L’hypothèse de valence revisitée

Un ensemble de résultats issus principalement d’études en imagerie cérébrale s’oppose nettement à l’hypothèse de valence. Cet ensemble de résultats suggère que certaines structures de l’hémisphère gauche soient plus impliquées dans les émotions négatives que leurs homologues droites et que, dans une moindre mesure, certaines structures de l’hémisphère droit soient plus impliquées dans les émotions positives que leurs homologues gauches (voir Canli, 1999). Par exemple, sur la base d’une étude en IRMf, Iidaka et al. (2000) ont suggéré que le traitement de visages positifs impliquait l’hémisphère droit alors que le traitement de visages négatifs impliquait l’hémisphère gauche. Certaines études ont obtenu une activation insulaire gauche, mais pas droite, associée à la génération d’émotions négatives (George, Ketter, Parekh, Herscovitch, & Post, 1996), et au traitement de stimuli émotionnels négatifs (Irwin et al., 1996; Morris, Öhman, & Dolan, 1998; Morris, Öhman, & Dolan, 1999; Heining et al., 2000). De plus, Ketter et al. (1996) ont observé que chez des participants sains à qui de la procaïne avait été injectée, l’activation de l’amygdale gauche (mais pas droite) était corrélée positivement avec l’expérience émotionnelle de peur et négativement avec celle d’euphorie. Une activation amygdalienne gauche (mais pas droite) a également été associée au traitement de stimuli émotionnels négatifs (Breiter et al., 1996; Blair, Morris, Frith, Perret, & Dolan., 1999; Morris et al., 1996; Morris et al., 1998b; Gorno-Tempini et al., 2001; Hamann & Mao, 2002; Lane et al., 1997b; Simpson et al., 2000; Taylor et al., 1998, Vuilleumier et al., 2002), au conditionnement de peur implicite (Morris, Buchel, & Dolan, 2001), au liage intermodal de la peur (Dolan et al., 2001), et à la peur instruite (instructed fear ; Phelps et al., 2001). Par exemple, Canli, Zhao, Brewer, Gabrieli, et Cahill (2000) ont montré que pour des photographies fortement négatives, plus un stimulus donné activait l’amygdale gauche (mais pas la droite) plus il était probable que ce stimulus soit rappelé lors d’un test de rappel. De plus, certaines structures autres que l’amygdale et l’insula ont été observées comme étant activées dans l’hémisphère gauche durant le traitement de mots négatifs (Maddock & Buonocore, 1997; Crosson et al., 1999), de stimuli olfactifs aversifs (Zald & Pardo, 1997), et de stimuli visuels (Kosslyn et al., 1996).

Des résultats issus de l’étude de patients cérébrolésés sont également en contradiction avec l’hypothèse de valence. Ainsi, il a été rapporté que les lésions de l’hémisphère gauche affectent plus la reconnaissance des vocalisations négatives que les lésions de l’hémisphère droit (Pell, 1998). De plus, en testant des patients ayant une lésion amygdalienne unilatérale, Anderson et Phelps (2001) ont suggéré que la perception accrue des stimuli aversifs dépende de l’amygdale gauche mais pas de l’amygdale droite.

Soulignons tout de même que la plupart des études d’imagerie cérébrale présentées n’ont pas démontré statistiquement qu’une structure d’un hémisphère était plus activée que son homologue de l’autre hémipshère mais ont basé leur conclusion sur le fait qu’une structure était significativement activée alors que son homologue ne l’était pas. De plus, les plans expérimentaux ne permettaient que rarement la recherche d’une interaction polarité X hémisphère (voir l’Expérience 2 pour discussion).

Il faut aussi noter que les résultats principaux qui soutiennent cette « hypothèse de valence revisitée », c’est-à-dire ceux qui suggèrent un avantage de structures de l’hémisphère gauche pour les émotions négatives, contredisent également l’hypothèse de l’hémisphère droit.