6. Parcours méthodologique

Ce parcours méthodologique actuel est organisateur, du travail de la clinique avec les sujets âgés « déments » à l’élaboration théorique, d’un espace de cohérence (par rapport à une clinique des limites et du risque) à un espace de sens (visant à conceptualiser la réalité psychique du sujet dément).

6.1 L’objet/groupe comme élément transitionnel entre le subjectif et l’objectif, entre le perçu et le représenté

Ce parcours méthodologique est à comprendre comme un travail de déconstruction et d’analyse d’un cadre psychothérapique suffisamment contenant, en réponse à ce que nous communique le sujet dément. Nous sommes proche de ce que R. Roussillon (1991) nomme un « cadre à mesure », c’est-à-dire en tenant compte des ressources psychiques des patients dans l’actuel. La fonction de ce cadre est, à mon sens, de protéger d’abord le thérapeute en délimitant un dehors et un dedans, et, pour lui permettre sans trop de risque narcissique, de commencer d’investir la relation « pour deux » d’abord, avant qu’un espace de confiance se crée en même temps qu’une différenciation dedans/dehors (intérieur/extérieur) soit perçue par le patient.

L’expérience clinique montre que la vie psychique, la réalité psychique n’est pas figée. Il faut s’organiser pour rester mentalement présent face à la désorganisation psychique observée dans le phénomène démentiel. Ici, s’organiser mentalement signifie la mise en place d’un autre dispositif d’accompagnement de ces patients : c’est notamment « le passage d’une modalité individuelle à une modalité groupale » (cf. mon travail de D.E.A. 1996) de suivi thérapeutique. L’introduction de ce changement dans le dispositif vise à contenir d’abord (contenance pour ne pas se laisser décontenancer par l’attaque démentielle), et pour essayer de comprendre par l’investissement de ces patients au long cours, et en situation d’institutionnalisation.

Le parcours méthodologique est aussi une façon de rester vivant face à une maladie, décrite comme la maladie du lien et comme non-sens : ultime non-sens ou alors chemin de la régression pour lutter au maintien d’un intérieur, d’un chez-soi devenu source « d’auto-destruction » chez le dément ? Le relais par le perceptif ( comme moyen de maintenir vivante une image de soi interne) est-il une manière de passer par « l’objet externe » pour maintenir « l’objet interne » de plus en plus défaillant ?

Autrement dit, le maintien d’un chez-soi, d’une identité de soi, se réalise en appui sur des objets-fonction de supports perceptifs. Mais les phénomènes d’illusion ou phénomènes d’hallucination sont aussi une façon de rendre compte que « l’objet d’investissement » (maman, les parents, la maison…) est un « objet » en train de se défaire.