Hypothèse de valence

Vers la fin des années 1950, l’hypothèse d’un lien entre spécialisation hémisphérique et expérience émotionnelle a été émise. Les études conduisant à l’élaboration de cette hypothèse ont toutes utilisé le même procédé : l’inactivation sélective d’un hémisphère cérébral par le test de Wada. Gainotti (1994, p. 479) nous rapporte que trois recherches, la première datant de 1959 et les deux autres de 1960, ont montré qu’une inactivation de l’hémisphère gauche est généralement suivie d’une réaction « dépressivo-catastrophique » tandis qu’une inactivation de l’hémisphère droit engendre un comportement « euphorique ou maniaque ». L’interprétation prédominante a alors été que les réactions dépressivo-catastrophiques résultaient de l’inactivation d’un « centre pour les émotions positives » qui serait situé dans l’hémisphère gauche alors que les réactions euphoriques résultaient de l’inactivation d’un « centre pour les émotions négatives » qui serait situé dans l’hémisphère droit. Signalons cependant que certaines études récentes utilisant le test de Wada (p.ex., Rey et al., 1991) n’ont pas retrouvé de tels résultats et que la prudence s’impose sur leur interprétation (voir aussi Habib, 1998a pp. 592-594). Des études chez des patients cérébrolésés unilatéraux ont également contribué à soutenir cette hypothèse. Par exemple, Sackeim et al. (1982) ont observé que les rires pathologiques étaient principalement associés à des lésions de l’hémisphère droit, alors que les pleurs pathologiques étaient principalement associés à des lésions de l’hémisphère gauche. Ces auteurs ont résumé leur proposition théorique de la façon suivante : ‘«We present the view that destructive lesions result in disinhibition of contralateral regions regulating emotional experience, and that the left side of the brain typically subserves positive emotion to a greater extend than the right, whereas the reverse holds for negative emotion’ » Sackeim et al. (1982, p. 216). Il est à noter que ces auteurs font de l’hypothèse de connexions inhibitrices contralatérales un aspect critique de leur proposition.