Expérience 1.1 : Traitement explicite de stimuli émotionnels

Cette expérience visait à tester l’hypothèse d’une asymétrie hémisphérique dans l’évaluation explicite, dans le but de valider l’hypothèse de polarité. La revue de la littérature consacrée aux études ayant utilisé la méthode de présentation en champ visuel divisé chez le sujet sain reflète l’hétérogénéité décrite dans la section consacrée à l’asymétrie hémisphérique (voir chapitre 4).

Ainsi, certains résultats sont en accord avec l’hypothèse de l’hémisphère droit. Notamment, dans un paradigme de présentation en champ visuel divisé de photographies émotionnelles (que le participant devait ignorer) suivies de figures géométriques neutres (cibles), Hartikainen, Ogawa, et Knight (2000) ont montré que les photographies émotionnelles interféraient avec les performances de l’hémisphère droit quelle que soit la polarité de la photographie.

D’autres résultats sont en accord avec l’hypothèse de valence. Par exemple, Jansari, Tranel, et Adolphs (2000) ont montré que la discrimination d’expressions négatives était meilleure lorsque les visages étaient présentés à gauche de visages neutres alors que la discimination d’expressions positives était meilleure lorsque les visages étaient présentés à droite de visages neutres.

Prodan, Orbelo, Testa, et Ross (2001) ont testé l’hypothèse des émotions primaires vs sociales en utilisant un paradigme de présentation en champ visuel divisé. Ces auteurs ont présupposé que l’expression d’une émotion sociale consiste dans la modulation de l’expression d’une émotion primaire et que la partie supérieure du visage est plus liée à l’émotion primaire que ne l’est sa partie inférieure. Utilisant comme stimuli des dessins de visages dont les parties supérieure et inférieure exprimaient des émotions différentes, ces auteurs ont révélé que, dans une condition où aucune instruction n’était donnée aux participants concernant la partie du visage à évaluer, les participants évaluaient plus la partie inférieure, quel que soit le champ visuel de présentation. Lorsque l’instruction était d’évaluer la partie supérieure, les visages présentés à l’hémisphère droit étaient correctement évalués ; en revanche, les participants continuaient, mais à un moindre niveau, à identifier les émotions de la partie inférieure des visages lorsque ceux-ci étaient présentés à l’hémisphère gauche.

D’autres résultats soutiennent « l’hypothèse de valence revisitée ». Ainsi, Bryson, McLaren, Wadden, et MacLean (1991) ont observé un avantage de l’hémisphère droit pour le traitement de stimuli positifs (des visages exprimant la joie) et un avantage de l’hémisphère gauche pour le traitement de stimuli négatifs (des visages exprimant la tristesse).

Notre prédiction était d’obtenir une interaction des facteurs polarité et hémisphère, ce qui constituerait un argument en faveur de l’hypothèse de polarité.