L’idée selon laquelle certains mécanismes émotionnels sont différentiellement sensibles aux événements négatifs et positifs est l’objet d’un débat vigoureux. Ce débat est présenté dans le chapitre 4 et peut être résumé comme suit.
D’une part, il a été proposé que l’implication de mécanismes émotionnels spécialisés dépende de la polarité de l’événement traité (p.ex., Davidson, 1995). De tels mécanismes seront désignés comme polarité-dépendants.
D’autre part, il a été proposé de considérer les mécanismes émotionnels comme impliqués de façon indifférenciée dans les émotions négatives et positives (p.ex., Russell & Carroll, 1999).
Le fait de déterminer si certains mécanismes émotionnels sont polarité-dépendants est déterminant pour contraindre l’élaboration d’une architecture fonctionnelle des émotions.
Considérant la place clé qu’occupe une telle contrainte, l’objectif principal de notre travail doctoral a été de tester l’hypothèse de polarité au niveau des mécanismes cognitifs impliqués dans l’évaluation émotionnelle (voir les chapitres 4 et 5).
Le terme « polarité » a été chosi pour distinguer les phénomènes (stimuli, représentations, mécanismes cognitifs, expressions et expériences) liés aux émotions négatives de ceux liés aux émotions positives. Ce terme a été préféré à celui de « valence » car ce dernier nous a semblé trop associé conceptuellement à « l’hypothèse de valence » (voir la contrainte neuronale CN 1).