2-1-5 Discussion générale

Il y a autant d’items comportant des écarts de 4mm que des écarts de plus de 6mm. De plus, l’amplitude maximale d’erreur est la même pour ces deux types d’items. Or, une amélioration est relevée pour des écarts de 6mm et plus au niveau des amplitudes d’erreurs mais pas pour des écarts de 4mm. La diminution de l’écart entre les distracteurs semble donc provoquer une augmentation des amplitudes d’erreurs, ce à quoi nous nous attendions. Or, une amélioration est visible pour des écarts de 2mm entre les distracteurs, aussi bien pour le nombre de bonnes réponses que pour les amplitudes d’erreurs. Ces données viennent donc ruiner notre hypothèse. Une interprétation de ces résultats réside peut-être dans le niveau de vigilance des sujets. En effet, lors des entraînements le groupe haptique a appris à affiner son jugement sur l’estimation des longueurs, du moins pour les personnes qui ont découvert le critère de différenciation des figures. Les écarts de 6mm et plus leur sont donc plus faciles à discriminer et ils parviennent à éviter les grosses erreurs, à défaut de réussir systématiquement. En effet, ce n’est pas parce que l’écart entre les distracteurs est important et qu’ils peuvent éliminer une des propositions qu’ils trouvent nécessairement la bonne solution. L’élimination d’une des possibilités réduit seulement le risque d’erreur. De même pour des écarts faibles entre les distracteurs, les sujets vont redoubler de vigilance pour repérer les différences. De ce fait, des erreurs vont être évitées ou diminuer d’amplitude. Lorsque l’écart entre les distracteurs est de 4mm, la différence n’est pas suffisamment importante pour éliminer rapidement l’une des possibilités et trop faible pour permettre une bonne réussite. Nous pourrions toutefois rétorquer à cette argumentation que le risque moyen d’erreur pour chaque item, varie en fonction du type d’écart. En effet, le risque moyen d’erreur pour des écarts de 2mm est de 3,375mm, contre 2,5mm pour des écarts de 4 et 6mm ou plus. Or, plus l’amplitude d’erreur maximale est grande, plus il est facile d’éviter les erreurs. Ce qui explique que les items avec 2mm d’écart entre les distracteurs aient été mieux réussies que les items avec 4mm.

Au niveau des temps d’exploration, les données viennent valider nos hypothèses. Le temps d’exploration n’évolue pas différemment en fonction des écarts entre les distracteurs. La diminution des temps d’exploration du groupe auditif est observable pour l’ensemble des écarts. Par ailleurs, le temps d’exploration du groupe haptique reste stable entre les épreuves. Quelle que soit la difficulté des items, le temps d’exploration ne varie pas. Le temps d’exploration ne traduit donc pas la difficulté des items, mais d’une part, la mise en place et l’exécution des procédés d’exploration, et d’autre part, un mode de raisonnement spécifique aux sujets ayant ou ayant eu une expérience visuelle. Nous retravaillerons cette double hypothèse d’un manque d’expérience et de manipulation des procédés d’exploration haptique chez les voyants, associé à un mode de raisonnement spécifique, dans une perspective différentielle du statut visuel et haptique des sujets lors de la comparaison des voyants et des aveugles.