2-1 Les voyants

2-1-1 Résultats attendus

A plusieurs reprises, nous avons parlé du choix d’un processus descendant (Klatzky et Lederman, 1987) pour rechercher de l’information. Ce type de processus est particulièrement adapté à notre situation, à condition que les sujets gardent en mémoire le critère de différenciation des items découvert lors des entraînements. Les entraînements leur offraient la possibilité de connaître immédiatement le résultat de leur choix en terme de juste ou faux et donc de tester différents critères et de modifier leurs inférences en fonction du résultat de leur action. En effet, le retour constant leur a permis de se rassurer sur leur exploration et la décision qui lui succède. Or, lors des épreuves, aucun retour n’est donné aux sujets pendant la passation. Certains d’entre eux peuvent donc être décontenancés et perturbés par cette absence de retour. Nous postulons que les items comportant de gros écarts entre les distracteurs vont permettre aux sujets d’une part de se remémorer le critère de discrimination et d’autre part, de se rassurer sur leur décision. En effet, lorsque l’écart entre deux figures est important, la perception des différences de longueur sera plus facile. De ce fait, les sujets seront confortés sur le critère de différenciation et par conséquent, ils seront rassurés sur leur démarche et leur décision. Nous nous attendons donc à ce que le groupe haptique améliore de façon significative ses performances pour les écarts les plus importants (4 et 6mm ou plus). L’amélioration sera perceptible dans une moindre mesure pour des items où l’écart entre les distracteurs est faible (2mm). Le groupe auditif quant à lui ne devrait pas s’améliorer entre les épreuves quel que soit le type d’écart. Au niveau du temps d’exploration, si notre hypothèse concernant à la fois le manque de dextérité des voyants en matière de procédés d’exploration haptique et un mode de raisonnement spécifique aux personnes avec expérience visuelle est valide, nous ne devrions pas observer de réduction du temps d’exploration entre les épreuves pour le groupe haptique, et ce quel que soit l’écart entre les distracteurs. Pour le groupe auditif, une diminution du temps d’exploration a été observée entre les épreuves. Cette diminution a été attribuée à un biais expérimental résultant de la rapidité de résolution des items lors de l’entraînement auditif. Les temps d’exploration devraient donc diminuer proportionnellement pour tous les écarts.

Comme pour l’analyse précédente, les écarts entre les distracteurs étaient variables : dans 16 items l’écart entre les distracteurs était de 2mm, dans 12 items, l’écart était de 4mm et dans 12 autres l’écart était de 6mm ou plus. Nous avons donc procédé à des analyses séparées.