5- Le modèle de la macrostructure de Klatzky et Lederman (1993)

Nous avons vu qu’une large part du travail de Lederman et Klatzky repose sur l’étude de la reconnaissance et de l’identification d’objets par la modalité haptique. Leurs recherches les ont conduit à la construction d’un « modèle de la macrostructure de l’identification haptique d’objets » (Klatzky et Lederman, 1993). L’étude de ce modèle nous permettra de reprendre succinctement toutes les notions que nous avons exposées dans ce chapitre.

Cette macrostructure prend en compte, à la fois les différents récepteurs sensoriels du système haptique (peau, muscles, tendons, articulations) et les mécanismes variés et spécifiques de ces récepteurs (réaction à la pression, vibration, température, changement de position ou mouvements des membres,...) mais aussi les propriétés des objets (substance, structure, fonction), sans omettre les procédures exploratoires mises en place par le sujet pour extraire les propriétés générales des objets. Ce modèle illustre parfaitement les trois niveaux d’activité cognitive qui sont la perception, le mental et la motricité (Richard J.F, 1998).

Dans le modèle de la macrostructure, Klatzky et Lederman établissent une analogie entre l’exploration visuelle des mots et l’exploration haptique d’un objet. Pour cela, elles se réfèrent au modèle connexionniste de la lecture de Just et Carpenter (1980). Klatzky et Lederman définissent autant d’étapes de traitement pour l’identification d’un objet que Just et Carpenter pour la compréhension d’un texte. La première étape est le déplacement du regard ou de la main sur un nouveau mot ou une nouvelle région de l’objet. Cette étape de l’attention sur une nouvelle localisation est particulièrement informative sur les processus internes (Klatzky et Lederman, 1993). Lacreuse, Fagot et Vauclair (1996) conçoivent même les procédés d’exploration comme les indicateurs privilégiés des processus de traitement de l’information haptique. La seconde étape est l’interprétation locale de la région ou du mot avec l’extraction des propriétés de l’objet ou l’accès au sens du mot. La troisième étape est une phase de construction de la représentation de l’objet ou du sens du texte. Enfin, la dernière étape est un retour à la première avec le déplacement de l’œil ou de la main sur un nouvel emplacement. Ainsi, un parallèle est établi entre la construction du sens d’une phrase à partir de l’association logique des mots, et l’identification d’objets à partir de l’association des propriétés de toutes les parties de l’objet. Toutes ces informations seront confrontées et participeront à la construction d’une représentation unitaire de l’objet ou du texte.

Le modèle de la macrostructure proposé par Klatzky et Lederman (1993) se compose de quatre grands modules (figure 13) :

Ces modules sont reliés entre eux selon la nature de leurs relations. Dans une exploration haptique, le premier composant à intervenir est le composant sensori-moteur, puis le composant des procédures exploratoires suivi du composant de propriété et enfin le composant d’objet qui permet l’identification.