10- Les aveugles

Seize personnes aveugles résidant dans la région lyonnaise ont participé à l’expérience. Huit étaient aveugles précoces et huit autres étaient aveugles tardives.

Le groupe d’aveugles précoces était composé de 5 femmes et de 3 hommes droitiers. L’âge moyen de ces sujets était de 45 ans et 6 mois avec un écart-type de 14 ans 1 mois. Toutes les personnes lisaient le braille, 7 en lecture bimanuelle et une en lecture unimanuelle. Leur niveau de scolarité était variable. Une personne s'est arrêtée au certificat d'études, une en classe de 5ième, une en 4ième, une en 3ième, une a obtenu le BEPC, deux le CAP et une avait le niveau bac+4. Les causes de cécité étaient la rubéole (2 personnes), la suroxygénation à la naissance (3 personnes), l'absence de nerf optique, la consanguinité et une cause inconnue. Sur les 8 aveugles précoces, 7 étaient aveugles de naissance et la dernière a perdu la vue au cours de sa deuxième année de vie, à la suite d’une cataracte congénitale liée à une rubéole maternelle.

Le groupe d’aveugles tardifs était constitué de 4 femmes et 4 hommes droitiers. Leur âge moyen était de 36 ans avec un écart-type de 10 ans 7 mois. Ils lisaient tous le braille, 4 en lecture bimanuelle et 4 en lecture unimanuelle. Leur niveau de scolarité était le CM2 pour une personne, le CAP pour une, le BEP pour deux, la 3ième pour une, le niveau bac+2 pour une et la licence pour une autre. L'origine de leur cécité résultait d'accident (2 personnes), de rétinitites (3 personnes), d'écrasements des nerfs optiques, ou d'angiome rétinien ou de maladie génétique. L’expérience visuelle des aveugles tardifs variait de 3 à 33 ans (3, 6, 20(x2), 21, 24, 25 et 33ans) et quatre conservaient une perception lumineuse.

La France définit la cécité par une perception visuelle inférieure à 1/20° au meilleur des yeux après correction ou par un champ visuel de 10° au moins à chaque œil (Griffon, 1995). De grandes différences peuvent donc être relevées entre des sujets atteints de différentes formes de cécité. Or, ces différences peuvent avoir des conséquences sur le comportement et le développement cognitif des sujets. Nous avons donc essayé de limiter les différences de perception de façon plus précises, en adoptant les critères de cécité définis par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette organisation distingue en effet, cinq niveaux principaux d’atteintes visuelles plus un niveau d’atteinte indéfinie. Trois de ces critères correspondent à une cécité telle que définie en France. Nous avons recherché des personnes ayant un niveau de cécité correspondant aux critères 4 et 5 de l’OMS. Autrement dit, la perception visuelle des sujets après correction était inférieure à 1/50° avec au minimum une perception de la lumière (catégorie 4) ou sans perception lumineuse (catégorie 5). Une seule personne appartenait à la catégorie 6, avec une atteinte indéfinie.