6.2.2 Le contre-transfert comme outil d’analyse et la référence à la psychopathologie

Considérer le contre-transfert comme un outil de travail nécessaire avec le sujet dément, en situation de psychothérapie d’accompagnement, me paraît être imposé par le fonctionnement psychique actuel du patient. En particulier, la confusion psychique entre le dehors et le dedans oblige le thérapeute à utiliser ses réponses émotionnelles pour avoir accès à la subjectivité du patient et pour relancer sa pensée. La perception « claire et distincte » de la situation est elle-même influencée grandement par le ressenti, la perception inconsciente «pour interpréter les expressions de l’inconscient chez les autres»(S. Freud, 1913).

L’engagement à long terme dans un travail psychothérapeutique auprès de patients âgés mobilise l’activité psychique de façon centrale. De ce point de vue la question de l’implication du psychothérapeute, dans cette interaction entre deux personnes, devient le point de rencontre entre le travail clinique et le travail de recherche. Cette question de l’implication a été traitée par G. Devereux (1980) en évoquant la question du contre-transfert dans la recherche : «les sciences de l’homme ne seront raisonnablement dignes de confiance que lorsque ceux qui les pratiquent reconnaîtront le rôle que jouent leurs propres angoisses dans l’élaboration de leurs théories et dans leurs travaux en général».

La référence à la psychopathologie me paraît pertinente parce qu’elle permet de prolonger un débat et de soutenir une approche clinique car c’est un référentiel théorique reconnu doté de moyens d’interroger sa pertinence. La théorie de référence est la théorie freudienne, ensemble cohérent pour connaître l’organisation générale du psychisme. Cette théorie possède un langage spécialisé, comme pour toute discipline, avec une mise en débat et des interrogations critiques nécessaires comme discipline vivante. L’interaction (entre autres) est fondamentale dans le développement de l’appareil psychique, en relation avec la construction que chacun se fait de sa propre histoire. L’angoisse constitue le socle des névroses, sur la base d’une dépendance spécifique et des mécanismes de défense mis en place pour préserver l’intégrité du Moi.

Cette angoisse, dans le travail du vieillir, conduit à s’interroger et à nous interroger sur notre propre rapport à la mort et au temps.

C’est aussi un modèle de soins (thérapeutique des troubles psychiques utilisant des moyens psychologiques) relié aujourd’hui à la question de l’évaluation compte tenu de la diversité des pratiques. L’accent est mis également sur les effets de la relation et sur l’aspect intersubjectif du travail thérapeutique.