1- L’organe du toucher : la peau.

La peau, organe du toucher par excellence représente quatre kilogrammes du poids d’un individu de soixante-dix kilogrammes. Elle recouvre la totalité du corps, ce qui correspond à une surface de trois à six mètres carrés. Elle sert de protection entre le corps interne et l’environnement. Elle intervient aussi comme frontière entre le corps et le milieu dans lequel ce dernier évolue. Par conséquent, elle a également un rôle de messager entre l’extérieur et l’intérieur. Elle doit principalement transmettre les informations externes au cerveau. Pour cela, elle possède différents récepteurs cutanés, répartis en concentrations plus ou moins fortes sur l’ensemble du corps et à des profondeurs variables selon leur spécificité.

Figure 1 : Reconstruction tridimensionnelle d’un fragment de peau d’après Tubiana et Thomine (1990)
Figure 1 : Reconstruction tridimensionnelle d’un fragment de peau d’après Tubiana et Thomine (1990)

La peau est constituée de trois couches : l’épiderme, le derme et l’hypoderme. Ces trois épaisseurs correspondent à chacun des trois feuillets primaires constitutifs de l’embryon. Ces trois feuillets sont : l’ectoderme, le mésoderme et l’endoderme. Chacun de ces feuillets va se développer séparément et former le corps humain. Ainsi, l’ectoderme est le précurseur de l’épiderme et permet grâce à la crête neurale qu’il possède de développer le système nerveux. Le mésoderme, tout comme l’endoderme est à l’origine des organes et fournit également le derme (Franceschini, 1994).

L’épiderme est la couche la plus superficielle de la peau. C’est elle qui est directement en contact avec l’extérieur, d’où son rôle de revêtement. Elle appartient de ce fait aux tissus épithéliaux * . L’épiderme est le support des poils, cheveux et ongles, ainsi que des glandes sudoripares et sébacées. Ces glandes sont responsables du nettoyage des pores, de la régulation thermique (sueurs) et de la protection du corps (sécrétion d’un film gras).

Le derme et l’hypoderme sont des tissus conjonctifs * *. Le derme est une couche très solide de la peau qui permet l’enracinement de l’épiderme et repose lui-même sur l’hypoderme. L’hypoderme quant à lui sert de réserve graisseuse, de protection thermique et d’amortisseur : nous nous faisons tout de même beaucoup moins mal en tombant sur une partie charnue de notre anatomie que sur la tête ; ceci grâce à la couche graisseuse hypodermique. Le derme a une fonction essentiellement métabolique et immunitaire. C’est également une partie de la peau très vascularisée et innervée.

Au cours de ces considérations physiologiques et anatomiques, nous avons peu parlé des récepteurs sensoriels. C’est l’un des paradoxes de cet organe de la peau. En effet, le toucher a deux fonctions principales : la protection du corps et par delà, le rôle de messager entre l’extérieur et l’intérieur. Contrairement à la vue, où l’œil est entièrement consacré aux réceptions de stimuli visuels (couleurs, formes, mouvements) la peau a des activités diversifiées, elle sert :

  • d’enveloppe protectrice,
  • de protection contre les agressions extérieures,
  • d’échange avec l’environnement,
  • de thermorégulateur,
  • elle a une fonction métabolique,
  • une fonction immunitaire,
  • et enfin une fonction sensorielle.

C’est cette dernière fonction qui nous intéresse plus particulièrement. Et encore, il ne s’agit que d’une partie de cette fonction. En effet, la fonction sensorielle englobe la perception de la douleur, de la chaleur, des vibrations, des chatouillements, des fourmillements, du contact, de la pression, de la douleur et de la sensation d’humidité. Selon la taille des fibres sensitives, les informations transmises diffèrent. Ainsi, les fibres myélinisées de grand diamètre seraient dévolues à la sensibilité discriminative, celles de petit diamètre seraient impliquées dans les sensibilités thermiques et algiques * localisées, tandis que les fibres non myélinisées transmettraient des informations algiques diffuses (Roll, 1994).

Voyons à présent comment se répartissent les récepteurs impliqués dans la perception tactile et comment les informations sont envoyées et traitées au niveau du cerveau.

Notes
*.

Epithélium : (du grec epi : sur et thêle : mamelon) Tissu formé d’une ou plusieurs couches de cellules et recouvrant le corps, les cavités internes, les organes...

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* Tissu conjonctif : Tissu servant à unir des parties organiques, autrement dit, des parties du corps.

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algique : relatif à la douleur.