1.1.4 Mémoire et affectivité

La mémoire, les mémoires devrait-on dire aujourd’hui, reste à la fois énigmatique et au cœur de notre présence au monde en tant que sujet singulier : l’oubli est une convocation à un travail de mémoire ; travail qui se fait selon des images plus ou moins fiables, mais comme seul accès au passé. Dans la démence, il existe une disproportion importante entre l’événement et la capacité d’en rendre compte. D’un point de vue strictement neurologique, le processus involutif (pathologique) en désagrégeant la conscience de soi, peut rendre compte de ces troubles. D’un point de vue de la singularité de l’évolution observée, et donc de la subjectivité, le système affectif (émotionnel) peut également rendre compte de la difficulté à se souvenir, car il y a l’idée même d’un travail psychique à faire. Ainsi la nature affective de ce qui est perdu peut faire résistance au travail de mémoire ; à titre d’exemple, au point de vue « cognitif », certains auteurs ont ajouté le concept de « conatif » pour la prise en compte de l’émotion dans le travail de mémoire au sens de la représentation du passé. C’est dire encore d’une autre manière que l’évolution de la maladie se fait de façon individuelle, et donc en fonction des modes de défense et des nouvelles relations avec l’entourage (depuis la maladie) à coté du diagnostic de démence posé sur l’existence de lésions neurologiques.