3.2 Les apports de la psychométrie

Le terme de psychométrie est aujourd’hui utilisé dans des sens très divers, au point que toute utilisation d’instruments d’évaluation quantitative puisse relever de la psychométrie. Mais au sens plus précis, la psychométrie est un examen psychométrique qui met en œuvre, selon des règles particulières, des tests dits d’efficience, ou des tests dits de personnalité. Pour ce faire, et compte tenu d’une méthodologie assez complexe, l’examen psychométrique doit être pratiqué par des psychologues formés à cette pratique, car le choix des tests en fonction de leur « faisabilité » dépend de leur compétence et de leur expérience, du fait même de l’hétérogénéité des troubles cognitifs observés dans les syndromes démentiels. Nous parlons de faisabilité, car il n’existe pas d’épreuves valables quels que soient les problèmes et quels que soient les sujets. L’utilisation d’une batterie de tests dépend de plusieurs facteurs comme l’âge, le lieu de résidence (domicile ou institution ), le niveau socio-culturel du patient, le degré de déficit cognitif, etc.

Rappelons, ici, la définition donnée par B. Pichot (1954) : «On appelle test mental, une situation expérimentale standardisée servant de stimulus à un comportement. Ce comportement est évalué par une comparaison statistique avec celui d’autres individus placés dans la même situation, permettant ainsi de classer le sujet examiné, soit quantitativement, soit typologiquement». Toute évaluation qui ne répond pas à ces critères, n’est pas considérée comme un test mental.

Les différentes épreuves sont issues des travaux de la psychologie expérimentale, des modèles théoriques de la psychologie cognitive, et également à partir de théories « localisationniste «, pour évaluer, par exemple, les fonctions cognitives censées dépendre de l’hémisphère gauche, ou, autre exemple, faire figurer des épreuves dites « frontales », ou proviennent des données de l’expérience des cliniciens. Les qualités d’un test, qualité métrologique, concernent entre autres, deux aspects importants pour l’instrument à utiliser. Un instrument doit être » sensible », c’est-à-dire pouvoir détecter la plupart des sujets cognitivement déficitaires, et également, avoir une « bonne spécificité », c’est-à-dire (dans l’idéal) ne détecter que les sujets réellement déficitaires, pour ne donner qu’un pourcentage très faible de « faux positifs ».

Mais, allier à la fois les qualités de « sensibilité » et celle de « spécificité » est très difficile, car ces deux qualités sont souvent antagonistes. Dans l’évaluation de la démence, il s’agit de pouvoir explorer l’ensemble du fonctionnement cognitif pour répondre aux exigences des critères diagnostiques, ce qui reste difficile.

Les diverses méthodes mises en place par les psychométriciens ne diffèrent que par la manière d’estimer le niveau antérieur, c’est-à-dire la performance du sujet lorsqu’il était censé être « normal » ; ces méthodes sont au nombre de trois : la méthode longitudinale, la méthode de Babcock et la méthode dite « indirecte » ; on trouve une description détaillée de ces trois méthodes dans J. Poitrenaud (1974).

Dans la pratique actuelle auprès de personnes âgées, les deux premières méthodes sembles difficilement utilisables, bien que présentant des qualités intéressantes, car nous n’avons pas, en général, les performances du sujet avant le syndrome démentiel ; la méthode dite « indirecte » présente l’avantage de comparer les performances du sujet examiné aux normes établies chez les sujets normaux du même âge et du même niveau socio-culturel. La méthode indirecte de Barona (A. Barona et al., 1984) évalue d’abord le niveau pré-morbide du patient à partir de différents paramètres tels que : l’âge, le sexe, le niveau socio-culturel, la catégorie socio-professionnelle, etc. ; paramètres qui influencent les performances psychométriques.

En somme, l’examen psychométrique peut-être un outil intéressant si on tient compte des différents facteurs énumérés et aussi du contexte clinique dans lequel se situe cet examen.