8.3.1 Les points d’appui du psychothérapeute

Quels sont ces points d’appui du psychothérapeute, transmissibles, partageables dans l’approche du sujet âgé dément ? Une communication de L. Ploton (1999) consacrée à ce thème, nous servira de fil conducteur par rapport à notre cheminement dans ce chapitre.

Il s’agit de travailler sur la restauration de l’estime de soi selon L. Ploton (1999) en s’appuyant sur : «la modification de représentation des situations anciennes ou actuelles […] et sur l’expérimentation de modalités relationnelles narcissiquement plus satisfaisantes dans des situations problématiques récurrentes.» Cet auteur soutient l’idée de la permanence de la vie psychique chez le sujet dément. Il nous invite à faire le choix «entre une vision déficitaire et une vision productive, adaptative […] conduisant à regarder les symptômes comme une réaction de l’appareil psychique dans un contexte où se conjuguent la question de la mort et de la vulnérabilité liée au vieillissement, en contrepoint de modifications neurologiques […]». Sa vision de la pathologie de la démence suppose également «une intelligence adaptative» qu’il compare au registre freudien de la psychopathologie quotidienne et il en précise le sens : «cette symptomatologie est-elle la conséquence de la mort cellulaire, sur un mode passif, ou une production active à visée défensive et adaptative ?»

Les représentations du psychothérapeute au sujet de la démence déterminent ses modes d’observation, d’action, et d’interprétation de son expérience clinique. C’est l’intérêt pour la pensée et les affects du patient qui engendrent l’intérêt du patient pour son fonctionnement interne. Le fait par exemple de vouloir nommer les choses ensemble c’est dire au patient : nous allons chercher ensemble, comme mode de réponse adaptée. Cet étayage de la pensée, du prêt des pensées et des mots comme modèle de présence à l’autre et comme le décrit C. Balier (1984) « le patient, dans un mouvement d’identification à son thérapeute, s’intéresse à sa réalité psychique, à ce qui se passe en lui et en retire un sentiment d’existence et de confiance en lui».

Ces points d’appui comme préalables à la construction d’un lien sont d’autant plus nécessaires que la demande, dans l’approche psychothérapique du sujet dément est paradoxalement précédée par une offre de soins. La parole du patient a « besoin » de trouver un écho pour que sa souffrance ne reste pas lettre morte pour lui-même et pour qu’elle ne devienne pas une enveloppe vide face à son interlocuteur.