4- La notion d’apprentissage

4-1 Définition

La définition courante de l’apprentissage est celle d’apprendre un métier ou un savoir-faire. Mais comment ce savoir-faire est-il acquis ? La notion d’acquisition induit la notion de répétition. Ainsi, Reuchlin (1996) considère qu’il y a apprentissage lorsqu’un sujet modifie sa conduite durablement et systématiquement à force de se retrouver plusieurs fois dans la même situation. Dans cette définition, les effets de l’apprentissage sont mis en avant mais pas son mécanisme. Ce qui est observé, c’est la modification du comportement, or, le comportement n’est pas obligatoirement modifié dans l’instant, et ce, même si l’apprentissage est bien effectif (Craddock et Guerrien, 1998 ; Doré et Mercier, 1992). Au moment de l’observation, les conditions ou la motivation du sujet ne permettent pas forcément la mise en place du comportement modifié. La modification du comportement n’est, en effet, qu’une manifestation de l’apprentissage et non l’apprentissage en tant que tel. De plus, un certain temps est parfois requis pour que l’apprentissage soit réellement effectif, c’est-à-dire pour qu’il se révèle au travers d’un comportement. L’apprentissage est alors achevé mais pas encore opérationnel. Ce laps de temps nécessaire entre l’apprentissage lui-même et l’observation de ses effets puise son origine dans les changements internes à l’individu, notamment au niveau des représentations * . En effet, pour Doré et Mercier (1992) « l’apprentissage consiste à construire ou à modifier la représentation qu’un organisme a de son environnement. ». Or, si les représentations évoluent sur la base d’informations issues de l’environnement, les informations n’agissent pas systématiquement sur les représentations. Elles sont parfois mémorisées sous forme de souvenirs, avant d’intervenir directement dans le processus de modification des représentations. La modification des représentations, qui induit une modification des potentialités d’un individu (Craddock et Guerrien, 1998) n’intervient donc pas au moment même où les performances et le comportement sont observés. De plus, pour que les représentations puissent être modifiées, il ne faut pas qu’elles soient en contradiction totale avec les informations nouvelles, ni exactement identiques, ce qui évidemment ne serait aucunement informatif (Roitblat, 1982, 1987).

Notes
*.

représentation : modèle intériorisé que l’individu construit de son environnement et de ses actions sur l’environnement (Craddock et al 1998)