7.2.3 Le travail de l’identité

La démence est typiquement considérée comme non seulement la perte des capacités cognitives, mais aussi la perte d'identité. Dans une perspective psychodynamique, il peut être possible de ralentir le processus de la perte d’identité en intégrant «l’ego du thérapeute à travers le transfert, et ainsi le thérapeute devient ainsi presque un second self» (G. Le Gouès, 1992).

En adoptant une position empathique, le thérapeute est capable de devenir un nouveau « self-objet » pour le dément, soit en reconnaissant et validant les compétences et capacités du patient, soit en prodiguant une présence calmante, réassurante et de soutien (D. O’connor, 1993).

Dans le cas où le patient ne retient de points d'ancrage ni dans le passé ni dans le futur, le thérapeute est oublié dans les intervalles entre les rencontres. La permanence est remplacée par la répétition de contact, initiée uniquement par le thérapeute qui devient presque un « ego auxiliaire » (P. Wertheimer, 1995).

Organiser l'environnement du patient de façon à éviter le plus possible de changement, et l'environnement en restant constant peut équivaloir à une «prothèse d’Ego» (A. Vernoedt, 1981). De même, encourager les stimulations positives, et des réponses tactiles, sans sensorielles et affectives peuvent aussi renforcer l’Ego (D. Unterbach, 1994).

Selon certains auteurs anglo-saxons, les approches psychodynamiques de l’identité se concentrent sur « les structures internes et les relations du patient à son entourage signifiant ». Une part de travail théorique grandissant, accumule les observations sur la façon avec laquelle la démence est construite et comment un sens du social et de l'identité personnelle est maintenu (K. Buchaman, D. Middelton, 1994, 1993 ; R. Cheston, 1996 ; S.R. Sabbat et R. Harré, 1992). Il a été argumenté, par exemple, que « l'acte social de raconter une histoire » peut procurer un sentiment d'identité sociale partagé et peut-être un moyen de procurer une continuité thérapeutique à la vie des individus. Il y a un fort chevauchement pratique et théorique entre ce travail et celui de T. Kitwood (1991), dont les écrits font le point sur les pratiques de soins au dément pouvant aussi renforcer ou détruire le «sens de personnalité d'un individu». Une «bonne prise en charge de dément» doit aspirer à étayer chez celui-ci son propre sentiment à être «une personne de valeur et ainsi pourrait être thérapeutique de façon inhérente».