13.2 Bobine comme principe de liaison des pulsions- vectorise l’énergie

Le travail d’investissement clinique vise à mobiliser le psychisme du patient. Nous sommes confrontés à la fois aux éléments bruts, observés dans les rencontres et avec la question d’une transformabilité (création d’un nouvel environnement), productions comme support et comme étayage au travail psychique et à l’investissement mobilisé dans la relation. Le fait de « mettre la main à la pâte » facilite la mise en dépôt commun d’un imaginaire à remobiliser. L’image est celle d’un re capitonnage, d’un maillage qui constitue le travail d’accompagnement dans la durée et qui relance l’idée d’une symbolisation par le plaisir éprouvé. Ce travail de tissage aide à établir des ponts entre le vécu et la chaîne de représentation qui serait la base du travail thérapeutique. J’ai éprouvé le besoin de médiations pour permettre au patient d’expérimenter une relation intersubjective, un jeu relationnel et découvrir avec le patient quelque chose de nouveau. Ce dispositif est crée pour que quelque chose de nouveau existe c’est-à-dire permettre une création, un «trouvé-crée» à l’intérieur de cette rencontre.

Peut-on symboliser autrement que par la parole ? L’expérience des groupes thérapeutiques montre que la création est un point de passage qui part des éléments bruts (peinture, modelage) vers la transformation en objet de relation. Le travail de création est avant tout un travail de création de liens (qui passe par la confiance et le plaisir partagé) qui consiste à amener le patient à pouvoir entrer dans le jeu (à tour de rôle). Le monde des objets passe par le monde de l’affect, du percept qui regardent en direction de l’identité. La représentation du principe d’identité est recrée dans le groupe au sens d’une représentation donnée ; par exemple une photo est une photo. Mais le soignant est souvent amené à prêter ses mots, mettre en mots les processus de symbolisation pour le sujet (à sa place) ce qui a été mis dans l’objet (une photo représente autre chose qu’une photo). L’expérience de la chaise vide est par contre, à mon sens, un exemple de passage de la représentation à la symbolisation puisque l’objet absent est perçu, convoqué dans le présent et mis en mots (nommé) par les patients dans le dispositif. Ce travail dedans/dehors qui fonde l’absence n’est cependant pas reproductible comme expérience dans le groupe avec des sujets déments.

Cela fait aussi retour à la problématique individuelle à plusieurs titres. D’abord l’évolution de la maladie reste individuelle, la relation s’engage sur un mode individuel qui rappelle la dualité primaire et le travail de création et d’associations reste aussi individuel. Cette question est relancée par le détruit/troué (hypothèse) sur le mode d’approche du trouvé/crée winnicottien. L’apport des médiations est un apport extérieur, présenté du dehors alors que le trouvé/crée transitionnel suppose une création personnelle en tant qu’appropriation, introjection de l’objet crée. Ce travail reste une appropriation individuelle même si l’étayage du travail psychique avec le sujet dément passe par un récitant. Si cet apport reste au niveau de l’offre de rencontre, il y a représentation possible d’identification des objets médiateurs présentés mais il n’y a pas de création de quelque chose de nouveau et le travail de symbolisation possible reste gelé. C’est ce que l’on retrouve dans les lieux de vie par exemple car il y a tentation de concrétiser, simplifier, réduire les phénomènes observés ce qui conduit à une généralisation de ces phénomènes et de dénier les besoins individuels. Le nounours, l’objet en peluche, une poupée est chosifié au lieu de redevenir un objet transitionnel recrée par la personne.