1.3.1 La méthodologie clinique de recherche

La méthodologie utilisée est la méthodologie clinique, à partir des groupes thérapeutiques à médiation, depuis 1991 à 1997, à raison d’une séance par semaine, et également à partir de suivis individuels de sujets âgés, diagnostiqués « déments type Alzheimer », depuis 1991 jusqu’à 1999. L’entretien clinique, l’évaluation psychologique et la psychothérapie sont inscrits dans la pratique du psychologue clinicien. Dans ce type de recherche sur la psychothérapie du sujet âgé dément, cela commence par la description clinique et globale des données issues de la pratique, puis dans un second temps, j’ai essayé d’affiner le niveau d’observation (cf. D.E.A. 1996, intitulé « les espaces de cohérence dans la prise en soins de personnes atteintes de démence » et centré sur la mise en place d’une réflexion méthodologique à partir de mon expérience des groupes thérapeutiques à médiation), pour dans un troisième temps jeter les bases d’un document initial pour la recherche, objet du travail actuel. C’est dire également combien tout travail clinique suppose à mon sens un travail de recherche.

Plus précisément, c’est la prise en compte de la signification potentielle des comportements observés qui oriente ma démarche. Notamment parce qu’elle a la volonté ou la prétention de partir du contre-transfert du chercheur, et la question des possibilités ou non de parler de psychothérapie d’un sujet dément ne peut pas éveiller un froid intérêt scientifique. C’est aussi bien sûr une difficulté, mais d’abord un moyen d’accès et un instrument pour connaître la vie psychique du sujet observé. La présence d’un observateur (stagiaire psychologue) et la prise de notes la plus fidèle possible des mots des patients sont le garant d’une démarche rigoureuse et simple en différenciant mes interprétations des dires du patient.

Les effets de projection en terme de réverbération ont été pris en compte et atténués par les conditions du dispositif clinique, à savoir un dispositif de groupe. Ce changement de dispositif (passage du face à face à une modalité groupale) correspond à la prise en compte des effets de la pathologie démentielle et du contact prolongé avec ces patients.

Mais, partir de la position contre-transférentielle dans la prise en soins d’un dément, me paraît également nécessaire en ce sens que le mouvement transférentiel donne un « mélange » (de deux positions) entre l’histoire du sujet (à partir des lambeaux de souvenirs) et l’adresse au psychothérapeute (tourné vers les productions mentales du sujet et vers la relance de la pensée). Et c’est dans ce mouvement-même que l’on peut dire que la mémoire re-vient en présence de quelqu’un.