6-2-2- Le modèle par appréhension haptique directe

Klatzky et Lederman (1987) ont donc proposé un autre modèle sans intervention d’un recodage visuel : c’est le modèle par appréhension haptique directe (figure 9). Ce modèle postule que le système haptique serait multidimensionnel, c’est-à-dire qu’il serait capable de classer les informations selon des critères : de structure (taille, forme, poids,...), de substance (dureté, élasticité, température, texture,...) et de fonctionnalité. Une représentation haptique serait alors élaborée sur la base de ces connaissances. De même, une partie de l’information rejoindrait les connaissances en mémoire sur l’objet touché et permettrait de compléter la représentation commune. Pour Klatzky et Lederman (1987), le système haptique est un système perceptif séparé des autres, avec son propre style de traitement et son propre système physiologique. Cependant, après de nombreuses étapes de traitement, un processus commun entre la vision et la modalité haptique permettrait la construction d’une représentation commune, sachant qu’à ce niveau de traitement, le classement des informations selon leurs propriétés (de structure et de substance) est effectué.

Les informations de substance, sont pour ces auteurs, des informations spécifiques à la modalité haptique ne passant donc pas par la modalité visuelle, ce qui justifie leur modèle par appréhension haptique directe. Cependant, Lederman, Klatzky et al. (1990) pensent que ce mode d’appréhension est peu adapté aux objets en 2D en raison de la séquentialité de l’exploration, d’où les faibles performances des sujets (33% de réussite pour les voyants ; 10% pour les aveugles). La séquentialité de l’exploration existe également pour les objets en 3D. Toutefois, toutes les informations ne sont pas disponibles sur des objets en 2D (volume,..). De ce fait, l’unité perceptive est plus difficile à former.