2- Les recepteurs

Les plus gros récepteurs de la peau, de 1 à 2 mm de diamètre, sont les corpuscules de Vater-Pacini, ils se situent dans la partie la plus profonde de la peau (l’hypoderme). Ils sont principalement localisés au niveau des muscles et des articulations. Ces récepteurs et les fibres nerveuses qu’ils activent ont une conduction rapide, c’est-à-dire qu’ils réagissent et transmettent rapidement l’information. Ils interviennent lors de la perception de vibrations (Rosenzweis et Leiman, 1991). Ces cellules apparaissent très précocement dans la vie intra-utérine du fœtus (vers la septième semaine dans la région péri-buccale et vers la onzième semaine sur les doigts). Du fait de leur large anatomie, la précision de ces cellules est faible. Les informations transmises ne permettent donc pas au cerveau de localiser les stimuli. Mais leur rapidité de réaction leur autorise la perception de stimulations de fréquences faibles comme de fréquences élevées.

Tableau I : Caractéristiques des différentes couches constitutives de la peau d’après Rosenzweis et Leiman, (1991)
Tableau I : Caractéristiques des différentes couches constitutives de la peau d’après Rosenzweis et Leiman, (1991)

Les seconds mécanorécepteurs à adaptation rapide sont les corpuscules de Meissner. A l’opposé des corpuscules de Vater-Pacini, ils ne répondent pas aux stimuli vibratoires mais sont directement impliqués dans la discrimination et dans la localisation spatiale. Ils sont d’ailleurs en grand nombre dans les zones corporelles permettant une discrimination fine comme les extrémités des doigts, la langue ou encore les lèvres. Ils se situent dans la zone superficielle du derme c’est-à-dire proche de l’épiderme. Leur capacité de localisation précise des stimuli tient dans leur petite taille (100 à 150 µm) et dans leur fréquence : trois cent cinquante par centimètre carré (Tubiana & Thomine, 1990). Le second facteur de cette capacité discriminative fine réside dans la structure de la peau. L’épiderme épouse la forme des récepteurs du derme. Cette structure irrégulière assure la parfaite adhésion de l’épiderme au derme. Une bonne illustration de cette irrégularité se trouve dans les empreintes digitales des doigts. En effet, l’épiderme recouvre et épouse parfaitement le relief formé par les crêtes papillaires du derme. La couche cornée renforce ce phénomène et nous pouvons alors observer les empreintes digitales. L’arrangement de ces crêtes papillaires étant unique et original pour chaque sujet, il sert à identifier les individus notamment dans le cadre médico-légal. Cette structure irrégulière a pour conséquence d’augmenter le nombre de récepteurs activés : les crêtes épidermiques activant les récepteurs se situant à proximité sous l’effet de la pression de l’épiderme (figure 2).

Figure 2 : Rôle des crêtes épidermiques dans la stimulation des corpuscules de Meissner d’après Tubiana et Thomine (1990).
Figure 2 : Rôle des crêtes épidermiques dans la stimulation des corpuscules de Meissner d’après Tubiana et Thomine (1990).

En fonction du degré d’activation de chacune des cellules, une localisation précise pourra être établie. La meilleure perception (la plus grande activation et la plus précise) résulte d’une stimulation perpendiculaire à la peau. Ces cellules s’individualisent plus tardivement (entre la vingt-quatrième et la trentième semaine) au cours du développement intra-utérin du fœtus que les premières.

Les cellules de Merkel se situent à la frontière du derme et de l’épiderme. Elles se caractérisent par des terminaisons nerveuses en forme de disques. Ce sont des mécanorécepteurs à adaptation lente.

Les corpuscules de Ruffini, implantés dans le derme en raison de leur grande taille et de leur champ mal défini (Roll, 1994), sont sensibles aux déformations rapides, ce qui leur confère un rôle important dans la discrimination temporelle des stimuli. En revanche, leur rôle est mineur dans la discrimination spatiale : leur forme ne leur permettant pas d’établir une localisation précise des stimuli.

Ces quatre récepteurs sont les principaux récepteurs de la perception tactile. Toutefois, nous pouvons préciser leurs rôles en fonction des types de récepteurs auxquels ils appartiennent. En effet, deux catégories de récepteurs ont été répertoriés.