Principaux résultats

Les performances

Le premier résultat que nous avons pu mettre en évidence, concerne l’incidence de l’entraînement à la tâche que nous avons proposé. Le groupe de voyants auditif n’a pas amélioré ses performances d’une épreuve à l’autre, contrairement au groupe de voyants avec entraînement. En revanche, une variation notable s’est révélée pour le groupe auditif au niveau du temps d’exploration. Ces sujets ont en effet exploré moins longtemps les figures à la seconde épreuve, sans incidence toutefois sur leurs performances. Nous avons interprété cette observation comme un effet de l’entraînement auditif. La tâche auditive étant plus rapide que la tâche haptique, les sujets auraient conservé l’habitude de répondre rapidement.

D’autre part, les voyants obtiennent des performances inférieures à celles des aveugles tardifs et précoces à l’épreuve 1. Toutefois, nous pouvons constater que cet écart est très amoindri à l’épreuve 2, en raison de la forte progression des voyants. Les aveugles précoces et tardifs n’ont pas amélioré significativement leurs performances. Cependant, les résultats étaient déjà élevés à l’épreuve 1, laissant supposer une sorte de plafonnement des performances. Au niveau des temps d’explorations, les voyants et les aveugles tardifs se distinguent de ceux des aveugles précoces par des temps d’exploration plus longs.

Ainsi, l’espace de réflexion qui a été offert aux sujets lors des séances d’entraînement a permis aux voyants de construire et de tester des inférences, et d’améliorer ainsi leurs performances, jusqu'à rejoindre celles des aveugles. Notre hypothèse selon laquelle les voyants sont capables d’égaler les aveugles, à condition qu’ils aient la possibilité de se confronter à des situations dans lesquelles la vision n’est pas directement utilisable, est donc validée. Les voyants sont tout autant capables d’adaptation que les aveugles. Simplement, dans la vie quotidienne, ils ne font pas l’effort de s’intéresser réellement aux informations autres que visuelles, sauf si ces dernières ne sont pas suffisantes, bien évidemment. D’autre part, le fait que les aveugles obtiennent des temps d’exploration comparables à ceux des voyants, mais distincts de ceux des aveugles précoces, apporte des éléments de réponse en faveur d’un mode de raisonnement différencié, selon la présence ou l’absence d’expérience visuelle.