Hypothèse de l’hémisphère droit

La première hypothèse, appelée «hypothèse de l’hémisphère droit », est principalement fondée sur des données issues de l’étude de patients cérébrolésés et a constitué le modèle dominant jusque dans les années 1990 ; elle suppose un avantage général de l’hémisphère droit pour les mécanismes émotionnels (voir Borod et al., 1998; Borod & Madigan, 2000). En effet, des arguments neuropsychologiques sont en faveur de cette hypothèse pour l’expression d’items lexicaux émotionnels (p.ex., Borod et al., 1996) et dans la production (Borod, Haywood, & Koff, 1997 ; Borod, Kent, Koff, Martin, & Alpert, 1988 ; Borod et al., 1998 ; Sackeim, Gur, & Saucy, 1978) et le traitement (Ahern et al., 1991; Blonder, Bowers, & Heilman, 1991; Ley & Bryden, 1979; Mandal, Tandon, & Asthana., 1991) des expressions faciales émotionnelles. L’étude de patients cérébrolésés unilatéraux a également permis à Borod et al. (1998) de montrer un avantage de l’hémisphère droit dans la perception émotionnelle, non seulement de l’expression faciale, mais également dans la perception de mots et de la prosodie. Un avantage de l’hémisphère droit a également été suggéré pour le traitement de scènes visuelles autres que des visages (p.ex., Wittling & Roschmann, 1993). Par exemple, Zoccoloti et al. (1986) ont recherché les perturbations des réponses végétatives à des films positifs, négatifs ou neutres chez les patients porteurs de lésions hémisphériques unilatérales. L’étude a révélé que les patients atteints de lésion droite étaient très peu sensibles à la nature émotionnelle ou non émotionnelle des stimuli utilisés et n’ont jamais présenté d’augmentation significative de la conductance cutanée, ni de modification nette de la fréquence cardiaque. Ces résultats corroborent l’hypothèse selon laquelle l’hémisphère droit est prédominant dans l’élaboration des réactions du système nerveux autonome aux stimuli émotionnels. En mesurant la pression artérielle comme indice d’activation neurovégétative, Wittling (1990) a abouti à la même conclusion. La technique consistait à présenter un film spécifiquement à un hémisphère durant plusieurs minutes en autorisant des saccades oculaires libres. Un avantage de l’hémisphère droit a été trouvé lors de la présentation d’un film de 3 minutes relatant une scène d’amour. Notons que Dimond et al. (1976), puis Dimond et al. (1977) avaient déjà montré, en utilisant une méthode proche de celle de Wittling (1990), que la présentation d’un film négatif à l’hémisphère droit induit une réaction végétative plus importante que la présentation à l’hémisphère gauche. De plus, selon Damasio (1994), le trouble d’indifférence émotionnelle lié à l’anosognosie est spécifique à l’hémisphère droit. Ce résultat est cohérent avec l’hypothèse selon laquelle l’hémisphère droit a un rôle privilégié dans la modulation de l’état corporel lors de réactions émotionnelles.