12.3 Prisme métabolisateur

L’idée de l’utilisation du prisme métabolisateur est comparable au troisième temps dont parle W.R. Bion en terme de restitution. Les différents éléments, les différents matériels apportés dans le groupe, sont transformés en éléments alpha grâce à l’appareil psychique du psychothérapeute qui a servi d’»appareil à penser les pensées». La distinction Moi / non-Moi, le dedans / dehors, l’objet soi, sont à nouveau plus disponibles pour représenter les conditions d’un travail plus inscrit dans le symbolique.

L’articulation entre la notion de prisme et celle de bobine de groupe correspond au rapport entretenu entre le contenant et le contenu, dans la théorie de W.R. Bion

qui met en évidence le caractère dynamique de l’interaction et du pouvoir de transformation du contenant comme du contenu. La bobine de groupe correspond ici à l’idée du processus tel qu’il se déroule dans le travail de groupe. Cette théorie du contenant/contenu peut-être complétée par d’autres théories.

Le prisme rend compte du travail de décomposition des éléments entre-eux. Le travail de transformation est le résultat du travail de reconstitution des liens et des articulations avec des éléments vrais mais épars. Ces éléments, non-symbolisés, ont entraîné un blocage (arrêt sur image) du travail psychique. Se détruire/se reconstruire metaphorise les enjeux du travail auquel est confronté le patient dément. La perte de mémoire est également une autre branche de ce prisme. Le prisme montre la désintrication voire la désintégration « radio-active », par la dérive des éléments, qui viendrait dater l’installation du miroir…

Ces différents types de prismes correspondent à une imbrication de différents éléments qui constituent l’environnement du patient pendant la séance. Ces éléments sont constitués des objets médiateurs (aire perceptive externe), d’un objet malléable (les co-animateurs), le climat de la séance, et du groupe comme autre médium. Ce nouvel environnement est là pour aider à un effort de relance des productions de pensées pour lutter contre les trous de penser (G. Le Gouès).

Au plan technique la concentration extrême ainsi que les inattendus sont toujours au RDV de la séance, ce qui demande à la fois d’inventer autre chose avec l’évolution des troubles du langage verbal et aussi de rester capable de dire ce que je ressens en permanence dans le travail de groupe pour pouvoir aussi continuer de penser. Le fait de pouvoir exprimer ses propres ressentis nous met sur la voie de l’émotion, de l’étonnement, des sensations invitant chacun a en percevoir les effets.