1. Réorganisation en cas de surdité totale unilatérale

Chez le sujet normo-entendant, la stimulation monaurale active majoritairement les centres auditifs controlatéraux à la stimulation. La différence d’activation entre les cortex ipsi- et contro-latéraux à la stimulation disparaît chez le cobaye après destruction complète et unilatérale de ses cellules ciliées en moins de 3 semaines (Popelar et coll., 1994). Ces données ont récemment pu être transposées à l’humain, notamment grâce à l’apport de l’IRM fonctionnelle: en cas de surdité unilatérale, la stimulation de l’oreille saine provoque une activation équilibrée des deux cortex auditifs identique à celle résultant d’une stimulation binaurale (Scheffler et coll., 1998).

Ce dernier résultat a été corroborré par une étude de cas décrivant l’évolution de l’activation corticale chez un patient initialement normo-entendant, suivi en IRM fonctionnelle avant et après chirurgie de résection d’un neurinome de l’acoustique (Bilecen et coll., 2000). En stimulant l’oreille non opérée, les auteurs ont pu constater 1 semaine après la chirurgie un net renforcement de l’activation controlatérale de A1. Cette prédominance controlatérale revient à son niveau antérieur 5 semaines après la chirurgie. Elle disparaît pour laisser la place à une activation symétrique des 2 hémisphères au bout d’un an. Cette ré-équilibration, qui s’opère grâce à une augmentation de l’activation ipsi-latérale (et non à une réduction de l’activation controlatérale), traduit donc un processus actif visant à compenser la perte des afférences du côté opéré.