3.4 Classification des démences

L’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S., 1992), dans sa classification internationale des maladies (CIM-10), donne la définition suivante : «altération progressive de la mémoire et de l’idéation, suffisamment marquée pour handicaper les activités de la vie de tous les jours ; apparue depuis au moins six mois, et d’un trouble d’au moins une des fonctions suivantes : langage, calcul, jugement, altération de la pensée abstraite, praxies, gnosies ou modification de la personnalité». Cette définition large met en évidence une dégradation par rapport à l’état antérieur plus que sur une détérioration importante.

Ce qui est ajouté aujourd’hui à cette définition, c’est la notion de troubles du comportement et/ou du contrôle émotionnel. Les diagnostics différentiels sont les troubles dépressifs, les syndromes confusionnels, les troubles iatrogènes et les troubles mentaux.

La maladie d’Alzheimer est la cause la plus fréquente des démences chez le sujet âgé, car elle représenterait 45% des démences (J.L. Cummings et D.F. Benson, 1992) et 75% des démences dégénératives (D. Neary et al., 1986). Elle se manifeste initialement par des troubles de la mémoire épisodique, dans la plupart des cas. Puis, ces troubles de mémoire s’aggravent de troubles dans le domaine de la cognition : troubles attentionnels, d’orientation temporo-spatiale, du langage, des praxies, des gnosies, du jugement, du raisonnement, et aussi des troubles du comportement. Cette évolution est progressive, et dans le temps très diverse en fonction du patient. Les anomalies de l’examen neurologique apparaissent en général plutôt tardivement ; cette maladie est plutôt diagnostiquée vers l’âge de 60-70 ans, avec des extrêmes allant de 40 à plus de 80 ans ; le risque statistique étant largement augmenté après 85 ans. Aujourd’hui, il n’est plus fait de distinction entre les formes dites sénile et pré-sénile de la maladie.

La prévalence serait plus importante chez la femme que chez l’homme (D.L Bachman et al., 1993). Cette incidence, homme et femme confondus, double tous les 5 ans, c’est-à-dire 3,5 pour 1000 habitants pour les 65-69 ans, et passe à 72 environ pour 1000 habitants dans la tranche des 85-89 ans. Les auteurs parlent d’environ 350.000 à 400.000 cas en France à ce jour, les travaux de J.F. Dartigues et al. (1992) analysent l’étude PAQUID, dans la région de Bordeaux, et en extrapolant donnent une prévalence de 4,31% au dessus de 65 ans.

La maladie d’Alzheimer ne touche pas d’autres organes que le cerveau. Le décès intervient plutôt comme une conséquence de l’état grabataire (complications de décubitus- escarres de plus en plus étendues), ou de pneumopathies infectieuses, ou encore, dans un état de cachexie avancé, d’un collapsus cardio-vasculaire terminal et toutes les autres causes possibles de mortalité des sujets âgés.