2-2 Le statut visuel :

2-2-1 Résultats attendus

Nous avons vu jusqu'à présent que l’amélioration des performances des aveugles est très relative. D’autre part, nous avons supposé précédemment que le choix du processus de diagnosticité participait à la résolution de problème. Si les aveugles ont de bonnes performances dès la première épreuve, c’est donc qu’ils ont mis en place des processus performants qui leur ont permis de trouver rapidement le critère de différenciation des figures. Ainsi, les erreurs d’amplitudes élevées (6mm ou plus) devraient être peu nombreuses dès la première épreuve. Pour les amplitudes moyennes (4mm), les aveugles devraient avoir moins d’erreurs que les voyants, en raison de leur expérience haptique. Cette expérience devrait leur permettre de prêter attention à des écarts plus restreints que les voyants. Ceci ne veut pas dire que les aveugles perçoivent mieux, mais que plus habitués aux situations haptiques, ils seront moins distraits par la somme des informations issues de la perception. En effet, nous avons vu que la perception haptique est séquentielle et qu’elle nécessite une étape de traitement importante de construction d’une unité perceptive. Par conséquent, les sujets doivent trier les informations. L’expérience permet de sélectionner plus rapidement les informations pertinentes mais pas forcément de mieux discriminer les différences. L’entraînement joue un rôle à ce niveau là pour les aveugles. Il permet aux sujets d’une part, d’affiner leurs procédés d’exploration et d’autre part, de se créer des représentations des longueurs afin de différencier des écarts de plus en plus fin. Ainsi, les erreurs moyennes (4mm) devraient être moins nombreuses à l’épreuve 2 aussi bien pour les voyants que pour les aveugles. Pour les erreurs de 2mm, l’amélioration devrait être moins nette du fait de la plus grande difficulté de différenciation des longueurs.

Tableau XIX : Moyennes et écarts-types du nombre d’erreurs selon le groupe, l’épreuve et le type d’erreurs.
Tableau XIX : Moyennes et écarts-types du nombre d’erreurs selon le groupe, l’épreuve et le type d’erreurs.

Une analyse de la variance à trois facteurs (groupes [voyants vs aveugles précoces vs aveugles tardifs] x épreuves [épreuve 1 vs épreuve 2] x types d’erreurs [2mm vs 4mm vs 6mm et plus]) avec mesures répétées sur les deux derniers facteurs a été effectuée.