Conclusion

Quelle que soit l’interprétation de spécialisation hémisphérique pour l’évaluation des stimuli négatifs, l’interaction cruciale des facteur polarité et hémisphère est un argument en faveur de l’existence de sous-systèmes différentiellement impliqués dans l’évaluation des stimuli négatifs ou positifs.

La première interprétation se basait sur le fait que les stimuli négatifs étaient évalués plus rapidement lorsqu’ils étaient présentés à l’hémisphère gauche que lorsqu’ils étaient présentés à l’hémisphère droit pour suggérer un avantage hémisphérique gauche dans l’évaluation des stimuli négatifs. Une telle interprétation est cohérente avec « l’hypothèse de valence revisitée ».

L’interprétation alternaltive se basait sur le fait que le biais de négativité était supérieur pour les stimuli présentés à l’hémisphère droit que pour ceux présentés à l’hémisphère gauche pour suggérer un avantage hémisphérique droit dans l’évaluation des stimuli négatifs. Une telle interprétation est cohérente avec l’hypothèse de l’hémisphère droit, l’hypothèse de valence et l’hypothèse d’activation antérieure asymétrique. L’interaction des facteurs polarité et hémisphère allait dans le sens d’une supériorité relative (mais non significative) de l’hémisphère droit pour le traitement des photographies positives. Cette observation est cohérente avec les résultats de Duda et Brown (1984) ainsi que ceux de Bryson et al. (1991) qui ont observé un avantage de l’hémisphère droit pour le traitement de visages exprimant la joie. En outre, dans une expérience utilisant le paradigme d’écoute dichotique, Hatta et Ayetani (1985) ont observé un avantage hémisphérique droit pour les sons de tonalité positive. Ce résulat est plutôt compatible avec l’hypothèse de l’hémisphère droit.

Notons que le nombre de bonnes réponses pourrait constituer une variable dépendante permettant de départager les deux interprétations car l’hémisphère spécialisé est celui pour lequel le moins d’erreurs sont commises lorsque les informations lui sont présentées. Cependant, dans cette expérience, l’effet du facteur hémisphère sur le nombre de bonnes réponses n’était pas significatif, F < 1. Une autre variable dépendante qui permettrait de départager ces interprétations est la réponse hémodynamique si l’on considère qu’une région cérébrale spécialisée pour le traitement de la classe des stimuli d’une polarité donnée doit être plus activée lorsqu’elle traite des exemplaires de cette classe que lorsqu’elle traite des exemplaires de la classe des stimuli de l’autre polarité. Nous avons utilisé cette variable dépendante dans le cadre d’une étude en IRMf (Expérience 2).

Concluons cette discussion en remarquant que le nombre de bonnes réponses était élevé : la réponse donnée par les participants correspondait à celle attendue dans 88% des essais. Nous interprétons ce résultat comme un indice de validation des stimuli obtenus suite au prétest. En effet, un taux élevé de conformité entre les réponses obtenues et celles attendues signifie que les stimuli sont aisément catégorisés comme agréables ou désagréables et qu’ils ne sont, par conséquent, pas ambigus.

L’expérience qui suit a été conduite pour déterminer si l’évaluation des stimuli émotionnels peut s’opérer de façon implicite. Notre hypothèse est que, y compris lorsque le traitement de la dimension émotionnelle n’est pas intentionnel, l’interaction des facteurs polarité émotionnelle et champ visuel reste effective. Nous faisons aussi l’hypothèse que l’avantage de l’hémisphère gauche sur les temps de réponse aux stimuli négatifs sera répliqué.