B/ Analyse planche par planche

  • Planche 1
    • Procédés : Les silences intra-récit (C/P1) marquent la difficulté d’élaborer le matériel. La position du corps (C/N4) marque l’hésitation du personnage ainsi que celle du sujet qui intègrent deux interprétations (A2/6). L’introduction de personnages (B1/2) permet le recours à un étayage (C/M1) autre que celui de l’objet placé devant l’enfant. Un silence (C/P1) comme première manoeuvre défensive est suivi d’une transformation de l’histoire en photo (A2/12), qui plus est, en « belle photo » (C/M2) évitant ainsi la blessure narcissique liée à l’incapacité de se situer face à l’objet. La seconde interprétation pose une problématique subjective (A2/17) sous forme d’un questionnement interne. Un silence (C/P1) est suivi par la reprise du même thème (A2/8) comme si le sujet ne parvenait pas à sortir du thème de l’impuissance et de l’immaturité de l’enfant. Un dernier commentaire efface l’inaptitude du garçon à pouvoir se servir du violon (A2/9).

    • Problématique : Si la lisibilité reste de bonne qualité, l’interprétation du matériel est dominée par une lutte anti-dépressive (procédés C/M). L’objet violon n’est pas susceptible d’apporter des satisfactions personnelles mais témoigne de la possibilité de satisfaire l’attente de l’autre. Le conflit porte sur des exigences contraires à satisfaire. L’incapacité du garçon à se servir du violon s’associe à un sentiment d’impuissance mais surtout de perte des objets d’amour. Les affects dépressifs sont aussitôt annulés en évacuant l’axe conflictuel. Ces différents niveaux peuvent intégrer deux aspects de la relation à l’autre dont la fonction du faux-self permet de maintenir la continuité du lien.

  • Planche 2
    • Procédés : Le récit est restrictif (C/P2) et procède à une mise en tableau (C/N8) qui fige l’histoire en permettant l’évitement conflictuel. Les silences intra-récit (C/P1) sont suivis d’un placage (C/P4), le thème de « la campagne » permettant une interprétation anodine. Le « bien-être » (C/N5) donne toute son importance au ressenti qui sert de tremplin à la projection d’un épisode autobiographique (C/N2).

    • Problématique : La relation triangulaire est évoquée. Elle ne parvient à se nouer en terme de conflit oedipien. Les procédés de la série C/N renvoient aux modalités narcissiques du fonctionnement psychique. Les aménagements phobiques (C/P) mettent l’accent sur les défenses utilisées en vue de restreindre l’expression du conflit. La planche met à jour la fragilité du maniement pulsionnel ainsi que la précarité des investissements libidinaux. La référence autobiographique (C/N5) traduit en fin de compte une position de retrait libidinal narcissique qui prend la place du conflit pulsionnel.

  • Planche 3 BM
    • Procédés : Le style mâché et hésitant (C/P1) arrête le récit sur un jeune sujet malheureux (C/N4). Les silences (C/P6) renvoient à une forte charge d’angoisse. Une expression (« le pauvre ») permet de mettre à distance l’affect dépressif (B2/8) tout en maintenant une position empathique. Le récit reste très restreint (C/P2) et les motifs du mal-être imprécisés (C/P4).

    • Problématique : La centration sur l’enfant met à l’épreuve les processus identificatoires dans la mesure où l’identité sexuelle reste floue. La situation traduit la position passive vis-à-vis des affects dépressifs. Le récit ne permet pas de se dégager de la problématique de perte d’objet. Le récit n’a aucune épaisseur. Les procédés d’aménagement phobique (C/P) induisent une forte résonance fantasmatique d’une impossible survie pour la personne « abattue moralement ».

  • Planche 4
    • Procédés : Le sujet met en exergue l’affect lié au conflit des partenaires (C/N3). Si l’angoisse de perte caractérise d’emblée la relation, les personnages restent sous l’anonymat (C/P3). Une agitation (C/C1) suit ce qui vient d’être donné comme le titre de l’histoire. Une annulation (A2/9) vient aussitôt déclarer nulle la représentation de séparation envisagée. La posture des deux partenaires traduit l’affect (C/N4). La description du personnage masculin donne une importance majeure au contact, au « touché » (C/N5) du regard qui par la suite correspond de façon plus explicite au mauvais objet (E14). L’hésitation quant à l’action de la femme (A2/6) permet la dénégation (A2/11) des représentations liées à la problématique de perte. La femme est concernée comme objet d’étayage (C/M1). Les motifs du conflits ne sont pas précisés (C/P4).

    • Problématique : Le récit laisse supposer que le conflit ne s’intercale pas dans la relation des partenaires. Projeté à l’extérieur, il permet de ne pas rompre la relation d’étayage. Si l’homme est perçu dans une position active, le mouvement de dépendance s’inverse par la suite, la femme devenant alors une « une personne secourable ». On peut ici reconnaître l’instabilité des identifications dans une prise de positions alternatives masculines ou féminines. La sollicitation latente du matériel induit d’importantes angoisses de perte. Le double mouvement pulsionnel attendu (agressivité et/ou libido) n’est que partiellement sollicité. La relation homme/femme est anonyme gommant tout lien libidinal. L’agressivité est assez mal contenue : maîtrisée dans un premier temps, elle occasionne par la suite l’expression récurrente du froid, de l’hostilité qui « perce ».

  • Planche 5
    • Procédés : La personne du récit reste anonyme (C/P3). Un élément de type formation réactionnelle (A2/10) rend compte du renversement pulsionnel en son contraire : « vérifier si tout va bien » serait un retournement de « faire du mal » dans lequel l’environnement porte une valence intrusive. Un silence (C/P1) est suivi par une autre interprétation (A2/6), dernière hypothèse que le sujet semble préférer (A2/9) puisqu’elle permet d’effacer des représentations plus directement en lien avec une situation d’intrusion. D’autre part, la dernière situation met en avant le besoin de trouver quelqu’un (C/M1), proposition qui est reprise et accentuée à la fin du récit « ou qui appelle quelqu’un » (C/M1). On notera que c’est par une référence à la posture (C/N4) que le récit est interprété, bien que de manière laconique (C/P2).

    • Problématique : L’image de la femme qui regarde et qui pénètre donne lieu, dans une première étape, à une interprétation de type formation réactionnelle en vue de prémunir le sujet du vécu d’intrusion. Les quantités d’énergie pulsionnelle agressive sont fortement mobilisées. La seconde interprétation renvoie davantage au besoin d’étayage sollicité à deux niveaux perceptifs : le visuel (« elle cherche quelqu’un ») et l’appareil phonatoire (« qui appelle quelqu’un »). De part les deux interprétations, on peut s’interroger sur leur imbrications qui rendent compte d’une problématique abandonnique : l’attaque de l’objet n’est pas acceptable dans la mesure où elle précipite le sujet dans la crainte d’une rupture (rétorsive) du lien (procédés C/M).

  • Planche 6 BM
    • Procédés : Le lien qui relie les deux partenaires (C/P3) induit un rapproché en terme de soumission (la servante)/domination (le monsieur). Le récit reste très restreint (C/P2), avec une importance particulière qui est donnée à l’expression des visages (C/N4). Les silences (C/P1) permettent une mise à distance du conflit qui n’est pas autorisé mais induit de part la fonction des protagonistes. La posture des personnages est à nouveau reprise (C/N4) de manière plus accentuée.

    • Problématique : La différence des générations n’est pas marquée. L’accent est porté sur la posture des personnages dans un contexte d’opposition et d’affrontement (soumission-passivité/domination-activité). Nous pouvons proposer une lecture du récit selon trois étapes successives : le mouvement de rencontre des personnages fait état d’une agressivité majeure de la part de l’homme (agressivité lue dans le regard). Un second temps est marqué par la posture de la « servante » figée, comme si, anesthésiée, elle avait eu à subir une « attaque » de sa part. Une troisième étape est davantage centrée sur, à nouveau, le regard de l’homme, pensif cette fois. Le contexte de malaise s’inverse donc avec l’apparition de ce qui est interdit ou non autorisé. La situation peut donc évoquer des affects de haine qui dominent et mettent en cause la relation à l’autre (disparition, perte). Dans la mesure où les affects de tendresse et l’agressivité ne sont pas reliés (et ne se nouent pas dans un contexte oedipien), on peut se demander si la planche ne réactive pas des fantasmes incestueux. L’excitation pulsionnelle apparaît à travers le thème de dangerosité du rapproché qui n’introduit pas de différence générationnelle.

  • Planche 7 BM
    • Procédés : L’évocation des personnages (C/F1) est marquée par la différence des générations. Un silence (C/P1) est suivi de la reprise du thème dans un lien d’étayage (C/M1). L’image va ensuite conduire un récit autobiographique (C/N2), à partir du « grand-père » choisi comme support. L’expression permet d’objectiver les éléments de la réalité à partir de l’empreinte perceptive pour justifier l’affect lié au contexte conflictuel. A défaut d’un écoulement du récit construit à partir du matériel, l’histoire (autobiographique - B2/8) met en scène trois personnages (E11) dans un contexte de tension non précisé (C/P4). L’affect de « déception » est aussitôt relié à la posture du personnage de la planche (C/N4). Les représentations s’inscrivent dans un contexte relationnel qui traduit des mouvements agressifs et l’incapacité du sujet face au désaccord qui réactive le danger de la perte d’étayage (E9).

    • Problématique : L’expression nous communique la perte de distance du sujet. Le conflit père/fils se déplace sur la génération précédente (grand-père/père). La projection massive entraîne une confusion des rôles qui attestent d’une forte charge pulsionnelle massivement mobilisée. L’ambivalence devient difficile à élaborer. Cependant lorsqu’un rapproché plus serein est envisagé, il est lié à la représentation du grand-père qui peut témoigner d’une représentation du « bon-père ». Dans ce contexte agressifs on peut se demander si la scission grand-père (bon)/père (mauvais) ne renvoie pas à un clivage de l’objet qui permet d’éviter l’affect dépressif. La figure paternelle ne peut être appréhendée de face. C’est par l’intermédiaire du grand-père, comme tiers, que la rencontre devient acceptable. La confusion du sujet qui se projette dans le rôle paternel nous semble plus obéir aux lois de l’identification projective que de mouvements identificatoires. Enfin, si l’affrontement conflictuel est déplacé ou évité, de part l’importance de l’énergie pulsionnelle mobilisée, c’est qu’il peut attester de l’envahissement de fantasmes destructeurs (E9 et E11).

  • Planche 8
    • Procédés : Après un long temps de latence (C/P1), l’accrochage au contenu manifeste (C/F1) permet l’intégration du matériel réduit à un simple descriptif « étagé » (C/N8) qui fige tout mouvement. Des fantasmes agressifs particulièrement crus (E8) donnent à voir une scène brutale de meurtre. Le fusil (A2/16) est perçu mais non utilisé, signe de proximité du fantasme destructeur et de la tentative de refoulement. Un silence (C/P6) est suivi d’une perturbation de la syntaxe (E17). L’isolement du personnage (A2/15) permet de lutter contre les désirs agressifs évoquées en niant tout lien entre le jeune homme (A2/11) et la scène du meurtre. Un dernier silence (C/P6) est suivi d’une appréciation du contexte (B2/8) témoignant du besoin du sujet de se soustraire de la tâche.

    • Problématique : Le stimulus est à la source de réactivations fantasmatiques importantes chargées d’angoisse (C/P6). La variété des procédés met l’accent sur l’importance des défenses contribuant à mettre à l’écart les affects et les représentations liés à l’agressivité. Par ailleurs, l’émergence des processus primaires (E8) s’inscrit dans un mouvement marqué par l’expression agressive. L’envahissement de fantasmes destructeurs mobilise de grandes quantités d’excitations qui paraissent alors non négociables. La représentation conflictuelle n’est pas marquée d’ambivalence. Les affects sont massifs et révèlent une thématique de l’ordre du passe à l’acte meurtrier. La défaillance du maniement pulsionnel ne peut entraîner la liaison amour/haine. De part la sollicitation latente du matériel la scène meurtrière peut renvoyer au désir parricide dans un système de fonctionnement prégénital renvoyant à la destruction.

  • Planche 10
    • Procédés : La planche apporte un moment d’apaisement. L’exclamation (B2/8) permet une manifestation de joie eu égard à la lourdeur de la planche précédente. L’affect titre (C/N3) met en exergue le sentiment amoureux. La symétrie dans la relation (C/N7) permet que se tisse une identité unique (l’identité amoureuse). Un silence (C/P1) est suivi de la reprise du même thème avec attachement à la posture des partenaires (C/N4 et C/M1). La mise en tableau (C/N8) avec un attachement particulier à la thématique des « retrouvailles » permet d’immobiliser le récit dans une ambiance de béatitude. Un silence (C/P6) est suivi d’une autre interprétation (A2/6) qui sollicite, à l’opposé, des représentations de perte. La dernière hypothèse est aussitôt balayée (A2/9).

    • Problématique : L’expression libidinale intègre la représentation du couple hétérosexuel. Le rapproché est marqué par l’importance du lien dans un contexte d’étayage qui évacue la dimension sexuelle. La problématique abandonnique est marquée par une menace de perte, aussitôt annulée. L’expression de l’affect est infiltrée d’éléments sensuels. La scène est idéalisée puisqu’elle contrebalance alors le vécu dépressif.

  • Planche 11
    • Procédés : Le temps de latence reste significatif (C/P1). L’accrochage aux contenus (C/F1) entrecoupé de silences (C/P1) ne permet pas l’élaboration d’une histoire (C/P5). La question du clinicien relance l’activité projective qui débouche sur une confusion entre le réel et l’imaginaire justifié par un craquée verbal (E17). Des détails mineurs, à peine perceptibles (E2) sont évoqués mais ne sont pas porteurs d’une signification particulière. Un silence (C/P6) ne permet pas la relance associative du récit qui se termine sur un vécu sensoriel (E5).

    • Problématique : Les aménagements phobiques dans lesquels dominent l’évitement et la fuite de la réalité interne restreignent l’expression du récit. Le système de secondarisation des fantasmes archaïques est défaillant, entraîné par l’émergence des processus primaires : les procédés de la série E s’imposent et s’inscrivent dans une désorganisation de la pensée (E17) liée au mauvais ancrage dans la réalité externe (E5). Le sujet est renvoyé de façon massive à une réalité ressentie et vécue comme dangereuse, voire persécutrice. La dimension quasi hallucinatoire de l’éprouvé de chute (« vertige ») constitue un indice qui renvoie à l’absence de figuration interne d’un objet « stable » et étayant, apte à produire du sens (à partir d’éprouvés ressentis comme chaotiques).

  • Planche 12 BG
    • Procédés : La représentation de la campagne (C/F4) permet un étayage conventionnel dans un contexte qui mobilise fortement les mouvements affectifs. La description de la planche (C/F1) permet une énumération objective des éléments visant à éviter la position dépressive induite par la sollicitation latente de la planche. Le remâchage (A2/8) consiste à figer en l’état l’impression de tranquillité pour contourner l’affect dépressif. La coexistence d’expériences sensorielles (E5) ne renvoie pas à des éléments manifestes de la planche. Le sujet s’évade alors du matériel et de la situation vécue dans le réel (incarcération) pour se rapprocher des « bonnes expériences » (B2/8). Une référence stéréotypée (C/P4) termine le récit dans un mouvement de rejet des exigences du réel.

    • Problématique : Tout le récit renvoie à l’importance de l’investissement sensoriel, l’intensité et la qualité sensorielle servant de « contre-investissement » aux angoisses de perte sollicitées par la planche. Dans cette néo-réalité ressentie et vécue « objet » et « sujet » se trouvent confondus. L’investissement sensoriel quasi hallucinatoire permet une décentration de la problématique liée à l’absence, à la perte. Il s’avère aussi intéressant de noter que l’expérience sensorielle décrite s’inscrit dans un contexte de sensations auditives positives. Contexte qui, à mon sens, prend appui sur l’espace carcéral qui intègre fortement le matériel sonore. En somme, « le bruit » viendrait occuper la place de l’objet absent.

  • Planche 13 B
    • Procédés : L’entrée immédiate dans l’histoire (B2/1) permet au sujet de ramener le récit en son nom propre (C/N2). La décentration qu’implique la consigne n’est donc pas respectée, le sujet refusant de se projeter dans le personnage eu égard à la dimension dépressive sollicitée par la planche. Un silence (C/P1) permet l’éloignement du récit dans le temps (A2/4) dans un mouvement défensif qui permet d’éviter l’affect dépressif. L’insistance sur le repérage du seuil de l’habitat (C/N6) met l’accent sur le besoin de délimitation dedans/dehors. A nouveau la référence autobiographique (C/N2) implique un évitement de l’affect. Un autre silence (C/P1) donne une autre orientation au récit sous forme d’une formation réactionnelle (A2/10) qui renverse la pulsion agressive en son contraire. L’expression « doigts croisés » pour dire « bras croisés » (E17) semble condenser à la fois une mise à distance de l’affect dépressif (« croiser les doigts » qui consiste à éloigner magiquement les contenus angoissants) et de l’agressivité eu égard à la situation de détresse (« faire un doigt », repris en fin d’énoncée « un signe de la main »).

    • Problématique : Les affects dépressifs sont tenus à distance durant tout le récit. L’absence de l’objet réactive une situation de rupture d’étayage qui génère le besoin de renforcement de parois protectrices délimitantes (C/N6). Dans la mesure où la position dépressive ne peut être élaborée et dépassée, on assiste à l’apparition massive de mouvements pulsionnels agressifs qui suturent la dimension abandonnique. Dans ce contexte la quantité d’énergie mobilisée s’écoule selon les lois du processus secondaire (E17).

  • Planche 13 MF
    • Procédés : Après un temps de latence important (C/P1), la multiplication des hypothèses (A2/6) renforce le mouvement défensif suscité par d’importantes réactivations pulsionnelles. L’oscillation entre la description de l’homme et de la femme (C/N4) entraîne un télescopage des deux partenaires (E11) qui se manifeste par l’usage de pronoms « il » ou « elle ». La tendance à l’anonymat des personnages (C/P3) met en avant le terrain défensif dans lequel l’homme ne peut être pris pour responsable du décès. L’attaque du mauvais objet qui est explicite à travers le thème de l’empoisonnement (E14). Un changement brusque de direction (A2/14) donne une autre interprétation extrêmement érotisée avec une thématique sexuelle (B2/9). Les deux interprétations apparemment sans rapport sont sous tendues par le même fantasme (A2/9) qui est référé à la posture du personnage féminin (C/N4).

    • Problématique : L’oscillation continuelle entre les interprétations différentes montre à quel point les modalités fantasmatique et pulsionnelle sont fortement sollicitées. L’expression de la sexualité et de l’agressivité suscite deux interprétations différentes que le sujet refuse de mettre en lien. Compte tenu des angoisses de perte importantes l’expression du désir n’est pas permise. Les procédés témoignent d’une défaillance dans les capacités de liaison des mouvements agressifs par les mouvements libidinaux. Le thème de l’agressivité reste donc plus largement développé. Nous pensons que les grandes quantités d’énergie pulsionnelle ne peuvent qu’être traduites dans le déroulement d’un scénario agressif : la reconnaissance d’une situation duelle implique le retour du mauvais objet persécuteur. C’est dans ce contexte que nous pensons que les associations sont susceptibles d’être décryptées en termes de fantasmes de scène primitive réactivant des angoisses de destruction.

  • Planche 19
    • Procédés : L’expression nécessite un temps de recul (C/P1). La situation est transformée en un tableau (A2/12), ce qui permet l’évitement de fantasmes phobogènes. Le déroulement de l’histoire est presque refusé (C/P2). Le récit reste fondé sur la description de détails (A2/1) liés au besoin d’utiliser la réalité externe pour lutter contre les émergences internes. Le contexte hivernal (C/N5) est suivi d’un commentaire de la planche (B2/8) comme unique possibilité de prise de distance. Une autre interprétation (A2/14) tente de mettre à l’abri le sujet du premier thème entraînant un refoulement insuffisant des représentations liées à la « peur ». La dernière tentative d’interprétation reste envahie de représentations en lien avec la problématique de destruction (E9).

    • Problématique : Le stimulus réactive la problématique prégénitale et met à l’épreuve les aménagements de la séparation entre le dedans et le dehors. La « mise à plat » de l’histoire (procédés de la série A), la restriction du récit (procédés d’aménagements phobiques C/P), et l’apparition des processus primaires (E9) mettent l’accent sur l’irruption et la circulation d’affects et de fantasmes massifs de l’ordre de l’engloutissement ou de la destruction. Les limites poreuses entre le monde interne et le monde externe renvoient à des modalités de fonctionnement très archaïques. On peut évoquer les défaillances des expériences primitives permettant d’expulser le mauvais et de garder le bon qui mettent en évidence des représentations d’intrusion et de persécution qui renvoient implicitement à l’imago maternelle.

  • Planche 16
    • Procédés : Un temps de latence significatif (C/P1) est suivi par une décharge motrice (C/C1). Le sujet refuse la consigne (C/P5). Des références personnelles et autobiographiques (C/N2 et B2/8) caractérisent le blanc associé à l’absence, la frustration et la mort.

    • Problématique : La planche ne favorise pas l’émergence associative. L’imaginaire ne peut être convoqué. Le matériel déstabilise le patient dans le travail d’élaboration psychique. La régulation psychique emprunte la voie de décharge motrice, seule recours en vue d’évacuer l’excitation. Le blanc est aussitôt associé à l’absence de l’objet ; la perte relève du registre thanatique.