4- L’influence de la figure

Jusqu'à présent, nous avons envisagé la difficulté des items en lien avec l’écart entre les distracteurs et le modèle, avec la ressemblance des distracteurs. Mais nous n’avons encore parlé du rôle de la figure. En effet, les figures étaient plus ou moins allongées. Or, Heller, Calcaterra, Burson et Green (1997) ont montré que la perception des longueurs est surestimée de façon proportionnelle à la longueur réelle. Cet effet a été observé pour des figures d’au moins 2,5mm de longueur. Nous devrions donc retrouver l’incidence de ce facteur sur les performances. Les figures les plus allongées devraient être perçues plus grandes que les autres. L’amélioration des performances devrait donc passer par les figures les plus longues. Cependant, la longueur de nos figures est comprise entre 17 et 25mm. De ce fait, la surestimation de la longueur ne devrait apparaître que pour la figure la plus allongée. Les performances sur cette figure devraient être supérieures aux autres dès la première épreuve. Nous postulons que l’entraînement va accentuer cette supériorité des performances à la deuxième épreuve. Cependant, pendant les entraînements, les sujets vont avoir un espace pour affiner leur exploration et abaisser le seuil de leur perception, dans la limite des seuils physiologiques. Ce qui ne veut pas dire que les sujets vont développer leur perception mais qu’ils vont sélectionner les informations pertinentes et affiner leurs procédés exploratoires. Ils seront plus attentifs aux variations et plus précis dans leur analyse des différences. Le statut visuel ne devrait donc pas être un critère de différenciation, c’est-à-dire que les voyants comme les aveugles tardifs devraient obtenir des résultats comparables aux aveugles précoces. En revanche, le statut haptique devrait intervenir, c’est-à-dire que les voyants devraient être moins performants que les aveugles. Pour résumer, nous pensons que les sujets vont réussir pour les mêmes figures quel que soit leur groupe. En revanche, ils vont obtenir des performances différentes selon leur expérience haptique. L’entraînement va permettre aux sujets inexpérimentés (voyants) de combler en partie leurs lacunes en terme de modalité haptique et de réduire l’écart entre eux et les groupes plus expérimentés en la matière (aveugles tardifs et précoces).

D’autre part, nous avons postulé que le temps d’exploration traduit plus un mode de traitement que la difficulté des items. Nous pensons donc observer des temps d’exploration plus longs pour les voyants et les aveugles tardifs et ce, quelle que soit la figure. En revanche, des variations peuvent apparaître entre les figures. Lors de l’analyse des temps d’exploration pour les items avec 2 ou 4mm et plus d’écart entre la cible et le distracteur le plus ressemblant, nous avons obtenu des temps d’exploration inférieurs pour les écarts les plus difficiles à repérer (2mm). Cette différence s’expliquait par une limite physiologique de la perception des différences. Dans le cadre des figures, ce seuil n’intervient pas directement si ce n’est dans la comparaison entre les figures. Ainsi, un effet de la difficulté devrait apparaître sous la forme de variation des temps d’exploration. Ainsi, la figure la plus allongée devrait être repérée plus rapidement que les autres.