4- Les activités cognitives impliquées dans la résolution d’une tâche haptique

La situation où le sujet est amené à modifier son comportement, rappelle les conditions de l’apprentissage, et notamment celles de l’apprentissage direct. Certes, nous ne sommes pas dans le cadre véritable d’une situation d’apprentissage, puisqu’elle implique une modification durable et systématique du comportement (Reuchlin, 1996). Cependant, nous sommes dans une situation qui pourrait entraîner un apprentissage. En effet, si un sujet est novice dans une tâche haptique, ses connaissances sur les procédures exploratoires sont faibles voire inexistantes. Or, pour mener à bien une exploration en terme de durée d’exploration et d’efficacité, il est indispensable de sélectionner le plus rapidement possible, la ou les procédures exploratoires permettant de résoudre la tâche. Dans l’apprentissage direct, le sujet va analyser les conséquences de son action et acquérir ainsi de nouvelles connaissances. Ces connaissances, par un mécanisme de rétroaction lui permet d’établir un lien entre ses actions et leurs résultats. Il pourra ainsi produire des inférences sur la base d’un raisonnement en situation (chapitre 3) puis modifier ses actions en conséquence. Cet apprentissage permettra au sujet de construire, dans un premier temps, des connaissances spécifiques à la situation et dans un second temps, des connaissances générales sur les procédures d’exploration (apprentissage par la découverte (Richard J.F, 1998)).

Pour conclure, nous allons essayer de comprendre comment les trois axes de la cognition se répartissent dans la boucle sélection-extraction des EP de Klatzky et Lederman (1993) et dans la boucle révisée de Russier (2000).

Le premier axe est la perception, avec le traitement des informations sensorielles. C’est l’entrée de la boucle avec l’objet et l’extraction des propriétés.

Le second axe est le mental avec les activités mentales et notamment les activités :

Cet axe correspond aux deux dernières étapes de la boucle, autrement dit :

La possibilité de retour entre la construction d’une représentation de l’objet et les différentes possibilités d’extraction de l’information, ajoutée par Russier (2000) engage une activité de raisonnement, comme nous l’avons mis en évidence précédemment.

Le dernier axe est la motricité. La réalisation comportementale des actions (programmation motrice, exécution, contrôle des mouvements) s’effectue lors de la vérification du jugement, avec la mise en place d’un comportement moteur volontaire. Cette activité est indiquée par la flèche retour (feedback) reliant la décision (sortie) à l’objet (entrée) dans la boucle révisée (Russier, 2000). Elle intervient également à un niveau plus précoce de traitement, lors de la mise en place volontaire d’une programmation motrice, basée sur le résultat des inférences du sujet pendant la phase de raisonnement (flèches retours partant du module ‘construction de la représentation’ aux modules ‘d’exécution des EP’ dans le but d’extraire une ou plusieurs propriétés).

La reconnaissance et l’identification haptiques sont donc des activités complexes. Pour comprendre comment les différentes étapes et paramètres sont imbriqués les uns aux autres, Klatzky et Lederman (1993) ont proposé un modèle général de l’identification haptique des objets. Nous nous proposons à présent d’étudier ce modèle en lien avec ce que nous avons présenté jusqu’ici.