6.1.3 Naissance de mouvements transférentiels

Ce cadre d’observation suppose que quelque chose est adressée à quelqu’un, dans le cadre d’une observation participante, relationnelle et donc avec des effets supposés sur les interlocuteurs en présence. On peut dire également qu’il s’agit d’une recherche pour essayer d’objectiver des processus subjectifs. Identité de perception, ou plus simplement activité de perception, qui déjà nous entraîne de l’observé au construit.

De façon plus précise il s’agit d’observer les signes des mouvements transférentiels et en particulier des éprouvés contre-transférentiels. La notion de contre-transfert est précisée chez S. Freud (1910), où il est question de l’influence qu’exerce le patient sur les sentiments inconscients de l’analyste. Aujourd’hui encore, la manière de traiter le contre-transfert est différente suivant les auteurs. Nous n’entrerons pas dans le descriptif de ces divergences de point de vue, sauf pour dire que, soit le contre-transfert est considéré comme un élément à contrôler pour l’empêcher de nuire à la relation thérapeutique, soit au contraire de considérer le contre-transfert comme un outil de travail d’analyse donnant accès au matériau subjectif de la situation observée.

Dans la rencontre avec le patient dément, nous parlerons de mouvement transférentiel, comme le produit de deux positions :

Cette interaction est le produit de deux positions entre l’histoire racontée et le mouvement transférentiel. Ce mouvement est double également, car même si le vocabulaire reste assez riche, le sujet s’adresse à la fois au thérapeute et en même temps semble « fonctionner tout seul », c’est-à-dire que nous sommes en présence de mouvements psychiques adressés précisément à l’autre et d’autres non (sans adresse ?). Ce fonctionnement psychique est retrouvé dans les états de démence, états psychiques où la différenciation entre le travail associatif et le travail de perception n’est pas toujours établie. Dans les moments de confusion entre ces deux niveaux, il y a semble-t-il indifférenciation psychique entre le dedans et le dehors.

Nous parlons de mouvement transférentiel, parce que cet état psychique dans la démence oblige à une grande humilité pour l’interprétation du matériel clinique. Mais nous soulignons, ici, que nous sommes proches de la conception de la « névrose de transfert ».