3. Le champ cognitif

3.1 Bref rappel historique

A partir du creuset neurologique et du fait de l’établissement du diagnostic de D.T.A. (démence de type Alzheimer) fondé sur l’altération progressive et irréversible des fonctions supérieures, le rôle accordé aux différentes investigations psychométriques et neuro-psychologique a été croissant.

Au départ, les épreuves psychométriques servent à évaluer les capacités intellectuelles des sujets normaux. Ces tests comme la WAIS révisée, par exemple, sont basés sur le langage verbal et la compréhension des consignes, et ces épreuves sont d’une durée assez longue de passation. Mais, comme le décrivent B. Pillon et N. Benoit (1992) : «les épreuves psychométriques s’appuient sur un double postulat :

  • unicité de l’intelligence
  • homogéneité de la détérioration intellectuelle.

Ce double postulat n’est pas valide dans les atteintes cérébrales».

Les épreuves neuro-psychologique se sont développées sous l’impulsion de la psychologie cognitive et dans le sillage de la psychologie expérimentale. En particulier, l’étude des processus entre un stimulus et la réponse comportementale qu’il génère. Les recherches se sont affinées également grâce aux travaux inspirés de la psychologie génétique, en appui sur les travaux de J. Piaget et notamment les travaux de J. De Ajurriaguerra et ses collaborateurs (1968, 1970) qui ont montré que la maladie d’Alzheimer réalisait une involution instrumentale et cognitive : «la démence, fait repasser mais en sens inverse, les vieillards qui en sont atteints, par les stades qui caractérisent l’ontogénèse des fonctions cognitives» (J. Richard et J. Constantinidis, 1970).

En même temps, la neuropsychologie a cherché, dans la lignée des travaux sur l’aphasie et dans la logique anatomo-clinique, à mettre en évidence des déficits isolés correspondant à des lésions focales ; c’était un contexte centré sur des recherche de syndromes purs et non sur des syndromes démentiels qui sont par définition caractérisés par une pluralité de déficits sans correspondance anatomo-cliniques spécifiques et précises. C’est dans le courant des années 70, avec la prise de conscience plus générale des questions concernant le vieillissement de la population et la prévalence des états démentiels pour la fin de siècle, que les états démentiels, et en particulier la maladie d’Alzheimer, ont fait l’objet de recherche et d’étude codifiée des critères de diagnostic.