1.1.17 Découverte de la réalité psychique du sujet dément

C’est donc un recentrage vers les processus psychiques, vers la réalité psychique dans la démence et dans ses liens («la psyché est étendue, mais elle ne le sait pas….», selon S. Freud) qui est l’ objet de ce travail. La réflexion à partir de la pratique m’a également amené à considérer les limites du groupe thérapeutique à médiation : le groupe est une étape nécessaire, un relais, un dispositif d’étayage à la reprise de la question de la représentation de Soi. Ce qui conduit à l’hypothèse d’un appareil psychique groupal, non dément, qui sollicite la psyché individuelle autrement et qui permet une image de Soi différente. On peut faire l’hypothèse que si la représentation dans le groupe évolue, alors le contexte évolue et la demande peut également évoluée. Le groupe proposant des représentations moins traumatisantes, car faisant appel d’emblée au registre de la régression (position auto-calmante) et pouvant servir d’espace de rêverie dans le sens de quelque chose de structurant à travers un imaginaire de groupe.

Le groupe représentant aussi la possibilité que se constitue un espace transitionnel ou au moins l’ébauche d’une différenciation Moi/non-Moi, avec une possibilité du renforcement des objets internes. Il s’agit essentiellement de rétablir des «contenants de pensée» (B. Gibello, 1994) et le groupe se prête comme « holding psychique », en prêtant sa psyché groupale, et en particulier pour lutter contre les bombardements « radioactifs » (effets container) qui rappellent les éléments bêta (W.R. Bion, 1962) liés à la déliaison des affects et projetés sur le thérapeute. C’est ce que j’appelle l’effet prisme (cf. schéma en annexes).

Mais, dans ce type de groupe se jouent essentiellement des rapports de ressemblance, certes nécessaire au travail sur la représentation de Soi, mais qui limite la puissance potentielle de la psychothérapie de groupe, pour permettre un réel travail de différenciation individuelle en terme de capacité d’être seul en présence de l’autre. La relance d’une bobine de groupe serait une perspective pour traiter la question d’un appareil psychique individuel « endommagé », en étayage sur un appareil groupal externe et interne non dément. En somme, il s’agirait de retrouver (au sens de retrouvailles) les bases narcissiques constituées à l’origine par l’appareil psychique familial (A. Ruffiot, 1981), en étayage sur l’appareil psychique du groupe.