4-1-6 Discussion générale pour les figures

Un effet principal du groupe n’est observé ni pour les amplitudes d’erreurs ni pour le nombre de bonnes réponses. Cependant, un effet de l’interaction groupes x épreuves émerge pour les deux analyses. L’étude des contrastes indique que le groupe haptique améliore significativement ses performances, contrairement au groupe contrôle qui n’évolue pas. L’absence d’effet de groupe s’explique par le fait que les deux groupes haptique et auditif sont semblables au départ. Ils se distinguent uniquement au niveau de l’épreuve 2. De ce fait, trois des quatre comparaisons sont identiques et masquent les changements survenus dans le quatrième cas.

D’autre part, un effet principal de l’épreuve est observé pour les amplitudes d’erreurs mais pas pour le nombre de bonnes réponses. Ceci signifie que les sujets, même s’ils ne parviennent pas à trouver la bonne réponse, améliorent tout de même leurs performances en diminuant leurs amplitudes d’erreurs. Cela laisse supposer qu’ils font moins de grosses erreurs, c’est-à-dire qu’ils confondent des figures plus proches après l’entraînement qu’avant. L’analyse des types d’erreurs a d’ailleurs montré que le nombre des erreurs de 6mm et plus baissait significativement lors de la seconde épreuve.

Nous obtenons un effet principal de la figure pour le nombre de bonnes réponses (p=.031) mais pas pour les amplitudes d’erreurs (p=.084) même si une tendance se dessine. La figure B est la figure obtenant le moins de bonnes réponses, ce qui ne signifie pas que les sujets font des erreurs de plus grandes amplitudes. L’interaction épreuves x figures n’est significative ni pour le nombre de bonnes réponses (p=.387) ni pour les amplitudes d’erreurs (p=.131). Pour expliquer ce résultat, nous avancerons la même explication que précédemment, à savoir que les changements observés ne pouvant résulter que du groupe haptique à l’épreuve 2, les différences sont pondérées par le groupe auditif. De la même manière, les effets de l’interaction groupes x figures sont atténués par l’épreuve 1. L’interaction n’est pas significative pour le nombre de bonnes réponses (p=.398), en revanche, l’effet est présent pour les amplitudes d’erreurs (p=.015). Les amplitudes d’erreurs mettent en évidence de meilleures performances pour le groupe haptique que pour le groupe auditif, notamment au niveau des figures de type A.

L’étude de l’interaction groupes x épreuves x figures nous apporte de nouvelles précisions. L’interaction n’est significative ni pour le nombre de bonnes réponses (p=.314) ni pour les amplitudes d’erreurs (p=.106). Cependant, l’étude des contrastes nous permet de comprendre comment les performances ont évolué à l’issue de l’entraînement en contournant l’influence du groupe auditif sur les performances, d’autant plus qu’une tendance se révèle au niveau des amplitudes d’erreurs. La différence majeure résulte d’une amélioration très significative des performances pour le groupe haptique entre les épreuves 1 et 2 et pour la figure A (p=.0007 pour le nombre de bonnes réponses et p<.000001 pour les amplitudes d’erreurs). L’amélioration des performances passe par la figure la plus allongée alors qu’au départ, elle fait partie des figures ayant les amplitudes d’erreurs les plus fortes. Or, nous avons vu que la perception des longueurs était surestimée pour des longueurs d’au moins 2,5mm (Heller, Calcaterra, Burson et Green, 1997). Nos résultats sont en accord avec ces observations.

De plus, la figure la plus allongée permet peut-être une recherche plus aisée du but de la tâche. En effet, du fait de la surestimation de la longueur, les sujets perçoivent mieux le critère de différenciation des figures et ils vont orienter la recherche dans le sens d’une perception de la longueur. Ils vont ainsi pouvoir résoudre la tâche avec plus d’assurance. C’est peut-être également une figure pour laquelle la mise en place des procédés métriques est plus aisée. Nous reprendrons cette question dans le chapitre consacré à l’étude des procédés d’exploration.

Au niveau des temps d’exploration, nous pouvons remarquer que les figures les mieux réussies en terme de bonnes réponses sont aussi celles pour lesquelles les temps d’exploration sont les plus brefs. Ainsi, les temps d’exploration relatent le niveau de difficulté des items. Les sujets passent moins de temps sur les items les plus faciles.