6-2 Le type de mouvement

Un autre point important réside dans le type de mouvement. Paillard (1994) a distingué des composantes morphocinétiques et topocinétiques. Les morphocinèses sont des mouvements suivant une trajectoire cursive dans l’espace bidimensionnel. Ils obéissent à un principe d’isogonie c’est-à-dire d’invariance de la vitesse angulaire même lors d’un changement de rayon de courbure (Paillard, 1990 ; Viviani et Terzuolo, 1982). Les morphocinèses impliquent essentiellement un mode de référence égocentré alors que les topocinèses se réfèrent à un mode exocentré. Les topocinèses sont des actes graphiques réalisés par la main dans un espace orienté. Le repérage spatial dans un espace est fondamental pour la réalisation de ces mouvements. Dans une activité d’écriture, les morphocinèses se retrouvent dans la formation des lettres et les topocinèses dans le repérage, la ponctuation, les accents et les changements de lignes. Pour généraliser, nous pourrions dire que les morphocinèses sont des mouvements courbes alors que les topocinèses sont géométriques. Ces mouvements sont particulièrement présents dans l’écriture, cependant, ils peuvent être relevés lors d’une exploration haptique du contour d’un objet, pour suivre la forme globale par exemple. Selon le procédé d’exploration haptique utilisé, les sujets seront amenés à réaliser des mouvements différents. Ainsi, dans le repérage des différentes parties d’un objet, les topocinèses seront présentes, tandis que dans le suivi du contour, les morphocinèses seront sans doute plus pertinentes. Or, l’utilisation des morpho ou des topocinèses a une incidence sur le cadre de référence des sujets (interne pour les morphocinèses, externe pour les topocinèses). Ces considérations auront donc probablement un effet sur les explorations.