Contraintes neuronales (CN)

Cette section est consacrée à la présentation de contraintes fondées sur l’étude du système nerveux dans le but de spécifier l’architecture du système émotionnel.

(CN1) Asymétrie hémisphérique

Une méthode qui permet de conclure à l’existence de deux sous-systèmes différents est de montrer qu’ils sont implémentés par des régions cérébrales distinctes. Or, les résultats provenant d’études en imagerie cérébrale, neuropsychologie et psychologie indiquent que les deux hémisphères cérébraux ont des implications différentielles dans de nombreuses activités cognitives (voir Gazzaniga, 2000b pour revue). De tels résultats ont permis de conclure à l’existence de sous-systèmes distincts pour ces activités (voir Kosslyn & Koenig, 1992). La question de la latéralisation des mécanismes émotionnels est centrale en neuroscience cognitive et représente une littérature aussi riche qu’hétérogène. Cette littérature s’est révélée fondamentale à la fois pour l’élaboration du modèle computationnel que nous proposons mais également pour l’opérationnalisation de nos hypothèses. Pour cette raison, les principales hypothèses relatives à l’asymétrie hémisphérique des émotions sont détaillées au chapitre 4. Ces six hypothèses peuvent être résumées de la façon suivante.

  • L’hypothèse de l’hémisphère droit propose un avantage général de l’hémisphère droit pour les mécanismes émotionnels, quels que soient le niveau de traitement et la polarité.

  • L’hypothèse de valence propose un avantage de l’hémisphère droit pour les émotions négatives et un avantage de l’hémisphère gauche pour les émotions positives.

  • L’hypothèse des niveaux de traitement propose un avantage de l’hémisphère droit pour la composante automatique et un avantage de l’hémisphère gauche pour les fonctions de contrôle des émotions.

  • L’hypothèse des émotions primaires vs sociales propose un avantage de l’hémisphère droit pour les émotions primaires et un avantage de l’hémisphère gauche pour les émotions sociales.

  • L’hypothèse d’activation antérieure asymétrique propose que la région antérieure gauche soit associée aux émotions liées à l’approche alors que l’activation de la région antérieure droite soit associée aux émotions liées à l’évitement.

  • L’hypothèse de valence revisitée suggère que certaines structures de l’hémisphère gauche soient plus impliquées dans les émotions négatives que leurs homologues droites et que, dans une moindre mesure, certaines structures de l’hémisphère droit soient plus impliquées dans les émotions positives que leurs homologues gauches.