Chapitre 1 : le toucher : anatomie et physiologie.

Dans cette recherche, nous nous intéressons à la modalité tactile. Cette modalité peut se décomposer en deux axes. Le premier correspond au toucher passif, le second au toucher actif que l’on qualifie aujourd’hui, sur le modèle anglophone, d’haptique. Ce dernier met en action des mouvements volontaires qui peuvent prendre la forme de procédés d’exploration tels ceux décrits au cours d’explorations d’objets en trois dimensions (3D) par Lederman et Klatzky (1987). Le toucher actif allie donc une approche kinesthésique (du grec kinêsis signifiant mouvement) à une sensation cutanée (du latin cutis : peau) qui, pris isolément, constitue le toucher passif (Revesz, 1950). En résumé, et pour reprendre la définition de Loomis et Lederman (1986), le terme haptique regroupe tous les sous-systèmes sensoriels impliquant la peau, les muscles et les articulations.

Dans l’histoire de la psychologie, l’étude du toucher dans sa forme passive remonte au XVIII siècle avec les travaux de E. Weber. Les recherches de E. Weber, physiologiste allemand, (1795-1878) traitaient du système nerveux cutané de l’homme. Ce dernier cherchait notamment à mesurer la sensibilité tactile à différentes localisations du corps. Pour cela, il a conçu un outil nommé compas de Weber. Il a également réalisé le même type d’expérience avec la recherche du rapport perceptif minimal de poids perçus exclusivement par le toucher, c’est-à-dire sans l’intervention des muscles, autrement dit, sans soulèvement. Nous verrons ultérieurement que le soulèvement est un des procédés d’exploration haptique, mobilisant par conséquent une activité motrice volontaire, définie par Lederman et Klatzky (1987). Les travaux de Weber lui ont permis d’établir une loi, dite loi de Weber, postulant que « la différence de sensation reste égale quand le rapport des excitations reste égal ». Ainsi, la différence entre deux stimuli, n’est pas plus difficile à discriminer, pour des stimuli de faible amplitude que pour des stimuli de forte amplitude, à condition, que l’écart entre ces deux types de stimuli soit proportionnel. Cette loi a été reprise et mathématisée par Fechner (1801-1887) qui se chargea par là même de diffuser les travaux de Weber. Aujourd’hui, Weber est essentiellement connu pour son test de discrimination statique de deux points (1835). Ce test a permis à des auteurs tels que Moberg (1958) d’établir une cartographie palmaire des différentes discriminations en fonction des zones. Nous reviendrons sur ces diverses sensibilités tactiles un peu plus loin dans ce chapitre.

Nous nous sommes aperçus par ce bref historique des recherches sur le toucher, que l’étude de cette modalité était intimement liée à une approche physiologique. C’est pourquoi nous avons opté pour une description anatomique et physiologique du toucher pour débuter notre thèse. Ces données nous permettrons de mieux cerner ce qu’est le toucher et ainsi de mieux comprendre son fonctionnement.