Le sous-système de génération d’instructions émotionnelles

Dans le cas du système moteur, un sous-système de génération d’instructions motrices active un programme moteur qui est transmis à un sous-système d’exécution de mouvement qui commande lui-même l’activation de différents muscles (voir Kosslyn & Koenig, 1995). Par analogie, dans le cas des émotions, le sous-système de génération d’instructions émotionnelles génère la configuration cerveau/corps la plus appropriée à une situation spécifique, à partir des représentations activées en mémoire associative. L’hypothèse d’activation antérieure asymétrique pour l’expérience et l’expression émotionnelles nous a conduits à proposer que la génération d’instructions émotionnelles liées aux comportements d’approche et celles liées aux comportements d’évitement reposent sur des sous-systèmes distincts, organisés chacun préférentiellement dans un hémisphère cérébral (voir CN 1 et le chapitre 4). Dans une situation d’approche, les instructions seraient plutôt contrôlées, alors que dans une situation d’évitement, le comportement serait moins finement contrôlé et les instructions émotionnelles seraient générées dans l’urgence (voir CC 4, CC 8). Ce type d’instructions d’évitement, envoyé au système nerveux autonome et au système moteur, pourrait être qualifié de « balistique ». Ce terme est proposé par analogie aux actes moteurs balistiques dont tous les paramètres sont fixés au départ et qui ne sont plus sous le contrôle du sujet dès que l’acte a débuté. Le sous-système de génération d’instructions émotionnelles liées à l’approche serait implémenté préférentiellement dans le cortex préfrontal dorsolatéral gauche, alors que le sous-système de génération d’instructions émotionnelles liées à l’évitement serait implémenté préférentiellement dans le cortex préfrontal dorsolatéral droit. Nous proposons également que le cortex cingulaire antérieur et le cortex préfrontal médian soient impliqués dans la génération de ces instructions car ces structures semblent fondamentales dans l’expérience émotionnelle (voir l’Expérience 2 ; Thayer & Lane, 2000).