3-4 Le passage aux hexagones

Jusqu'à présent, nous avons analysé les performances et leur évolution au travers et à l’issue des séances d’entraînement. Une question que nous pouvons nous poser est de savoir si les entraînements sont bénéfiques sur d’autres figures ou bien l’amélioration des performances est-elle limitée aux figures présentées lors des entraînements ? Pour répondre à cette interrogation nous allons analyser les résultats des sujets aux hexagones. Dans cette tâche, les sujets se sont trouvés dans une situation de résolution de problème où ils ont dû procéder à une activité de compréhension de la tâche par analogie. En effet, la tâche est relativement semblable à celle proposée aux épreuves et aux entraînements, mais les figures sont différentes et une adaptation est de rigueur. Un raisonnement en situation est donc nécessaire pour modifier le processus de résolution de la première tâche à la nouvelle situation. Cette nouvelle situation requiert de la part des sujets de transformer ses hypothèses sur l’exploration des figures et de retrouver le critère de différenciation des figures malgré le changement de forme. Cette situation place le sujet dans une situation d’apprentissage par la découverte où le sujet passe d’une tâche à une autre très proche de la première mais nécessitant cependant de procéder à quelques changements. Nous postulons que la phase d’entraînement va aider les sujets à s’adapter à la nouvelle situation. En effet, si les entraînements ont permis aux sujets de décortiquer la situation en profondeur et donc de comprendre les mécanismes qui sous-tendent sa résolution, le passage à une situation proche devrait être facilité. Nous devrions donc obtenir de meilleures performances pour le groupe haptique que pour le groupe auditif. De plus, les aveugles devraient conserver leur avance sur les voyants. Leur expérience haptique devrait leur permettre de s’adapter plus aisément à la nouvelle situation.

Nous avons effectué une analyse de la variance à un facteur (groupes [voyants haptique, aveugles précoces, aveugles tardifs vs voyants auditifs]).

Tableau XXII : Moyennes et écarts-types des bonnes réponses selon le groupe.
Tableau XXII : Moyennes et écarts-types des bonnes réponses selon le groupe.

Les analyses ne montrent pas d’effet significatif (F(3,28)=1.88, p=.393. Cependant, la forme du graphique laisse entrevoir des performances inférieures pour le groupe de voyants ayant suivi un entraînement auditif. Nous avons donc regardé les contrastes. Les performances des voyants haptiques sont comparables à celles des aveugles précoces (p=.793) et des aveugles tardifs (p=.896) et celles des aveugles précoces semblables à celles des aveugles tardifs (p=.894). Les performances des voyants auditifs tendent légèrement à différer de ceux des aveugles précoces (p=.124) et des aveugles tardifs (p=.157), la tendance est encore moins nette avec le groupe de voyants haptiques (p=.197).

Figure 30 : Moyennes des bonnes réponses en log(x+1) selon le groupe.
Figure 30 : Moyennes des bonnes réponses en log(x+1) selon le groupe.