Résultats

Analyse des temps de réponse

Une analyse de variance (ANOVA) a été réalisée sur les temps de réponse moyens par sujet avec la polarité (négative ou positive) et la composante sociale (présente ou absente) comme facteurs intra-sujet et le type de participants (patients schizophrènes ou participants contrôles) comme facteur inter-sujets. Avant de calculer la moyenne, les essais pour lesquels chaque participant avait commis une erreur étaient exclus (en moyenne 20,8% d’erreurs chez les patients et 10% d’erreurs chez les participants contrôles). De plus, un élagage a été conduit sur les données de façon à remplacer les temps de réponse aberrants. Ainsi, pour chaque participant et pour chaque cellule, un temps de réponse inférieur à 150 ms ou supérieur à 2,5 fois la moyenne était remplacé par la moyenne (3,8% des temps de réponse ont été remplacés chez les patients et 0,7% chez les participants contrôles).

L’analyse de variance a révélé que le facteur polarité était significatif. Les participants (contrôles et patients confondus) répondaient plus lentement aux stimuli négatifs (1348 ms) qu’aux stimuli positifs (1235 ms), F(1, 19) = 4.9, p < .04.

Comme cela est présenté dans la figure 6.6, cette analyse a également révélé que les participants sains présentaient un biais de négativité puisqu’ils répondaient plus lentement aux stimuli négatifs (981 ms) qu’aux stimuli positifs (852 ms), F(1, 11) = 19.6, p < .001 (voir aussi l’Expérience 4). L’effet du facteur polarité n’était pas significatif chez les patients, F < 1. Notons cependant que l’interaction des facteurs polarité et participants n’était pas significative (F < 1). D’autre part, l’effet du facteur participant était significatif ; les patients répondaient plus lentement (1791 ms) que les contrôles (917 ms), F(1, 19) = 9.8, p < .006.

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Fig. 6.6 Temps de réponse moyens aux stimuli négatifs et positifs pour les contrôles et les patients à la tâge de jugement hédonique.

L’effet du facteur composante sociale était également significatif. Les participants (contrôles et patients confondus) répondaient plus lentement aux stimuli sociaux (1387 ms) qu’aux stimuli non sociaux (1196 ms), F(1, 19) = 11, p < .004. Précisément, les participants contrôles évaluaient plus lentement les stimuli sociaux (955 ms) que les stimuli non sociaux (880 ms), F(1, 11) = 18.6, p < .002. De même, les patients évaluaient plus lentement les stimuli sociaux (1965 ms) que les stimuli non sociaux (1618 ms), F(1, 8) = 5.6, p < .05.

Comme cela est illustré à la figure 6.7, une différence dans les patterns de réponses des contrôles et des schizophrènes selon la polarité et la composante sociale des stimuli a été mise en évidence par l’interaction triple polarite X composante sociale X participants, F(1, 19) = 4.8, p < .05.

L’analyse pour l’ensemble des participants (contrôles et patients confondus) a révélé une interaction des facteurs polarité et composante émotionnelle, F(1, 19) = 16.8, p < .0007. Ainsi, comme l’illustre la figure 6.7, l’effet de la composante sociale était significativement différent selon la polarité des stimuli. Précisément, pour le groupe contrôle, l’interaction des facteurs composante sociale et polarité a révélé que le ralentissement des participants pour les stimuli négatifs par rapport aux positifs était significativement plus important lorsque les stimuli étaient sociaux que lorsqu’ils ne l’étaient pas, F(1, 11) = 49.9, p < .0002. Ces participants répondaient plus lentement aux stimuli négatifs non sociaux (901 ms) qu’aux stimuli positifs non sociaux (858 ms), F(1, 11) = 6.3, p < .03. Le ralentissement en fonction de la polarité était plus marqué pour les stimuli sociaux ; les participants répondaient plus lentement aux stimuli négatifs sociaux (1062 ms) qu’aux stimuli positifs sociaux (847 ms), F(1, 11) = 156.7, p < .0001.

En revanche, pour le groupe de patients, l’interaction des facteurs composante sociale et polarité a révélé que le biais de négativité ne se produisait que pour les stimuli sociaux, F(1, 8) = 7.5, p < .03. En effet, alors que les patients répondaient plus lentement aux stimuli négatifs sociaux (2152 ms) qu’aux stimuli positifs sociaux (1778 ms), F(1, 8) = 6.6, p < .04, les patients ne répondaient pas de façon significativement différente aux stimuli non sociaux négatifs (1523 ms) et positifs (1714 ms), F(1, 8) = 1.7, p > .2.

Il est intéressant de noter que, quelle que soit la population, l’effet du facteur composante sociale n’était significatif que pour les stimuli négatifs. Alors que les participants sains répondaient plus lentement aux stimuli négatifs sociaux que non sociaux, F(1, 11) = 88, p < .0001, ceci n’était pas le cas pour les stimuli positifs, F < 1. De même, alors que les patients répondaient plus lentement aux stimuli négatifs sociaux que non sociaux, F(1, 8) = 18.6, p < .003, ceci n’était pas le cas pour les stimuli positifs, F < 1.

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Fig. 6.7 Temps de réponse moyens des patients schizophrènes et de leurs contrôles en fonction de la composante sociale et de la polarité des stimuli dans la condition d’évaluation explicite.