquer une tentative de (ou un maintien du) clivage : deux époques, puis isolement du premier personnage ; ces deux procédés pouvant témoigner de la séparation en bon et mauvais. La précarité de l’investissement du matériel (fragilité du maniement pulsionnel) s’accompagne de mouvements d’attaque du psychologue (passage à l’acte). Dans ce contexte il nous est permis de mettre l’accent sur la circulation de fantasmes et d’affects massifs qui désorganisent la logique de communication. « La déliaison » entre les personnages peut être associée à des fantasmes de scène primitive destructeurs et mortifères.

  • Planche 3 BM
    • 011Procédés : La mise à distance (A2/12) s’accompagne d’un arrêt du récit (C/P6) suivi de l’expression d’un affect exagéré (B2/4). La perception des contrastes du matériel, en parallèle aux contrastes des représentations et affects internes est liée à l’oscillation extrême et répétée entre des représentations bonnes et mauvaises (E15). L’éprouvé subjectif (C/N1) est appareillé à la perception du blanc (E2) qui devient porteur d’une signification particulière (l’espoir ?). A partir du « blanc perceptif » le sujet donne une orientation (E3) conforme à son fantasme auto-destructeur. L’attachement à la position du corps (C/N4) permet d’accentuer la composante masochique (volonté active). Les passages qui suivent, infiltrés d’éléments sensoriels (E5), oscillent entre des représentations positives et négatives (E15) avec un investissement important portant sur la délimitation entre ce qui se passe au dehors et les pensées du personnage (C/N6). Les motifs du mal-être ne sont pas précisés (C/P4).

    • 011Problématique : la problématique dépressive se traduit par une série de procédés constitutifs du fonctionnement narcissique (C/N). L’évocation du personnage replié peut alors être la traduction d’un retrait libidinal narcissique qui prend la place du conflit pulsionnel. Leur association avec des procédés spécifiques de l’aménagement phobique (C/P) constitue une tentative de restriction propre au refoulement et au retour du refoulé (notamment avec l’association B2/4). Dans la modalité du fonctionnement narcissique, on s’aperçoit que les affects dépressifs, de par l’impossibilité à investir une relation d’objet, vont faire émerger des processus beaucoup plus archaïques. L’agressivité est alors retournée contre soi dans un mouvement destructeur actif (masochisme mortifère). La représentation unitaire de l’image de soi est massivement attaquée : le craqué verbal (E17) « elle se replie sur elle-même » dégage un processus de double retournement (contenant/contenus). Les défaillances des conduites perceptives (E2, E3 et E5) traduisent un mauvais ancrage dans la réalité externe. Des troubles majeurs de l’identité et de la relation d’objet (E15) renvoient à la porosité des processus de différenciation.

  • Planche 4
    • 011Procédés : A nouveau, la mise à distance (A2/12), puis un silence (C/P1) traduisent un certain dégagement de la planche. Le récit se rattache principalement au partenaire féminin (C/N10), le détail narcissique ayant pour fonction son repérage identitaire lors de la relation à l’autre. Puis le matériel est rejeté (C/P5). La banalisation (C/P4) témoigne encore d’une prise de distance afin d’éviter le conflit pulsionnel. La relation de couple n’est pas considérée (C/P3). La relation spéculaire (C/N7) qui ne peut être considérée dans le couple est déplacée sur un détail interprété comme un miroir (E4 et C/C2).

    • 011Problématique : La planche met en évidence la difficulté à structurer un lien au sein d’une relation de couple. Les procédés de la série C/P sont des tentatives de restriction en vue de maintenir à distance l’expression du conflit (refoulement de la problématique liée à l’investissement et au désir objectal). La traduction des modalités narcissiques rend compte du retrait libidinal narcissique qui prend la place du conflit pulsionnel. En ce sens, les troubles de la relation objectale et de l’identité vont se traduire par l’irruption de processus primaires (E4). Ces derniers témoignent de la « manipulation du perçu » à des fins défensives : la relation objectale est tout au plus spéculaire (le reflet dans le miroir comme double narcissique) et présente une attirance pour le personnage du même sexe. De par la sollicitation du matériel, les quantités d’énergie pulsionnelle vont emprunter les voies de décharge les plus rapides (C/C : passage par l’acte) face au manque d’intériorisation.

  • Planche 5
    • 011Procédés : Les deux conduites agies (C/C1) et C/C2) constituent un recours au comportement lié à la difficulté momentanée du travail d’élaboration psychique. L’interprétation offre une représentation d’un personnage féminin « nuisible » (C/M2). La chambre est investie en tant que lieu délimitant (C/N6). L’intégration d’une référence littéraire (A1/2) permet d’évacuer la situation vécue comme une intrusion. Mais l’investissement de la vie imaginaire est battu en brèche par le retour du personnage féminin, après un silence (C/P1). Une appréciation personnelle (B2/8) permet de libérer les mouvements pulsionnels agressifs. Enfin, le récit demeure très restreint (C/P2).

    • 011Problématique : L’éprouvé d’intrusion psychique est vécu sur un mode persécutif. Les motions pulsionnelles agressives qui ne peuvent être intégrées à un système conflictuel interne, sont déchargées en forte quantité : soit par le biais d’une appréciation personnelle, soit par le recours au passage par l’acte. L’évocation de la chambre attachée à un lieu de production intime peut évoquer l’effroi que suscite la scène primitive. Par ailleurs, l’image de la femme qui pénètre peut situer une imago maternelle vécue sur le mode persécutif.

  • Planche 6 GF
    • 011Procédés : La mise à distance (A2/12) permet au sujet de ne pas entrer dans le contexte pulsionnel libidinal et/ou agressif. Le récit reste très limité (C/P2), et figé sur l’instant de la photo(C/N8). Un silence (C/P1) est suivi d’une hésitation quant au degré de la relation des partenaires (A2/6).

    • 011Problématique : Les deux dernières hypothèses de l’histoire permettent au sujet de ne pas entrer dans des modalités interpersonnelles. Nous pouvons l’interpréter comme une mise à distance des mouvements pulsionnels. D’autre part, l’immobilisation de la scène réduite à une simple photo ne permet pas de savoir à quel personnage le sujet s’identifie préférentiellement. La capacité d’identification féminine est là mise à l’épreuve. Si la relation libidinale est prise en considération, elle reste à peine exprimée et vouée à l’indétermination.

  • Planche 7 GF
    • 011Procédés : Le matériel reste peu investi (C/P2) dans un contexte où les liens entre les personnages ne sont pas explicités (C/P3). Le scotome du poupon (E1) ainsi que la confusion des identités (E11) qui entraînent une défaillance grammaticale mettent l’accent sur des troubles identificatoires importants. Deux interprétations (A2/6) sous-tendent la manière dont le lien peut être investi. On notera que les deux situations sont quasi identiques. Dans la première situation le rêve est l’écran derrière lequel se cache la jeune fille (et nous serions tentés de dire « tout comme le sujet se cache derrière les productions qu’il donne »), alors que la seconde hypothèse traduit plus clairement le souhait d’être ailleurs qui est ensuite refoulé (B2/6) par le sujet. Ce dernier procédé marque la place du sujet dans l’expérience identificatoire. Notons aussi que c’est l’intervention (active) du sujet, de l’extérieur, qui permet que la jeune fille (position passive) puisse se sentir ailleurs.

    • 011Problématique : La dimension active/passive est réactivée, dans le contexte de la relation. La scène, peu investie, n’est pas interprétée dans le cadre d’une relation mère/fille (scénario classique). Le scotome du poupon et la confusion des identités indiquent combien le sujet ne peut adopter une position identificatoire face à la sollicitation des interactions précoces mère/fille. La position passive reste privilégiée. La non différenciation des générations permet ainsi de ne pas entrer dans le rapproché mère/enfant. En l’occurrence, nous sommes amenés à penser que la faillite des processus identificatoires serait sous-tendue par d’importants mouvements pulsionnels qui entraînent une destruction des relations objectales eu égard à des perturbations profondes liées à l’envahissement des fantasmes (E11). Il peut s’agir de fantasmes de séduction, et dans ce cas la défense du rapproché peut être associée à une dimension homosexuelle. Le déni du perçu (poupon) peut condenser à la fois des mouvements de défense contre le désir (pour l’objet maternel) et des mouvements agressifs violents à l’égard de la « force procréatrice ». En deçà, la planche traduit l’incapacité de représentation des relations précoces (holding, handling, object presenting, tels qu’en parle D.-W. Winnicott). La défense du Self par « camouflage » du faux-self (« faire semblant d’écouter mais être ailleurs ») permet alors de s’extirper de la relation d’emprise (induite par la massivité des fantasmes). Problématique qui semble dominer durant la passation du test dans la relation du sujet au clinicien.

  • Planche 8 BM
    • 011Procédés : Le temps de latence très important (C/P1) s’ouvre sur une critique du matériel (C/C3) et des demandes concernant la finalité de la situation projective (C/C2). L’agressivité, mobilisée en grande quantité, est projetée à l’extérieur du matériel projectif. Le clinicien est pris comme cible (C/C3). Le sujet refuse d’entrer dans l’expression proposée (C/P5) si ce n’est pour en extraire une somme de détails (A2/16) qui ne fait pas l’objet d’une narration. Une manifestation du déplaisir éprouvé (B2/8) s’intercale entre deux silences (C/P6) qui mettent à jour l’assimilation du matériel à un épisode vécu (C/N2).

    • 011Problématique : La planche mobilise de très grandes quantités d’excitations ingérables par l’appareil psychique. L’élaboration associative est rompue. Le sujet ne parvient à se dégager de l’excitation que par un recours à l’agir comme voie de décharge privilégiée de la tension, ici et maintenant. Dans ce registre, la scène projective devient le lieu de projection du passage à l’acte de notre patiente. Je rappelle que Laurence a tué un ami en lui portant trois coups de couteau fatals, ce qu’a priori elle ne semble pas pouvoir reconnaître. La désintrication pulsionnelle majeure rend compte d’une incapacité dans le maniement de l’agressivité. Compte tenu de la sollicitation latente du matériel, on peut se demander dans quelle mesure les fantasmes originaires ne sont pas remobilisés dans leur relation à la mort et à la destruction. D’autre part, la planche « agit » sur le sujet selon l’identité de perception. Si la décharge est satisfaite, elle emprunte les voies rapides du passage à l’acte. En ce sens les processus de la satisfaction interrogent l’origine de la construction de l’expérience de satisfaction.

  • Planche 9 GF
    • 011Procédés : Le sujet refuse d’emblée le matériel (C/P5). La question du clinicien (C/P5) n’entraîne aucune possibilité de narration (C/P5).

    • 011Problématique : L’expression massive du refus peut être liée au « choc » de la planche précédente qui ne permet plus (sidération) l’élaboration du matériel. D’autres hypothèses peuvent être aussi soulevées : 1) la confrontation de la relation des deux femmes qui peut éventuellement entraîner une impossible négociation de l’excitation pulsionnelle (ingérence de l’expression libidinale). 2) l’évitement de la relation conflictuelle. 3) on peut aussi évoquer la projection massive de l’agressivité durant la passation envers le clinicien comme un véritable psychodrame qui se transfert dans le cadre de la rencontre à partir de la sollicitation du matériel. L’interprétation de la situation, dans ce contexte, nous renvoie à des fantasmes de relations archaïques dangereuses et mortifères (crainte de la persécution de type paranoïde).

  • Planche 10
    • 011Procédés : Les personnages ne sont pas identifiés (C/P3). Leur relation est en miroir (C/N7 et C/N4) liée à un affect réciproque d’amour. Une digression (B2/8) permet d’éviter la construction du rapproché libidinal (dimension sexuelle). Par une critique de la situation projective (C/C3), le sujet traduit son impossibilité à raconter une histoire (C/N9). L’agressivité est alors déplacée sur le clinicien qui tend à être ridiculisé (C/C4).

    • 011Problématique : Le sujet tend à reporter sur l’extérieur son impossibilité à élaborer le matériel. Dans ce contexte les processus mis en place nous semblent proches de l’identification projective permettant un délestage dans l’autre de l’excès de tension. Les procédés de la série C révèlent la dépendance du sujet face à une situation anxiogène. Au-delà de la problématique identitaire (flou des identifications), la sidération que suscite le matériel nous semble sous-tendue par l’excitation ingérable occasionnée par des fantasmes de scène primitive en lien à la relation du couple (parental).

  • Planche 11
    • 011Procédés : Le temps de latence significatif (C/P1) est suivi d’une précipitation dans la situation perceptive (B2/1). Le sujet hésite entre deux interprétations de la planche (A2/6) entrecoupées par un silence qui relance ensuite l’activité projective. La symbolique de l’enfer et du feu (E7 et C/N5) reste une expression hermétique sensorielle et abstraite qui s’impose face à l’aspect peu figuratif du matériel. La seconde interprétation prend en compte aussi l’aspect sensoriel (C/N5) et se situe dans l’opposition extrême (E15) de la première proposition. Elle a pour conséquence une tentative de dégagement des fantasmes de persécution qui se déployaient à partir de la perception du mauvais objet (E14). Entrecoupé de silences (C/P1), le sujet construit le récit autour du « mauvais objet » en s’appuyant sur les contrastes (C/N5) comme pour échapper à nouveau à l’animal malfaisant (E14). Seul l’éloignement temporo-spatial (A2/4) et une tentative de mise « à plat » du matériel (C/N8) vont permettre de se dégager du désordre que véhiculent les fantasmes archaïques. Un commentaire concernant les aspects figuratifs des planches (C/C3) témoigne du besoin de se soustraire à nouveau des aspects dangereux.

    • 011Problématique : La planche évoque un combat entre le bon et le mauvais relié à des fantasmes de persécution ici fortement sollicités. Le clivage de l’objet (E15) serait corrélatif d’une défaillance des processus d’introjection. La réalité est alors principalement vécue comme persécutrice. C’est finalement ce que nous dit notre patiente quand elle commente le monde banal de l’humanité (phobie de la relation ?). A partir de l’investissement sensuel (C/N5) voire auto-sensuel (puisque la réalité du paysage n’est pas appréciée), les éprouvés générés par la planche vont servir de contre-investissement aux angoisses de persécution. De par la sollicitation latente du matériel nous pouvons évoquer l’indice de dangerosité lié à une imago archaïque persécutrice. D’autre part, si la planche bouleverse l’ordre prégénital, elle nous semble illustrer l’échec de la fonction α (W.-R. Bion, 1962) : défaillance dans la capacité à convertir les éléments émotionnels (éléments β) en une production signifiante (élément α). C’est sans doute dans ce registre que l’expulsion du monde violent projeté dans le clinicien (identification projective) intervient fréquemment lors de la passation.

  • Planche 12 BG
    • 011Procédés : L’entrée directe dans l’histoire (B2/1) permet au sujet de prendre place dans la planche en mettant en avant des éprouvés d’apaisement. Tout le récit est construit à partir d’éléments (C/N8) qui marquent la dépendance du sujet vis-à-vis du contexte (C/M1). Le sujet s’évade ainsi dans un monde purement sensoriel (C/N5). Un silence (C/P1) est suivi à nouveau par un investissement sensuel (C/N5).

    • 011Problématique : La planche offre un moment d’apaisement à travers des réactivations sensorielles. En l’absence d’objet, le sujet se laisse aller à une structuration quasi auto-sensuelle. Nous retrouvons le même mode d’élaboration qu’à la planche précédente. Les sensations ressenties formeraient ainsi une « capsule » sensorielle qui serviraient de contre-investissement à des éprouvés inquiétants et énigmatiques. La question de l’étayage paraît renforcer l’aménagement « auto » permettant d’éviter l’expérience de perte tant redoutée.

  • Planche 13 B
    • 011Procédés : Le récit est restreint (C/P2) et éveille d’emblée l’éprouvé du jeune garçon (C/N1). Un silence (C/P1) est immédiatement suivi d’une dénégation (A2/11) qui porte sur le refus de reconnaître les représentations liées au contexte de solitude. L’éloignement spatial (A2/4) permet à nouveau une mise à distance de la position dépressive. Une description vestimentaire (C/N6) témoigne de la nécessité d’investir l’enveloppe comme surface protectrice qui est cependant de mauvaise qualité (« ancien », E6). L’opposition extrême entre « le désert » et la présence « d’autres personnes » (E15) traduit d’importantes angoisses de perte d’objet qui vont provoquer la rupture du discours avec en arrière plan l’introduction de personnages anonymes (B1/2).

    • 011Problématique : La planche réactive une angoisse de perte contre laquelle le sujet essaie de se déprendre (dénégation, éloignement spatial). L’introduction de personnages ne figurant pas sur la planche permet, a minima, de sortir du contexte de précarité dans laquelle se situe le jeune garçon. On observe cependant que « la personne secourable » n’est pas identifiée : aucun pont relationnel n’est établi. L’opposition présence/absence marque l’oscillation extrême entre des représentations bonnes et mauvaises de l’objet. Dans ce contexte de rupture avec l’objet, on assiste à un investissement des limites (dedans/dehors) comme mesure de protection. La vétusté de l’habit (E6) met l’accent sur la relation étroite qui existe entre la représentation de soi (dégradée) qui subsiste en l’absence de l’objet. Ces éléments, infiltrés par la dimension sensorielle, posent la dimension de l’activité maternelle défaillante.

  • Planche 13 MF
    • 011Procédés : Le temps de latence est important (C/P1). L’attachement à la position allongée (C/N4) fait germer des représentations massives liées à la mort (E9) introduite par une mise à distance (A2/3) qui ne permet pas le recul nécessaire. Le personnage du premier plan - personnage masculin - entre ensuite en scène pour y apparaître comme un objet malfaisant et persécuteur (E14). Un arrêt du récit (C/P6) est suivi d’une reprise du même thème préservant l’anonymat des personnages. La question du clinicien (C/P5) relance une mise en scène abrupte (E8) dans un contexte relationnel sexuel sous-tendu par un fantasme de meurtre. L’accrochage au contenu manifeste (C/F1) consiste à fuir ensuite très rapidement du contexte mortifère. Suite à un silence (C/P1), le sujet ferme l’activité projective par un écartement du matériel (C/P5).

    • 011Problématique : D’un point de vue économique, le matériel sollicite de grandes quantités pulsionnelles. L’irruption de procédés de la série E (notamment E8 et E9) traduisent le manque de domptage pulsionnel lié à l’envahissement de fantasmes destructeurs sous-tendus par des troubles dans la relation d’objet (objet persécuteur). On peut situer la crainte d’annihilation et la tonalité objectale persécutrice comme une position de défense face à l’angoisse dépressive : la peur de la persécution aurait un caractère moins angoissant que le sentiment de culpabilité lié à la position dépressive (point de vue défendu par M. Klein en 1946 et auquel nous adhérons). L’acte criminel ne laisse apparaître aucun sentiment de culpabilité. Enfin, l’évocation de la sexualité bascule sans mesure dans une mise à mort qui abrase les capacités de liaison des mouvements pulsionnels.

  • Planche 19
    • 011Procédés : Après un long temps de latence (C/P1), l’expression met en avant une scène de tempête, fortement dramatisée (B2/13) qui entre au service du refoulement des représentations inconscientes de l’environnement hostile. L’accrochage au contenu manifeste (C/F1) avec insistance sur les limites (C/N6) bascule ensuite dans une déformation du réel (E4) à partir de la perception d’une petite fille introduite dans le récit dans un mouvement anti-dépressif (B1/2). C’est à partir de ce personnage que les représentations liées au thème de destruction sont déniées (A2/11). « C’est pas un bateau comme on voit » (E3) permet d’effacer la réalité perceptive puisque la faillite du refoulement ne peut plus endiguer les fantasmes de destruction. Le besoin de se mettre à l’abri se traduit par l’apport de références littéraires (A1/2). La solution défensive est ensuite mise à mal avec à nouveau la traduction d’une expression projective qui ne prend pas en compte la réalité (E14). « La baleine » comme objet attaquant et malfaisant (E14) ne semble laisser aucune issue au personnage qui lutte dans la mer.

    • 011Problématique : La symbolique de l’imago maternelle persécutrice est fortement sollicitée. Les contrastes accentuent le besoin de délimitation dedans/dehors qui reste très fragile. De ce fait le mauvais objet revient intruser sans cesse une scène (de tempête) qui évoque déjà la précarité de la délimitation (et du monde imaginaire qui ne met pas le sujet à l’abri du déferlement pulsionnel). La défaillance des limites dedans/dehors renvoie à des modalités de fonctionnement très archaïques constituant les fondements originaires de la pensée (introjection du bon, expulsion du mauvais). Dans ce contexte, la menace de persécution, de destruction renvoie à des fantasmes de dévoration. Le mauvais ancrage des conduites perceptives (E4 et E3) est associé à des troubles de la relation d’objet (E14). L’irruption d’affects et de fantasmes massifs revient à s’interroger sur la valeur dynamique et économique du passage à l’acte auto-agressif : « il se dirige droit vers la gueule de la baleine ».

  • Planche 16
    • 011Procédés : Le blanc est vécu et ressenti (E5) comme un froid extrême, une situation désertique. L’arrêt du récit (C/P1) est suivi d’un changement brusque (A2/14) pour mettre en oeuvre un autre pôle extrêmement chaud (E15). La situation projective reste peu investie (C/P2). Le désir libidinal est fortement exagéré (B2/4).

    • 011Problématique : La problématique scinde deux pôles infiltrés par la sensualité : l’un brûlant et l’autre pétrifiant de froid. On peut se demander dans quelle mesure le sujet ne projette pas les deux facettes d’un même objet « brûlant » (de froid ou de chaud). Le désir objectal anime avant tout le mouvement projectif avec en arrière plan le blanc d’où émerge le besoin de lien objectal. Si nous avons pu observer combien, durant la passation, l’expérience du test met le sujet en état d’alerte, nous pensons que cette dernière formulation aurait pour fonction d’effacer les attaques sadiques projetées sur le clinicien ceci afin d’éviter les angoisses de séparation.