7.5 Évaluation des psychothérapies

Alors que les dix dernières années ont vu une augmentation conséquente du nombre de rapports d'interventions psychothérapiques avec les déments, il y a comparativement peu de tentatives pour évaluer ce travail. Les tentatives d'évaluation qui existent sont souvent seulement de nature «anecdotiques» (B. Bonder, 1994), parfois se ramenant à l'enregistrement des commentaires faits par les membres du groupe (B. Carey et al., 1986). Même la «validation thérapy», qui de toutes les interventions psychothérapiques avec les déments est la plus sujette à compte-rendu, a une base d'évaluation limitée.

Ainsi, dans une vue d'ensemble de la thérapie de validation, N. Feil (1992) cite seulement trois études de recherche formelle, dont deux sont des textes non publiés et exposés dans les universités aux USA et la troisième étude est celle d'un article de conférences non publié. En effet, même lorsque la recherche a été publiée, les résultats sont au mieux peu concluants. Par exemple, des auteurs (S. Robb et al., 1986) ont utilisé «un plan de contrôle randomisé» pour évaluer la thérapie de validation et n’ont pas trouvé de différence statistiques signifiantes entre les groupes expérimentaux et les groupes témoins.

De façon similaire, I. Morton et C. Bleathman (1991) font le rapport d'une épreuve de vingt semaines avec dix semaines pour un groupe témoin et dix semaines ultérieures de «reminiscence therapy». Bien que deux des trois patients suivis montraient des améliorations significatives dans la durée des interactions verbales après le groupe, le troisième patient a montré une augmentation uniquement pendant la «reminiscence therapy».

Les recherches concernant d'autres formes d'interventions psychothérapiques (R. Yale, 1991, 1995) ont également produit des résultats peu concluants, entre «le groupe de traitement» (consistant en information/éducation, soutien émotionnel et en lien pendant huit semaines, chaque session durant entre une heure et une heure trente) et le «groupe témoin» par contraste, bénéficiait du niveau de soins habituels. R. Yale a trouvé alors que les deux groupes de patients et de soignants rapportaient plusieurs effets positifs de la prise en charge, mais qu'il n'y avait pas de différence significative entre les deux groupes.

Pour plusieurs raisons, les différents auteurs ne sont pas surpris par la nature peu concluante des résultats des études existantes. Non seulement historiquement, la pratique clinique précède les recherches sur les approches du traitement (S.N. Jones, 1995), mais il y a aussi les difficultés «bien connues» liées à l’efficacité de l’évaluation du traitement de la psychothérapie avec des groupes de personnes non détériorées.

En effet, les interventions psychosociales les plus communément utilisées auprès des patients âgés ne sont pas soutenues par l'évidence empirique (L.J. Weis et L.W. Lazarus, 1993). La psychothérapie avec les déments exige une approche de recherche plus structurée pour pouvoir se développer. Un premier pas dans ce processus serait de «clarifier la question des profits du traitement» lorsqu'ils sont considérés du point de vue des déments (S.N. Jones, 1995). Comme nous l'avons vu, les approches psychothérapiques et d'assistance, ont toutes deux été l'indication à la fois pour ceux qui avaient des «comportements excessifs» et pour la plus large part de la population des déments.

Quoi qu’il en soit, même si ces troubles du comportement peuvent être difficiles à gérer de la part des soignants, ils peuvent ne pas causer de détresse détectable chez les patients et peuvent même indiquer la présence d’une recherche d’adaptation plutôt que celle de «fonctionnement anormal». De plus, comme de tels comportements servent une fonction dans les limites d'un environnement social réduit, alors l'assistance psychologique ne peut pas toujours être envisagée comme une intervention appropriée pour réduire de tels comportements.

Cela pourrait bien être le premier défi pour les cliniciens et les chercheurs d'établir «l'efficacité de l'assistance psychologique comme un moyen de soutenir une large population de déments». Cette tâche pourrait faciliter l'utilisation de batterie de tests standardisés utilisés dans le cadre d’essais de médicaments. Un second pas serait d'utiliser des «méthodes de recherche appropriées». Cela nécessiterait l'abandon, pour le moment, de plans expérimentaux, dans lesquels un traitement est comparé à un autre.

Comme la N.H.S. le suggère (revue des services psychothérapiques) les développements de nouvelles techniques cliniques devraient en premier être décrits systématiquement à travers des études de cas publiées ou des séries d’expériences à cas unique (Département de la santé, 1996). Un tel travail permettrait une plus grande attention qui sera enrichi non seulement de résultats thérapeutiques mais du processus de changement psychothérapique chez les déments (W.B. Stiles et al., 1995).

Les différents travaux de P.Cappeliez et ses collaborateurs, et en particulier sur «l’apport de la rétrospective de vie à la thérapie cognitive de la dépression», mettent en évidence l’intérêt de l’approche psychothérapeutique auprès des personnes âgées dépressives, en montrant qu’elle est comparable à celle des adultes tous âges confondus, et nous renseignent sur la relation singulière avec «l’adaptation psychologique». C’est seulement le temps des sessions qui est plus long pour les personnes âgées. Cet auteur montre aussi la «résistance vis-à-vis des personnes qui ont une vision négative de soi» (cf. également chapitre 8.6.2).