5-2 Le modèle de la vicariance

Les différences issues de ces organisations ont nécessairement une incidence sur le choix des processus, ce qui nous ramène à la notion de vicariance. Concrètement, la vicariance cognitive (Reuchlin, 1978) pose l’hypothèse que dans une situation donnée, le sujet peut choisir entre plusieurs stratégies selon la probabilité de réussite de chacune.

Figure 8 : Les Processus vicariants, d’après Reuchlin (1978).
Figure 8 : Les Processus vicariants, d’après Reuchlin (1978).

Par exemple, face à une situation (S), les processus A, B et C sont disponibles. Le choix de ces processus peut aboutir à une réussite comme à un échec, dans un temps variable. Le sujet aura tout intérêt à choisir la stratégie qui a la probabilité de réussite la plus élevée dans un minimum de temps, c’est-à-dire avec le meilleur rapport qualité/temps. Mais, pour une tâche requérant de la rapidité, il sera préférable de miser sur le temps d’exécution le plus court, en faisant le plus possible abstraction du résultat. Inversement, dans une tâche où prime la qualité, le sujet optera certainement pour le processus le plus performant, quelle que soit la durée d’exécution nécessaire. Supposons, à présent, que la stratégie la plus adéquate pour résoudre la tâche nécessite un traitement visuel. Que se passe-t-il pour une personne aveugle tardive ? Dans ce cas, cette personne ne pourra pas recourir à ce processus. En revanche, elle pourra réaliser sa tâche grâce aux autres processus à sa disposition, même si cela lui demande plus de temps, plus d’énergie (processus moins économique) ou un risque plus grand d’échec. Elle aura ainsi pallié à son déficit par un processus vicariant. Pour une personne aveugle de naissance, avec une structuration cognitive originale, il est probable que le processus en question n’existe tout simplement pas. A la place du processus A, la personne aura développé des processus originaux, passant par d’autres modalités. Parallèlement les processus B et C des voyants et des aveugles tardifs diffèrent certainement en raison de la réorganisation de la structuration cognitive des aveugles tardifs.