1.4 Référents théoriques

Du point de vue théorique et conceptuel, mes références sont celles de la psychanalyse, de la psychopathologie, de la psychogérontologie clinique, et de la neuropsychologie pour ce qui concerne l’approche cognitive de cette maladie. Mes abords s’inscrivent dans des outillages et des référentiels théoriques psychanalytiques aux origines multiples : S. Freud, J. Lacan, D.W. Winnicott.

Les thématiques actuelles, après reprise du travail de D.E.A., concernent d’une façon générale la question de la liaison et de la déliaison, du lien intersubjectif et sa constitution dans les petits groupes. C’est dans ce contexte que j’ai renversé ma problématique de départ, qui n’est plus de montrer l’intérêt des groupes thérapeutiques à médiation pour les sujets déments, mais de chercher en quoi la clinique de la démence peut enrichir la question même du groupe, du groupement, de la groupalité. L’orientation est également celle de la psychothérapie individuelle et/ou groupale de ces patients, dans la mesure où l’analyse d’une demande d’aide relève davantage d’un projet et d’un accompagnement, plutôt que d’une indication au sens strict. En ce sens, l’évaluation n’a de sens que si une prise en soins est proposée. Les concepts en jeu sont ceux de la psychologie clinique, comme la question des identifications (dans le groupe, dans le travail de psychothérapie), la question du contre-transfert, celle des mécanismes de défense chez la personne âgée, celle de la groupalité psychique, celle de la régression comme base du travail d’accompagnement psychothérapique, celle de la perception-conscience (à partir de S. Freud) et celle du narcissisme.

La notion de Soi sera plutôt abordée comme méthode d’approche de la réalité psychique et non comme concept (d’où la double écriture «Soi» et «soi»). La référence théorique concerne le système perception-conscience, c’est-à-dire en référence à la première topique freudienne, et relative au processus primaire en terme d’identité de perception. Le Soi est, ici, abordé comme transition, moyen de passage vers la seconde topique, c’est-à-dire du Soi vers le Moi en terme d’identité de pensée (de l’identité de perception à l’identité de pensée).

Ma contribution entend se situer dans le panorama plus général de la psychothérapie du sujet âgé, des effets sur l’environnement familial et de façon plus spécifique sur la construction du lien « individu-groupe », en supposant que la pathologie de la démence peut enrichir notre connaissance et notre conceptualisation de la groupalité, externe et interne, et dans la constitution et la structuration de l’appareil psychique. La connaissance de la démence et de ses modes de traitement nécessite un travail pluridisciplinaire dans le but de parvenir à des articulations, un travail de liaison dont souffre cruellement le sujet dément.

Lecture d’ensemble et travail d’articulation pourraient permettre de travailler sur ce tronc commun, ce qui nécessite dans une première partie un état de la question en mettant en évidence trois champs symptomatiques :

Dans une seconde partie, notre dispositif méthodologique de groupes à médiation, intitulé « parcours méthodologique » nous servira d’appui pour traiter des aspects psychodynamiques de la manifestation démentielle. Dans les chapitres suivants, nous ferons une synthèse des travaux anglo-saxons et francophones concernant la psychothérapie des personnes âgées démentes et questionnés dans notre expérience clinique.

Dans une troisième partie, clinique, nous interrogerons le passage du groupal à l’individuel comme passage d’une bobine de groupe à une bobine individuelle. Nous développerons l’hypothèse du prisme réfractaire (cf. annexes) et de la bobine de groupe (convergence).

Nous avons choisi de renvoyer en annexes les éléments de ces comptes rendus d’entretiens et de séances de groupe, au risque d’obliger le lecteur à un certain va et vient, mais dans le souci d’éviter les insertions trop fréquentes qui risquent de rendre inopérants le fil d’Ariane de ce cheminement. La conclusion, au-delà des perspectives cliniques et psychothérapeutiques, situe ce travail comme le fondement d’un champ de recherche à venir.