7.6 Synthèse de cette revue de la littérature anglo-saxonne et discussion sur le concept de déficit

L'usage d'approche psychothérapique pour aider les déments est la conséquence du récent mouvement dans le cadre du soin à la démence vers une approche centrée sur la personne. Les exemples de psychothérapie et d'assistance psychologique avec des déments existent dans toutes les principales approches théoriques : des écoles de pensée psychodynamique, humaniste, de groupe, cognitive et comportementale, tout comme les approches familiales et systémiques. Ces différents travaux anglo-saxons ont été conduits à la fois sur une base informelle comme partie d’un plan de soins général aussi bien que dans le cadre de séances formelles.

La psychothérapie a été décrite par ces différents auteurs comme une prise en charge générale et à la fois comme un soutien approprié pour les personnes souffrant de démence. Cependant des aspects de cette nouvelle culture du soin pour le dément, (T. Kitwood et S. Benson, 1995) « se tiennent » difficilement aux côtés d'approches plus traditionnelles qui tendent encore à dominer la majorité des systèmes de soin. Il s’agit selon ces différents auteurs de rendre « plus thérapeutique » l’interaction même entre le thérapeute et le patient car c’est « une opportunité potentielle » à l'occasion de laquelle les techniques d'assistance peuvent être utilisés pour aider les déments à donner « un sens à leurs expériences ».

En effet, le besoin d'utiliser ces techniques s'étend au-delà des déments et jusqu'à leurs famille et leurs soignants (P. Hettiaratchy, J. Manthorpa, 1992). Si le fait de donner des soins à un dément peut être thérapeutique alors tous les aspects de ce type de soins ont besoin d'être éclairés par les idées qui dérivent de la psychothérapie (T. Kitwood, 1990). Prenons par exemple, la façon avec laquelle les évaluations neuropsychologiques sont effectuées. Les personnes diagnostiquées « démentes » devraient idéalement mises en confiance avant les évaluations, afin qu'elles puissent ainsi donner un consentement en étant vraiment informées de l’enjeu de ces évaluations. Le résultat de telles évaluations devrait alors être renvoyé à la fois au patient et à sa famille, d’une façon qui tente de faire «se rencontrer leurs besoins émotionnels aussi bien que leurs besoins pratiques».

Comme nous l'avons vu, l'évidence de la pénurie de recherche qui existe, signifie qu’il est difficile de prendre un cas pour prioriser le travail de psychothérapie avec les déments sur la base, seulement, d'étude des résultats.

Quels que soient les arguments qu’avancent les cliniciens vis-à-vis de ce travail, qu'il soit question de travail individuel ou de travail de groupe, et sur une base formelle ou informelle, cela va bien au-delà de la recherche d'intervention basée sur l'évidence. Ces arguments sont essentiellement éthiques, selon les auteurs, car la démence est une tragédie personnelle, et il est inacceptable que ces victimes, les plus immédiates, doivent souvent avoir à lutter contre «la désintégration personnelle et désolation sociale» en étant non écouté voire ignoré.

Enfin, nous avons besoin d'avoir en tête, qu’en thérapie nous n’écoutons pas seulement la douleur du dément, car il ne s’agit pas seulement de leurs pertes. Quand on engage un travail de psychothérapie avec un dément, nous écoutons alors des gens qui parlent d'une douleur «qui pourrait bien être un jour la notre ou celle de nos maris, femmes, pères et mères» (L. Sutton, R. Cheston, 1997).